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Liberté - Page 22

  • Abandon de la FM : les moralistes de la Ville roupillent !

     
     
    Sur le vif - Jeudi 02.01.25 - 17.13h
     
     
    La vie des médias n'a pas à intéresser les autorités politiques. Toute intrusion de ces dernières dans la liberté rédactionnelle doit être bannie. Tout argent public, venant des contribuables, refusé. C'est ma position de citoyen et d'entrepreneur depuis toujours, vous la connaissez.
     
    Tout au plus les pouvoirs publics sont-ils attendus au tournant pour favoriser des conditions-cadres, permettant aux médias suisses de s'épanouir dans les meilleures conditions. On peut penser, pour la presse écrite, aux conditions d'acheminement des journaux. Or, face à la forfaiture (lire mes textes précédents) de l'abandon de la FM par la SSR, qu'ont-ils fait, nos chers pouvoirs publics ? Fédéraux, cantonaux, municipaux.
     
    Prenons l'exemple municipal. Allez, au hasard, la Ville de Genève. Ce gouvernement de gauche, moraliste à souhait, planétaire dans ses communiqués de presse hebdomadaires, où viennent régulièrement poindre les contrées les plus exotiques, qu'a-t-il fait face à l'abandon de la FM ? Il y avait pourtant là un enjeu social majeur. Des dizaines de milliers de récepteurs FM condamnés à l'obsolescence ( on se réjouit d'entendre les "Aînées pour le climat", et de prendre connaissance du point de vue passionnant de la CEDH). Des milliers d'auditeurs précaires obligés, en pleine crise du pouvoir d'achat, de débourser pour remplacer leurs appareils, alors qu'ils paient déjà la redevance. Des milliers de personnes âgées, peu habiles à la reconversion numérique, larguées, méprisées.
     
    Cet enjeu social, notre Conseil administratif de gauche l'a-t-il seulement identifié ? Lui, si prompt (à travers l'un de ses membres, en tout cas) à se mêler de la vie des médias, a-t-il seulement vu venir la date fatidique du 31 décembre 2024, à minuit ? Si oui, a-t-il tenté d'intervenir auprès des autorités supérieures ? Si oui, a-t-il été écouté ? Oh, ça n'est pas le Malawi, ni le Nicaragua, ni les Indiens d'Amérique, ni les peuples autochtones : ce sont juste nos compatriotes, à nous, les plus précaires.
     
    Oh, nous pourrions poser les mêmes questions sur le Conseil d'Etat genevois, sur le Conseil fédéral, sur les Chambres fédérales, sur la classe politique en général. Sans compter les associations de journalistes, celles de consommateurs, les défenseurs des seniors, etc. Mais il n'est pas sans quelque goûteuse pertinence de mettre l'accent sur le Conseil administratif de la Ville de Genève. L'un de ses membres n'a-t-il pas récemment poussé l'ingérence dans la vie interne des rédactions jusqu'à se prononcer publiquement sur les choix de casting d'une TV privée ?
     
    Coups de menton d'un côté. Passivité, inefficacité, cécité, de l'autre. Deux poids, deux mesures. Et pour résumer, un seul mot : BASTA !
     
     
    Pascal Décaillet

     
  • Moi, je reste

     
     
    Sur le vif - Jeudi 02.01.25 - 09.52h
     
     
    Sur tous mes récepteurs FM, la présélection 1 a toujours été la RSR. La Première. Pour les infos, Matinales, 12.30h, Forum. C’est mon monde, mon univers. C’est de là que je viens.
     
    J’ai travaillé sur ces trois tranches amirales. J’en ai été le producteur. 19 ans après mon départ de la RSR, j’ai continué, avec une régularité métronomique, à les écouter. Je suis un homme d’info, viscéralement : je n’écoute guère le « programme », à part l’excellente émission Tribu, à 11.04h.
     
    Fidélité absolue, donc, jusqu’à hier soir minuit. Je ne les ai pas quittés : ils ont déserté le terrain. Sabordé leur propre Flotte, à Toulon. Quitté la scène, en actionnant eux-mêmes la trappe.
     
    Je laisserai donc vide la présélection 1. Mais je continuerai d’écouter avec passion les présélections 2, France Inter, 3, France Musique, et 4, France Culture.
     
    Je demeure fidèle à la FM, système dont j’ai souligné l’extraordinaire souplesse technique dans mon précédent texte.
     
    Les radios SSR quittent le terrain, c’est sans doute ce qu’on appelle le droit au suicide.
     
    Moi, je reste.
     
    C’est aussi simple que cela : je reste.
     
     
    Pascal Décaillet

     
  • Abandon de la FM : oui, j'ai dit forfaiture !

     
     
    Sur le vif - Mercredi 01.01.25 - 16.43h
     
     
    En ce Jour de l'An, je ne contiendrai pas ma colère. L'abandon de la FM par la SSR est une forfaiture. Je sais de quoi je parle : je suis un homme de radio, j'ai passé deux décennies devant des micros radio, avant d'en passer deux autres devant des caméras TV.
     
    Je connais ce métier sur le bout des ongles, j'ai lancé plusieurs nouvelles émissions, ou nouvelles formules, qui aujourd'hui encore existent. Je ne suis pas un homme de "start-ups", qui lance une boîte puis la ferme pitoyablement après deux ans. Ni un écervelé qui lance une émission pour qu'elle se plante, puis s'en va prêchant des mots vides comme "innovation". Je réfléchis plusieurs mois à un concept, je travaille en confiance avec ceux qui m'en confient le mandat. Je fais des maquettes, avec une petite équipe de super-pros. Le jour venu, on lance la Première, suivie de champagne et petits fours. Mais le lendemain, il y a une deuxième, puis il faut tenir l'émission des mois, des années, des décennies. Avec discipline, rigueur, méticulosité dans les détails d'intendance, confiance entre partenaires, patience. C'est cela, être producteur d'une émission. Ca se joue dans les entrailles du métier lui-même, dans la patience de ses détails, pas dans le cliquetis des cocktails.
     
    Oui, je sais de quoi je parle. J'ai tout donné à ce métier, je n'ai pas de leçons à recevoir de freluquets qui nous chantent les louanges du DAB, en laissant entendre que nous serions, nous les partisans du maintien de la FM, de vieux débris incapables d'évoluer avec les techniques nouvelles. J'ai été coproducteur, avec les deux grands pros William Heinzer et Georges Pop, de la formule qui a révolutionné les Matinales radio en janvier 1994. J'ai été producteur unique du 12.30h. J'ai été producteur unique de la formule, complètement réinventée, de Forum, dès janvier 2001. Je la connais, la musique, sur le bout des doigts. En matière de radio, en Suisse romande, je n'accepte de leçon de PERSONNE. Je suis d'ailleurs abasourdi par l'incompétence actuelle des dirigeants. Aucune vision. Aucune oreille. Aucun instinct. Aucun esprit de réinvention. Des petits pions du conservatisme.
     
    Je n'ai rien contre le DAB. Mais en aucun cas, la SSR n'avait à abandonner le prodigieux réseau FM, patiemment mis en place, pendant plus d'un siècle, sur le territoire suisse. C'est une technique légère, géniale, souple, garante de notre souveraineté médiatique, ce que le DAB n'est absolument pas. Les deux formules, de longues années encore, auraient parfaitement pu coexister. ELLES L'AURAIENT DÛ, absolument !
     
    Au plus haut niveau de la SSR, on nous faisait déjà miroiter le DAB lorsque je travaillais encore dans la grande maison. Mais il n'était nullement question d'abandonner la FM ! Il faudra, un jour, écrire l'Histoire de la manière dont on a imposé ce support nouveau, on a tout misé sur lui, on a voulu faire jeune, faire moderne, on a juste oublié les centaines de milliers de transistors FM qui fonctionnent encore parfaitement en Suisse. On s'est privé de ces incomparables supports : suicide, mode d'emploi !
     
    On a oublié les dizaines de milliers de personne âgées, victimes de la fracture numérique. On a oublié que le 31 décembre 2024 à minuit s'inscrivait en plein coeur d'une période de crise, sans précédent, du pouvoir d'achat. On a imposé cette décision, d'en haut. On a méprisé les auditeurs. On a fractionné l'auditoire entre anciens et modernes, là où il fallait, par la flamme du micro, le génie du verbe, la citoyenneté du propos, le rassembler.
     
    Oui, cette décision est une erreur stratégique majeure. Socialement, une forfaiture. En termes de fédération citoyenne, un coup de poignard dans le dos.
     
    Citoyen et entrepreneur, passionné du verbe et du micro, je fais des émissions pour rassembler les âmes. Pas pour les disperser.
     
     
    Pascal Décaillet