Il s’appelle Rob Degudy, ce qui est évidemment un pseudonyme. Par exemple - il m’a fallu entre quinze et seize secondes pour le trouver - une anagramme de Guy Debord (1931-1994), l’auteur, entre autres, de la « Société du spectacle ». Il ne s’appelle donc pas Rob Degudy, il porte un autre nom, avance masqué, et je me demande bien pourquoi.
Sommes-nous dans l’Amérique de McCarthy ? Dans la RDA de la Stasi ? La France de Vichy ? Sommes-nous sous la Régence, les lettres de cachet pleuvent-elles ? Avons-nous une quelconque raison, dans la Suisse ou la France de 2007, de craindre pour notre liberté d’expression ? Comme je l’ai fait dans un édito du Matin dimanche en date du 26 novembre 2006, intitulé « Alcide, les blogs, la Comtesse », je condamne l’anonymat dans les blogs.
Trop facile d’expectorer son fiel à longueur de journées – et il expectore, le bougre – sans décliner son identité. L’anonymat, le témoignage masqué, cela se peut, à la limite, concevoir lorsque l’auteur craint pour sa vie, ou sa liberté. Mais comme paravent de basses œuvres, pour couvrir les insultes qu’on ne cesse, soi-même, de proférer tous azimuts, là je dis non. Il n’y a aucune raison que le ci-devant Rob Degudy, le Guy Debord anagrammé, continue son petit jeu sur cette toile sans avoir élémentaire courage de nous dévoiler sa véritable identité.
Le nommé Degudy n’est pas un blogueur, c’est un métablogueur. Il n’amène jamais la moindre idée propre, mais passe son temps à parasiter celles des autres. Il ne vit que des blogs d’autrui. La méthode est très simple, toujours la même : il prend un texte qui vient de paraître, en met un extrait en exergue, démolit le tout, insulte l’auteur. Je ne lui en conteste pas le droit, on passe son temps comme on peut, et cracher son fiel est sans doute une occupation comme une autre.
Mais, quand on prétend manier l’épée de la polémique, on a l’élémentaire courage de dire qui on est vraiment. Le métablogueur anagrammé, qui doit être si fier de terroriser un espace de parole méritant beaucoup mieux que ces parasitages permanents, osera-t-il tomber le masque ? Osera-t-il signer ? Ou ce minimum d’élégance fait-il partie d’un monde qu’il ignore ?