Liberté - Page 24
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Tous au Bio Carouge, ce soir, pour Cassavetes ! Pour Gena Rowlands ! Et surtout pour... Rui Nogueira !
Sur le vif - Lundi 23.09.24 - 15.51hLa nouvelle a produit sur moi l'effet d'un miracle : Rui Nogueira, le meilleur passeur de culture et de passion cinématographiques que Genève ait connu, reprend du service !Il sera ce soir, lundi 23 septembre 2024, à 20h, au mythique cinéma BIO de Carouge. Pour nous présenter un film d'exception : GLORIA, de John Cassavetes (1980), avec l’inoubliable Gena Rowlands, qui vient de nous quitter, et à laquelle je rendais hommage ici même, il y a quelques jours.Je ne pourrai pas être ce soir au Bio, mais je veux dire mon émotion. J'ai souvent parlé ici des années Nogueira, au CAC Voltaire. Pour moi, cela remonte à quarante ans, et plus. C'étaient les années de ma vingtaine, à la fois littéraires, musicales, passionnées, âpres, difficiles, tourmentées. Et, grâce à Nogueira, immensément cinématographiques ! A la rue Voltaire, où j'ai passé tant de soirées, il programmait des cycles. Sans lui, je n'aurais connu ni Cassavetes, ni le cinéma américain, ni le cinéma italien, ni Pasolini, ni Fassbinder, ni Douglas Sirk, ni Wajda. Oui, Nogueira nous a ouvert mille fenêtres, comme mille appels d'air. Jamais, par exemple, je n'oublierai son cycle consacré à l'homosexualité au cinéma. J'ai vu tous les films. J'en suis sorti changé.Alors oui, allez tous ce soir au BIO ! Allez écouter cet ancien collaborateur d'Henri Langlois, à la Cinémathèque française, vous présenter le GLORIA de Cassavetes. Il y a quarante ans, j'étais, rue Voltaire, à la présentation du même GLORIA, par le même Nogueira. Il nous avait parlé de ce premier traveling du film, sur la ville de New York. J'étais justement en train de lire Amerika, de Franz Kafka. Et j'ai pensé à l'arrivée du personnage principal de ce texte incroyable, dans la même New York. La littérature nous fait rêver. Le cinéma nous fait rêver. Nogueira nous a aidés à rêver. On pourra le retrouver, toute l'année, présentant des films au Bio de Carouge.Un miracle, je vous disais.En l'apprenant, je me suis remémoré cette phrase d'Elie Faure : "Si nous aimons tant le cinéma, c'est qu'il nous permet de recommencer la vie".Pascal Décaillet -
De grâce, mes amis, choisissons de grandes querelles !
Sur le vif - Dimanche 22.09.24 - 16.10hJe dispose du droit de vote depuis le jour de mes vingt ans, le 20 juin 1978. Mon premier vote fut pour dire OUI, du fond du coeur, en septembre 78, au nouveau Canton du Jura. En 46 ans d'exercice de mon droit, je crois bien n'avoir jamais manqué une votation. Une fois peut-être, pour raison de santé impérative sur laquelle je n'ai aucune envie de m'étendre. En plus, vous me connaissez : je suis un défenseur acharné du principe même de la démocratie directe, ces fameux droits populaires auxquels nous, Suisses, sommes tant attachés.On ne me soupçonnera pas, donc, d'hostilité au suffrage universel : j'en suis, en Suisse romande, l'un des plus intransigeants défenseurs.Pourtant, cette fois, je dois dire ma fatigue. Oh, j'ai fait mon boulot, quatre débats de GAC, sur les quatre objets soumis au peuple genevois, deux fédéraux, deux cantonaux. Avec mes invités, nous avons tout entrepris pour rendre simples, lisibles, concernants, des enjeux présentés dans un jargon abominablement technique par les brochures de votations. Depuis quarante ans, je fais cela : présenter au plus grand nombre les sujets les plus complexes, en m'efforçant d'être simple, accessible. Et je remercie mes invités, tous partis confondus : ils savent que cet impératif de lisibilité est la règle, dans mes émissions.Alors fatigue, pourquoi ? Mais parce que la plupart des sujets de ce dimanche 22 septembre 2024 étaient mal fagotés, pardi ! La droite suisse, aux Chambres, sur la LPP, par arrogance libérale, avait vidé de sa substance un compromis dûment négocié, et parfaitement acceptable. L'hyper-idéologie des Verts, sur la biodiversité, avait fait preuve de mépris pour une paysannerie suisse qui en fait déjà tant pour l'environnement. Dans la Genève cantonale, la réforme fiscale sur l'outil de travail apparaissait comme un cadeau aux nantis. Enfin, faire passer, contre l'avis des principaux intéressés, de quatre à trois ans la formation des maîtres du primaire était l'ultime avatar d'un irrédentisme né de la bataille (justifiée, et gagnée) de 2006 sur les notes à l'école, mais devenu à son tour une idéologie.Il fallait que toutes ces errances fussent sanctionnées. Aujourd'hui, elles le furent.Nous, citoyennes et citoyens de ce pays, faisons la politique, saisissons le suffrage universel, plus que jamais ! Mais de grâce, mes amis, choisissons de grandes querelles. Les paquets mal ficelés, les résultats d'arrogances, ne passent pas la rampe. Le peuple tranche, et c'est très bien.Pascal Décaillet -
Les retardataires
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 18.09.24
Dans le monde éditorial, j’accueille avec bienveillance toutes les approches, celles de gauche, celles de droite, les libéraux, les étatistes, peu importe ! Mais il est une catégorie pour laquelle j’ai peu d’estime : les retardataires.
Ceux qui, aujourd’hui, commencent enfin à nous parler immigration, parce qu’ils sentent le vent tourner, tant les peuples meurtris exigent une régulation draconienne. Alors, les retardataires se convertissent : les mêmes qui, dans la campagne du 9 février 2014, sur l’immigration de masse, nous traitaient de xénophobes parce que, citoyens parmi les citoyens, nous soutenions le texte, d’ailleurs accepté par le peuple et les cantons, hélas jamais mis en œuvre par les corps intermédiaires.
Ils se convertissent, les retardataires, tels les résistants de la 25ème heure, vous savez, ceux qui se mettent un brassard FFI le jour de la Libération. Ainsi, les retardataires, enfin, après trois décennies de tyrannie libérale, commencent à exiger un retour de l’Etat. Ce même Etat qu’au printemps du Nasdaq et des boursicoteurs, ils voulaient rayer de la carte ! Les mêmes, enfin, commencent à entrevoir la totale vanité du culte des « start-ups », dans lequel ils avaient sombré. Nous pas. Ni pour les start-ups, ni pour le Nasdaq, ni pour le libéralisme financier, ni pour la destruction des nations. Alors, vous êtes du côté des retardataires, ou du mien ? Vous êtes libres. Choisissez !
Pascal Décaillet