Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Commentaires GHI - Page 81

  • La gauche ne fait plus de politique, mais de la morale

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.02.22

     

    Je ne suis pas un homme de gauche, vous l’avez compris. Pourtant, j’ai toujours respecté la gauche, lorsqu’elle se battait pour l’amélioration des conditions de vie. Combat social, pour la dignité dans le monde du travail, la décence des salaires, le respect des ouvriers, l’accès de tous à l’instruction, aux services de santé, aux sports, aux loisirs. J’ai toujours respecté les socialistes, quand ils s’inscrivaient dans cette démarche-là, et tout autant les communistes : ceux de chez nous, les gens du Parti du Travail, ou les militants du PC français, ou ceux d’Italie. Je n’étais pas d’accord avec ces gens, mais c’était juste une question de curseur : je voulais moins d’Etat qu’eux, moins d’impôts.

     

    Divergences, donc. Mais au fond, nous parlions le même langage. Zola, ça me parle, Jaurès encore plus. La Révolution industrielle, le travail des enfants dans les mines, les combats pour la dignité, les premières conventions collectives (sous Bismarck, déjà !), puis le vingtième, le siècle des assurances sociales : en France, la Sécu, en 45 ; en Suisse, la fantastique aventure de l’AVS (47-48) ; en Grande-Bretagne, les lois travaillistes de l’après-guerre ; en Allemagne, l’immense figure de Willy Brandt, l’homme qui s’est agenouillé, en décembre 1970, devant le Monument du Ghetto de Varsovie. Oui, toute ma vie, j’ai eu, à côté d’autres, des figures de gauche dans mon Panthéon politique. Et le de Gaulle que d’admire est celui des grandes lois sociales de la Libération, de la décolonisation, de l’indépendance algérienne.

     

    Mais tout ça, aujourd’hui, c’est fini. Pourquoi ? Parce que la gauche (à l’exception des communistes, mais combien sont-ils ?) a totalement abandonné le monde ouvrier. Au lieu de faire de la politique, elle fait de la morale. Elle se gargarise de la novlangue des climatistes, ou des ultra-féministes. Elle nous inonde de théorie du genre. Elle se prosterne devant la première mode « sociétale », surgie de tel campus américain, ou des élucubrations de tel « chercheur en sciences sociales à l’Université de Lausanne », catégorie devenue reine sur nos ondes publiques, pour commenter le tout et le rien, le plein et le vide, l’ombre et la lumière.

     

    La gauche d’aujourd’hui guette le moindre de vos propos, toute de jouissance à l’idée de vous prendre en défaut de « dérapage ». A l’idée de vous instruire un procès, sur des questions de genre, de couleur de la peau, d’interprétation de l’Histoire, elle confine à l’extase. Notre gauche morale, sa grande aventure, la plus sensuelle, la plus accomplie, c’est d’organiser des procès en sorcellerie, où elle n’en peut plus de tenir le rôle du Procureur. Ah, déjà le bûcher, déjà la potence, déjà les premières flammes. Les chômeurs ? Les plus précaires d’entre nous ? Les oubliés ? Les travailleurs pauvres ? Elle s’en occupera plus tard ! D’abord, se ruer sur les modes, prendre la posture.

     

    Cette gauche-là, je n’ai rien à lui dire. Juste faire la guerre. Elle est culturelle. Elle sera sans merci.

     

    Pascal Décaillet

  • Le Troisième Vert

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.01.22

     

    Qu’il faille bouter hors de Genève les fous du volant, nous en sommes bien d’accord. Oui, il faut limiter la vitesse en zone urbaine, et pas seulement à proximité des écoles. Oui, il faut prôner une conduite automobile lente et prudente en ville. Oui encore, il faut des zones à 30 km/h. Si on veut faire des concours de vitesse, on s’inscrit dans un club de course automobile, ou de rallyes, et on pulvérise le mur du son dans les espaces où on en a le droit.

    Pour autant, la méthode de Serge Dal Busco n’est pas la bonne. Il déboule un beau jour, nous annonce un 30 km/h quasiment généralisé, réveille la guerre de religion, fait hurler une bonne partie de la population genevoise. Le mécontentement des gens ne vient pas de la limite à 30 : toute personne dotée d’un minimum d’intelligence peut comprendre qu’elle s’impose dans un univers mixte, où l’automobiliste côtoie le cycliste (qui ne dispose pas toujours de sa piste), voire le piéton. Dans ces cas-là, la prudence s’impose. Ainsi qu’une conduite attentive, courtoise, respectueuse. Les démarrages en trombes, après un feu, les pointes de vitesse sont à prohiber, c’est certain.

    Non, la colère vient de la méthode. Une fois de plus, le ministre impose une idée qui n’est pas de son camp. Une fois de plus, il donne l’impression de chercher à plaire à l’actuelle majorité exécutive de gauche. Une fois de plus, on se dit qu’il y a un Troisième Vert au Conseil d’Etat. C’est cela, le vrai problème. Il n’est pas routier. Il est de l’ordre de la confiance. Et de la cohérence. En un mot, il est politique.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • La démocratie suisse, c'est nous !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.01.22

     

    Notre démocratie nous appartient, à nous tous. Elle est l’affaire de chacun d’entre nous. Nulle citoyenne, nul citoyen, en Suisse, ne doit se dire « La politique, il y a des gens pour ça, des élus, qu’ils fassent le boulot, moi ça ne m’intéresse pas ! ». Ce raisonnement, c’est le début de la fin. Cette abdication des prérogatives citoyennes au profit d’une « classe politique », c’est le renoncement à ce qui constitue l’âme, la sève, la grandeur de notre pays : sa démocratie directe. Il ne s’agit pas seulement d’aller voter, quatre fois par an, cela c’est le strict minimum ! Non, il s’agit, beaucoup plus profondément, de se concevoir, chacun de nous, en amont, comme la source d’une action politique possible. Non en s’inscrivant dans un parti, nul besoin ! Mais, par exemple, en s’impliquant dans un comité d’initiative, de référendum, en lançant des idées, en donnant son avis. A l’époque des réseaux sociaux, plus la moindre excuse : chacun de nous peut ouvrir un compte, s’exprimer. Profitez-en tous, par pitié !

     

    Je ne l’ai jamais caché, je n’aime guère la démocratie représentative. Je lui préfère, et de loin, l’expression du suffrage universel, suite à des mois de campagne, dont le théâtre d’opérations ne se limite pas à un cénacle d’élus, mais s’étend à l’ensemble du corps électoral. Je vais plus loin, encore : le peuple ne doit pas seulement se prononcer par réaction à des décisions parlementaires (référendums), mais il doit lui-même forcer le destin : cela s’appelle l’initiative populaire. Là, l’idée vient d’en-bas. Là, une poignée de citoyens tente d’écrire l’Histoire. Elle doit d’abord recueillir les signatures, c’est très difficile. Et puis, mener le combat. Faire campagne, d’un bout à l’autre du pays. Et si possible, un beau dimanche, réunir autour de son idée de départ la majorité du peuple et celle des Cantons. Parcours d’obstacle. Chemin d’initiation. A la fin, victoire ou défaite, mais au moins le peuple aura débattu.

     

    Je ne prône pas l’abolition des Parlements. Dès la Révolution française, les deux types de démocratie existent, les deux modèles se combattent âprement entre les factions : d’un côté le pouvoir du peuple par délégation, de l’autre, plus radicalement, le pouvoir du peuple par le peuple. Pour ma part, oui, j’ai toujours rêvé d’une démocratie totale, où le suffrage universel donne les grandes lignes. Aux Parlements, laissons la mission de faire les lois, quitte à les attaquer en référendum si elles nous déplaisent. Ces derniers jours, notre démocratie directe suisse a montré, malgré le froid hivernal et la crise sanitaire, de magnifiques signes de vitalité : succès des récoltes de signatures, au niveau cantonal, pour le référendum contre la réforme du CO. Au niveau fédéral, succès contre la Lex Netflix (loi sur le cinéma), et succès de la gauche contre Frontex. Sur tous ces objets, sous réserve de vérification des signatures, le peuple votera. C’est exactement cela, une démocratie.

     

    Pascal Décaillet