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Liberté - Page 329

  • Merci, Darius !

     
    Sur le vif - Samedi 19.06.21 - 18.07h
     
     
    Depuis plusieurs années, j'invite régulièrement l'excellent Darius Azarpey à venir nous apporter ses lumières sur l'Iran. Il connaît le pays, il en est issu, ses contacts sont multiples, il s'y rend régulièrement. Il s'exprime avec clarté. Il dégage les lignes de fond, plutôt que de se perdre dans les détails. Il pourrait être journaliste : le sens de la synthèse.
     
    Je m'intéresse à la politique iranienne, comme à la politique allemande, américaine, russe, israélienne, égyptienne, tunisienne, algérienne, turque, et j'en oublie. Aucune nation de ce monde, à mes yeux, n'est de moindre intérêt par rapport à une autre. Que le pays soit riche ou pauvre, que le régime du moment soit démocratique ou autocrate (il l'est souvent, dans le monde arabo-persique !), rien de cela ne constitue à mes yeux un obstacle à m'intéresser à lui. En profondeur. Dans une perspective longue, historique, avec des causes et des effets, et non des leçons de morale. Cela rejoint ma passion pour les langues, les textes, la musique, la poésie.
     
    Revenons à Darius. Il se trouve que ce garçon aimable et doué, depuis des mois, vient, sur mon invitation, nous parler de M. Ebrahim Raïssi, le chef du pouvoir judiciaire iranien, ultra-conservateur. Il nous en a parlé maintes fois, nous a appris son existence, à nous, l'auditoire de Genève. Il nous annoncé son ascension. Et ça tombe plutôt bien : Ebrahim Raïssi, 60 ans, sera le nouveau Président iranien. Je ne dis pas que c'est un gentil. Je ne dis pas que c'est un méchant. Je regarde les faits, les trajectoires, les causes et les effets. Et je remercie Darius Azarpey de nous avoir, de façon factuelle et renseignée, aidé à mieux comprendre, ces derniers mois, la politique intérieure et les enjeux géostratégiques de son pays d'origine.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Et si l'Etat nous faisait couler des bains chauds ?

    Sur le vif - Samedi 19.06.21 - 10.24h
     
     
     
    Un "bon pour les médias", offert par l'Etat à chaque citoyen ! Avec l'argent de nos impôts. L'Etat nous prend notre pognon, mais il n'est pas une brute, alors il nous le redistribue, sous la forme d'un "bon/médias". Et, comme l'Etat est ouvert et magnanime, il vous laisse libre d'investir cet argent redistribué dans le média de votre choix.
     
    Il est bien brave, l'Etat, il ne nous abonne pas d'office à une Pravda. Il nous prend notre argent, nous le rend, et nous dit "Investissez-le dans un média, braves gens". Tout au plus, pour nous faciliter la tâche, aura-t-il pris soin de nous dresser la liste des "médias de qualité", dûment agréés, dans lesquels nous serons autorisés à placer notre pécule.
     
    Non, mais je rêve ! Pourquoi pas un bon/livres ? Un bon/cinéma ? Un bon/concerts ? Tant qu'il y est, l'Etat pourrait nous faire couler des bains chauds, bien parfumés, toutes les huit heures ? Entre le bon/coiffeur, le bon/manucure, le bon/massage, le bon/SPA, le bon/Camargue et le bon/bonbons.
     
    Il nous faudrait surtout, à nous les citoyennes et citoyens de ce pays, un bon pour le bon sens. Remettre l'Etat à sa place. Le centrer sur ses tâches régaliennes : la sécurité des personnes et des biens, celle du pays, la santé, la formation de base. Et laisser les médias très loin de tout de ce petit monde étatique.
     
    Moins l'Etat s'occupe de la presse, mieux nous nous porterons. Chacun dans son rôle. L'un, pour s'occuper du pays, au mieux de sa conscience. L'autre, pour informer, critiquer, commenter, débattre, en toute indépendance, vitrioler si ça le chante, à des millions d'années-lumière des pressions et des petites incursions du politique.
     
    C'est aussi simple que cela. La Fontaine avait tout dit. Dans un texte de lumière, où il est question d'un chien et d'un loup.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Tous les 17 juin, je pense à la DDR

     
    Sur le vif - Jeudi 17,06.21 - 22.46h
     
     
    Tous les 17 juin, je pense à la DDR. Et aux événements de Berlin, en 1953. Et surtout, au traitement littéraire absolument époustouflant que leur a donné, beaucoup plus tard (1966), Günter Grass, futur Prix Nobel de littérature (1999), l'un des grands auteurs de mes jeunes années.
     
    Le livre de Grass est une pièce de théâtre. Elle s'appelle "Les Plébéiens répètent l'insurrection". "Die Plebejer proben den Aufstand". L'action se déroule au Berliner Ensemble, dont le fondateur, Bertolt Brecht (personnage de la pièce de Grass), met en scène le "Coriolan", de Shakespeare.
     
    Nous sommes le 17 juin 1953. Berlin se révolte. Les comédiens, les gens de théâtre, mettent en cause l'autorité du metteur en scène. Coriolan, c'est Shakespeare. Mais dans la mémoire intime de tout Allemand, Coriolan c'est Beethoven. On ne remet pas en cause Shakespeare. On ne remet pas en cause Brecht. On ne remet pas en cause Beethoven. L'Allemagne est encore en ruines, elle commence à peine à se relever. Il lui reste la culture. On ne remet pas en cause la culture, ultime relique de l'âme allemande. Sauf là, dans la pièce de Günter Grass.
     
    "Les Plébéiens répètent l'insurrection", que je connais depuis une quarantaine d'années, n'est pas une pièce contre le communisme. Ni contre la Stasi. Ni contre l'essence même de la DDR, sa légitimité, tout aussi fondée que celle de l'Allemagne de l'Ouest.
     
    Non. C'est une pièce sur le pouvoir. Tous les pouvoirs, d'où qu'ils viennent. Celui, vulgaire, de l'oppression sociale et politique. Celui, infiniment plus subtil, du talent. Et même, celui du génie.
     
    Il faut lire cette pièce de Günter Grass. Profs d'allemand, lisez-là, à haute voix, avec vos élèves. Parlez-leur de Grass. Parlez-leur de Brecht. Parlez-leur de Shakespeare. Parlez-leur de Beethoven. Et foutez-leur la paix avec l'écriture inclusive.
     
     
    Pascal Décaillet