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  • Ah, les braves gens!



    Édito Lausanne FM – Jeudi 13.12.07 – 07.50h



    Ah, il faut les lire, ce matin, il faut voir leur jouissance, leur extase de héros. Tyrannicides, tant qu’on y est. On se croirait dans Plutarque, Shakespeare : Brutus, Cassius, César, Antoine ; ils auraient eu raison du monstre, l’auraient terrassé au péril de leur vie, auraient sauvé le pays. Ah, les braves gens !

    La réalité est un peu différente. Un parti, charnière dans notre échiquier politique, un parti oubliant ses alliances, son appartenance à la grande famille de la droite, le PDC, a passé contrat avec les socialistes et les Verts pour avoir la peau de Christoph Blocher. Ces trois-là, moins quelques voix démocrates-chrétiennes de Suisse centrale et orientale, plus quelques miettes de défection radicale, voire UDC, ont obtenu une majorité. C’est simple, sec comme une mathématique d’ombre, pointu comme l’extrémité d’une lame.

    Je ne reviendrai pas, ce matin, sur certains gestes troubles de cette élection, comme l’indécence de ces mains levées vers le ciel, en signe de victoire, en pleine enceinte du Parlement, de Luc Recordon. Sauf mon respect – réel – pour cet homme politique, juste lui rappeler que le sanctuaire des élus du peuple n’est pas exactement une tribune de football. Et qu’un minimum de retenue, dans la victoire, n’est parfois pas de trop.

    Je ne reviendrai pas sur les propos délirants de certains Verts, persuadés d’avoir terrassé le dragon, débarrassé la Suisse du monstre. L’Histoire, en rediffusant dans quelques années ces propos d’archives, jugera d’elle-même.

    Non, ce matin, je veux dire autre chose. Si ces gens-là s’imaginent avoir tout réglé en remplaçant la ligne Blocher par deux gentils agrariens des ailes grisonne et bernoise, alors ils risquent de déchanter dans les mois et les années qui viennent. Quand un homme politique est doué (cela, même ses pires adversaires le reconnaissent), il l’est jusqu’à la mort. Blocher n’a que 67 ans, il est en pleine santé, sa puissance de travail et d’inventivité sont phénoménales. Chef de l’opposition, demain, il entraînera dans son sillage toutes les Suissesses, tous les Suisses à qui le pronunciamiento parlementaire d’hier a donné un peu la nausée. Cela pourrait faire pas mal de monde.

  • Une erreur historique

    Ourdi depuis la fin de l’été, le complot des socialistes et des Verts pour évincer Christoph Blocher a fini par recevoir l’appui du PDC, et par réussir devant l’Assemblée fédérale. N’en déplaise à l’immense majorité des commentateurs et à la jouissance des putschistes de ce matin, cette victoire de la combinazione contre la volonté du peuple, clairement exprimée le 21 octobre dernier, se retournera un jour contre les vainqueurs d’aujourd’hui.

     

    L’UDC plébiscitée par le souverain, c’est celle de Blocher, pas celle de Schmid ni de Madame Widmer-Schlumpf.  S’imaginer que tout va rentrer dans l’ordre en neutralisant l’UDC avec deux gentils agrariens, c’est n’avoir rien compris à la lame de fond populaire qui, d’année en année, ne cesse de monter en Suisse.

     

    Christoph Blocher est encore jeune. Il a en lui une puissance de travail phénoménale. Chef de l’opposition, demain, il amènera la Suisse dans l’ère de la confrontation, par la voie référendaire et parfois aussi celle de la rue. Il entraînera dans son sillage les Suissesses et les Suisses, innombrables, à qui le petit jeu parlementaire de ce matin aura donné la nausée.

     

    Mardi 12 décembre 2007  - 12.35h