Sur le vif - Dimanche 09.08.20 - 18.33h
L'avenir politique du Liban appartient aux Libanais. Et à eux-seuls.
Pascal Décaillet
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Sur le vif - Dimanche 09.08.20 - 18.33h
L'avenir politique du Liban appartient aux Libanais. Et à eux-seuls.
Pascal Décaillet
Sur le vif - Mardi 04.08.20 - 15.18h
La puissance du réseau social, incomparable, réside dans l'immense liberté accordée aux usagers. Chacun est libre d'ouvrir un compte, dire (comme dans Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité, mais là il s'agit d'un enclos délimité) : "Ceci est à moi !".
Il est libre. Il est chez lui. Il est responsable. A lui, le vertige de la page blanche. Se taire, ou parler. S'engager, ou se contenter de ricaner. S'impliquer, ou feindre la neutralité. Attaquer, ou demeurer dans sa tranchée. Sortir ses tripes, ou glisser sur la surface. Surprendre, ou se fondre dans la masse. Oser la guerre, donc se faire des ennemis, ou jouer au gentil Papy, copain de tous.
Le réseau social, en soi, n'existe pas. Il ne fonctionne, pour chacun de nous, que comme miroir de ce que nous voulons bien projeter. Le héros, ça n'est pas la machine. C'est nous. La question fondamentale n'est justement pas celle du social (car ce réseau, toutes illusions bues, ne nous relie pas, il creuse les fortins individuels), mais celle de l'intensité de chacune de nos solitudes.
Avec le réseau, non seulement nous vivons nos solitudes, mais nous les proclamons. Je dis "Je suis seul !", je n'en suis pas pas moins seul, mais je le dis. L'urgence première n'est pas celle du social, mais du langage. Unterwegs zur Sprache !
Le réseau n'est pas une thérapie de la solitude. D'abord, parce que cette dernière, vécue par un être de caractère, est tout, sauf une maladie. Elle n'a donc pas à être guérie.
Non, le réseau est une sublimation de la solitude. Chacun de nous, doté d'un minimum de sens, sait bien qu'il n'y a là ni "amis", ni solidarité, juste du vent. Ça n'est donc pas, malgré le nom, dans le "social" qu'il faut chercher une issue, c'est dans l'accomplissement de chacune de nos solitudes.
Ensuite ? Ensuite, chacun est libre. Montrer son chat, son plat de spaghettis, écrire, chanter, hurler, gémir, geindre, soupirer. Venir au monde. Ou tenter de s'en extraire.
Pascal Décaillet
Sur le vif - Lundi 03.08.20 - 23.56h
L'église de Saint-Luc (VS), ce lundi 3 août, 20h : trompant le furtif retour de l'hiver, avec ces boules de brouillard qui remontent les pentes en s'accrochant aux pointes des sapins (souvenir d'enfance : on courait s'inventer des histoires dans le galetas), le Stabat Mater de Joseph Haydn (1767).
Un Ensemble instrumental, le Chœur "Le jardin des voix", placés sous la direction de Grégoire May. Huit solistes remarquables. Un moment d'intense magie. Et la réussite recommencée du plus intime et du plus efficace des Festivals : celui du Toûno. Il y règne, depuis des années, une ambiance de famille, de fidélité, de confiance : pas de clinquant, pas de Veau d'or, pas de démesure, juste le souci de ce qui sonne juste, dans la musique et dans les textes.
Le 18 juillet, dans ma Série Allemagne, no 27/144, je vous parlais du Sturm und Drang littéraire, ce moment sismique qui prend congé de l'Aufklärung, s'en va chercher les racines enfouies des mots allemands, des récits germaniques, préfigure le Romantisme.
Avec le Stabat Mater de Haydn, voici l'une des œuvres premières du Sturm und Drang musical, sur lequel je reviendrai dans une chronique ultérieure. Avec son homonyme littéraire, d'éminentes similitudes (prédominance du mode mineur, description des sentiments, jeux d'ombres et de lumières, moments d'angoisse).
Mais aussi, de sérieuses distances : avec le Sturm und Drang musical, nous sommes du côté de Vienne, capitale de toute musique en ces années-là (Mozart a onze ans, Beethoven naîtra dans trois ans). Alors que le Sturm und Drang littéraire, celui de Herder et du Goethe du Jeune Werther, est un mouvement profondément allemand : il préfigure la prise de conscience de l'idée nationale allemande, qui sera exprimée par Fichte dans ses "Reden an die deutsche Nation", à l'Université de Berlin, en 1807, dans une Prusse occupée par les Français.
Le Stabat Mater de Haydn de ce lundi soir à Saint-Luc, c'était un choeur, remarquable d'homogénéité, et, tout à la fois, une mise en valeur de chaque tessiture de soliste. Une oeuvre intense, sans fioritures, avec une conclusion céleste, "Paradisi Gloria", où la force de l'Esprit ramène la lumière. A la fin, tonnerre d'applaudissements, on quitte l'église, on ôte son masque, on court dans la nuit froide et humide. Et on souhaite longue vie à ce Festival où tout est mesure, et en même temps tout est passion. Il vous reste jusqu'à samedi soir pour découvrir de nombreux autres moments littéraires et musicaux. Avec, notamment, un Don Giovanni. Tous les détails sur festivaldutouno.ch.
Quant à cette remarquable équipe de jeunes solistes, voici leurs noms : Laura Andres, Léonie Cachelin, Géraldine Cloux, Valérie Pellegrini, Gabriel Courvoisier, Oscar Esmerode, Cao-Thang Jeffrey Pham, Anthony Paccot.
Longue vie au Toûno !
Pascal Décaillet