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Liberté - Page 555

  • Ville de Genève : la chienlit !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 11.12.19

     

    A part offrir en spectacle, à longueur d’années, des affaires qui n’en finissent plus, et provoquent en chaîne, comme des chocs d’électrons, d’autres affaires, à part fournir aux librettistes et cabarettistes des Revues une matière infinie, à part faire saillir et glousser, à quoi sert exactement la Ville de Genève ?

     

    Bien sûr, me direz-vous, il faut bien que la première ville de Suisse romande, même contenue dans un canton fort étriqué, ait son échelon bien à elle, représentatif de la fierté de la Commune, porteur de tant de siècles d’Histoire, où les murs étaient fermés, et où la Cité, dans ses rues ancestrales et patriciennes, ou dans ses faubourgs populaires, cultivait son identité, sa différence. Je ne plaide pas nécessairement ici pour l’abolition de ce statut municipal, ni pour un modèle bâlois, où Ville et Etat ne feraient plus qu’un. Mais enfin, si la Ville de Genève, comme entité politique, pose tant de problèmes, ça n’est pas qu’un intrus, surgi de Sirius, nous les aurait inventés. Mais bel et bien que les premiers concernés, nos cinq magistrats municipaux exécutifs, ont été les premiers, par leur comportement, à en être la cause.

     

    Je n’entrerai pas ici dans le petit jeu de décréter lequel des cinq aura été le plus calamiteux. Prises individuellement, ces cinq personnes sont respectables, plutôt compétentes, désireuses de bien faire. Mais enfin, à moins d’être sourd et aveugle, un constat s’impose : la chienlit est là. Non qu’une opportune décision, en fonction de l’heureuse conjonction astrale du jour, ne soit pas, ici ou là, prise parfois. Mais l’ensemble péclote et crapote. Les affaires de notes de frais des magistrats, puis le rapport retenu sur les frais des employés, puis la douloureux audit du Grand Théâtre, tout cela parachève l’impression, pour filer (puisque nous y sommes) la métaphore lyrique, d’un Vaisseau fantôme.

     

    Dans cette lunaire dérive vers le naufrage, d’aucuns et d’aucunes, naguère si diserts, de taisent. Et le poids de leur silence, couvert par l’ultime musique sur le pont, rappelle celui des capitaines en déroute, face au destin qui frappe. Tout cela est certes romanesque, Wagner en eût fait un opéra, Offenbach un Conte de Noël, avec ballets, mais comme exemple de gouvernance, pour une ville réputée briller sur la scène mondiale, on a connu mieux.

     

    Dans cette ambiance de fin de règne, les impétrants, pour la succession du printemps 2020, se pressent au portillon. Les candidatures fleurissent. Les promesses de renouveau défrisent et décoiffent, comme bise d’hiver. Question centrale : le changement des personnes (quatre ou cinq nouveaux constitueront la prochaine équipe) suffira-t-il à lever la poussière d’une antique équation : cet échelon municipal, face au Canton, à quoi sert-il ? Quelle est sa valeur ajoutée ? Comment éliminer enfin les doublons ? Et surtout, après tant de péripéties, comment restaurer la confiance ? Vaste programme ! Mais juste l’essentiel, tout simplement.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Vous échouez ? On vous porte en triomphe !

     

    Sur le vif - Mercredi 11.12.19 - 09.55h

     

    La préoccupation no 1 des Suisses, ce sont les primes maladie, les coûts du système de santé. La LAMal est un échec total. Les Suisses n'en peuvent plus. Ils étouffent.

    Et là, que fait le Parlement ? Il réélit triomphalement le ministre de la Santé !

    Ce paradoxe prouve quatre choses :

    1) L'élection du Conseil fédéral par le Parlement n'obéit à aucune espèce de logique de sanction des sortants. Elle ne repose en rien sur une appréciation politique des résultats. Elle est un horlogerie cynique, froidement déterminée par le système des partis.

    2) Ce magnifique nouveau Parlement 2019-2023, dont on nous vante tant la jeunesse, la féminisation, se révèle, dès sa première session, aussi sourd aux vraies souffrances du peuple que tous ceux qui l'ont précédé.

    3) Notre bon vieux système de démocratie représentative, hérité du temps des lampes à huile et des diligences, ne consiste plus qu'à conduire à Berne des équipages coupés des préoccupations des gens.

    4) La Suisse a besoin, pour les générations qui viennent, d'un nouveau système, avec une démocratie directe renforcée. Un système centré sur le citoyen et la citoyenne, et non sur les élus. Les seconds ne doivent être que les serviteurs des premiers.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Rameau, une oeuvre pour la vie et pour la mort

     

    Sur le vif - Mardi 10.12.19

     

    C'est à l'automne 1968 que j'ai entendu parler pour la première fois de Jean-Philippe Rameau. En cette dernière année de l'école primaire (68-69), nous avions une ou deux heures d'initiation à la musique par semaine, avec un professeur d'exception : le jeune Philippe Corboz, qui fera plus tard la carrière qu'on sait. Je chantais aussi dans sa Maîtrise.

    De Rameau, il avait dû nous jouer au piano "Les Sauvages", le thème le plus connu des Indes Galantes. Mais nous avions droit, tout autant, à la musique de Couperin, ou au Carnaval des Animaux, de Saint-Saëns.

    Rétrospectivement, je me rends compte de la chance immense que nous avions d'avoir un tel maître, pour nous initier. Il y a un demi-siècle, si vous ne veniez pas d'une famille de musiciens, ou tout au moins de mélomanes, quel accès aviez-vous aux grandes oeuvres ? Il fallait avoir, à la maison, un tourne-disques, et surtout... quelques disques !

    Plus de cinquante ans après cette première rencontre, le génial Jean-Philippe Rameau (1683-1764) occupe dans mon âme l'une des toutes premières places. N'est-il pas, avec Berlioz et Debussy, l'un des plus grands musiciens français ? Il a enchanté le siècle de Louis XV, il a fait rayonner la musique française au temps de Bach et de Haendel. Il a porté les voix des humains, celles de femmes comme celles des hommes, à leur firmament. Il a composé des mélodies inoubliables. Il a raconté des histoires, fait vivre les musiciens et les corps de ballet, bouleversé les cœurs de ses contemporains.

    Je me réjouis infiniment, en direct ce soir 19h, d'en parler aux Yeux dans les Yeux, avec le Maestro Leonardo Garcia Alarcon, qui dirigera les Indes Galantes (1735), au Grand Théâtre, du 13 au 29 décembre.

    Pour le temps qu'il me reste à vivre, je veux tout savoir de Jean-Philippe Rameau. Tout savoir de cet homme, de son oeuvre, de la musique sous Louis XV, de cette France de fin d'Ancien Régime, portant déjà comme la nostalgie anticipée de sa disparition. La musique n'est-elle pas, comme tous les opéras de Rameau, une affaire de jour et de nuit, d'aube et de crépuscule, d'intimité de soi et d'acceptation de l'autre (comme dans les Indes Galantes), et finalement, de vie et de mort ?

     

    Pascal Décaillet