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Liberté - Page 1488

  • Incroyable surprise : Fulvio Pelli est candidat !

    Lundi 10.08.09 - 16h

    Nous sommes le 10 août. C’était le délai. Et Fulvio Pelli est au rendez-vous. Après le temps des chérubins, voici venu celui des ténors. C’est la deuxième partie de la campagne qui commence.

    La section tessinoise du PLR propulse Fulvio Pelli. Et ce dernier, délicieusement vêtu de probité candide, se déclare prêt à partir au combat "si le groupe PLR des Chambres estime cette candidature capitale".

    Vous imaginez, vous, le groupe ne pas tenir pour "capitale" la candidature du président national du parti!? Vous l'imaginez, le désaveu? Seule inconnue, à moins d'un séisme: l'Archange sera-t-il seul, ou porté par un Chérubin? Juste pour la route. La voie royale. Lactée, comme la robe de traîne du destin.

    Le Machiavel transalpin est donc candidat, Comme dans n'importe quelle autre démocratie du monde, un chef de parti (a fortiori celui du poste laissé vacant) est candidat à gouverner le pays. C'est la chose la plus simple, la plus naturelle du monde. Il n'y a qu'en Suisse où on laisse entendre qu'existeraient, quelque part, des perles inconnues, des pépites d'or, dont personne n'aurait jamais entendu parler, qui n'auraient jamais signalé leur talent politique, et qu'on laisserait à des "commissions électorales" le soin d'aller dénicher. Après une intense prospection. Le mythe de l'outsider, aussi vain que celui de la "société civile", dans le premier gouvernement Rocard de 1988. La politique est affaire de professionnels. La connaissance du terrain, des hommes, le décryptage du jeu des ambitions, y tiennent une part essentielle.

    Le mythe du bel inconnu. Alors que les chefs naturels sont là, disponibles. Piaffant. Crevant d'envie. Se coupant les joues d'impatience, en se rasant. Mais n'ayant le droit, en vertu d'un étrange cérémonial initiatique, de se dévoiler qu'en dernier. C'est cela, cette hypocrisie-là, qui doit changer. Dire son appétit de pouvoir, quand on est compétent et ambitieux, dès le début d'une campagne, n'est absolument pas une honte en politique. Cela clarifie le contrat avec l'opinion publique.

    A cet égard, encore une fois, hommage à ceux qui, bien avant le Florentin, et dans son propre parti, ont osé se lancer. C'est courageux, parce qu'il y a plus de coups à prendre que de lauriers à récolter, dans ce genre d'aventure. Et il n'y aura, le 16 septembre, qu'un seul élu.

    Et l'ultime duel pourrait bien être, comme ne cesse de le répéter Christophe Darbellay, « Pelli contre X ».

    Hypothèse d’une équation : X = CD ?


    Pascal Décaillet

  • Les ellipses de Philippe Bender

    Lundi 10.08.09 - 15h

    Retour sur l’intervention de l’historien radical valaisan Philippe Bender, hier soir à la RSR, invité pour étayer la thèse de la proximité d’idées entre radicaux et socialistes, dans l’Histoire de notre pays. Ils seraient frères, au fond, ces deux partis, dans l’ordre de la Jeune Suisse, les premiers seraient la matrice républicaine des seconds, tout ce bel ensemble ayant été, hélas, freiné par l’obscurantisme de la Vieille Suisse, catholique et conservatrice, cette bande de montagnards périphériques et obscurantistes, insensibles à la pensée articulée, à la grâce des Lumières.

    Toute cette démonstration, pour quoi ? Pour justifier l’apéro siroté, quelques heures auparavant, par Fulvio Pelli et Christian Levrat, sur une terrasse mondaine (pardonnez le pléonasme) de Locarno. Le nouvel axe du monde, enfin de la Suisse, serait désormais radical-socialiste, ou ne serait pas. L’aube du 16 septembre, aux doigts de rose, elle aussi, serait rad-soc.

    Le brio de Philippe Bender n’est pas en cause, l’immensité de son érudition historique non plus, comme nous l’avons souligné dans notre note d’hier, 18.55h. Mais deux éléments essentiels rendent cette intervention, hélas, incomplète, au point de nous induire en erreur.

    1) Qui est-il, cet homme qui nous parle ?

    Un historien ? Oui, bien sûr, l’un des meilleurs du Valais romand sur le dix-neuvième siècle. Mais diable, Philippe Bender est aussi, et avant tout, un militant radical de la première heure, fils d’Arthur, frère de Léonard, un passionné absolu de cette famille politique. Cela, pour le moins, aurait dû être mentionné.

    2) Les ellipses

    Philippe Bender, hier soir, nous a entretenus des événements de 1847 et 1848, le Sonderbund et le premier Etat fédéral. Il a rappelé, à juste titre, la dimension sociale, institutionnelle et laïque du radicalisme de cette époque. Il a laissé entendre, comme il le fait toujours, que le mouvement catholique conservateur (écarté du Conseil fédéral de 1848 à 1891, jusqu’à Joseph Zemp) n’avait été qu’un frein à la Suisse du progrès et des idées nouvelles. Un frein, « jusqu’à Vatican II », a-t-il osé avancer. Donc jusqu’au Concile initié au début des années 1960 par Jean XXIII, puis parachevé par son successeur Paul VI !

    Le moins qu’on puisse dire, et mettons cela sur le manque de temps de l’intervention radiophonique d’hier soir, c’est que Philippe Bender pratique l’ellipse. En ne prononçant pas le nom du pape Léon XIII (1878-1903), l’homme de « Rerum novarum » (l’Encyclique de 1891 donnant naissance à la Doctrine sociale de l’Eglise), notre grand prêtre du radicalisme canal historique saute à pieds joints sur ce qui fut la grande réconciliation entre l’Eglise et la République. En France, mais aussi en Suisse romande.

    Pire : on avait l’impression, hier soir, que le vingtième siècle n’avait pas existé. Que le courant catholique conservateur ne serait pas, au fil des décennies, devenu, un peu partout en Europe, la démocratie chrétienne. Que ni Marc Sangnier, ni le Sillon, n’auraient existé. Que la grande famille qu’on appelle (depuis 1971 seulement, au niveau fédéral) « PDC » n’aurait pas derrière elle près de 120 ans d’une collaboration extraordinairement fructueuse aux affaires fédérales. Avec de grands hommes qui ont fait la Suisse, à commencer par Kurt Furgler. Avec une présence continue dans l’élaboration de toutes les grandes lois sociales qui ont fait la charpente de notre pays.

    Ce que, surtout, Bender omet de recenser, c’est le nombre de lois qui n’auraient jamais vu le jour sans l’axe radical-PDC, dans l’Histoire suisse. Bien sûr, les socialistes ont aussi contribué à faire ce pays, notamment à partir de 1943 (Ernest Nobs au CF), et aussi le PAB devenu UDC. Mais l’axe radical-PDC a très souvent été, au niveau fédéral, le levier central pour aboutir à des solutions. Aujourd’hui encore, ces deux grandes familles politiques partagent au moins 90% de leurs options. Entre la gauche (socialistes et Verts) et l’UDC, le grand espace libéral-radical-PDC constitue la troisième grande option. Elle devrait à terme, oublier ses divisions, oublier le Sonderbund, et construire un avenir commun.

    « À terme », cela signifie une fois que sera réglée, dans un sens ou dans l’autre, l’affaire du 16 septembre. La dernière qui suinte encore, à ce point, le Sonderbund. Le Chant du Cygne, on l’espère, de ceux que l’atavisme empêche de dépasser cette omniprésente référence.

    Pascal Décaillet

  • Christian Grobet, le démon politique dans les viscères

    Lundi 10.08.09 - 06.10h

    C’est fait. La Tribune de Genève nous le confirme ce matin, sous la plume de mon confrère Jérôme Faas : Christian Grobet est candidat au Grand Conseil. Ce qui était patent, dès ce printemps, pour qui sait lire un peu la politique entre les lignes, est donc réalité. Grobet est candidat, et c’est une excellente nouvelle. Car cet homme incroyable, conseiller municipal dès 1967, député dès 1969, conseiller national, douze ans conseiller d’Etat, puis reparti de zéro après sa chute, est habité, jusqu’aux tréfonds de l’âme, par ce qui manque à tant de politiques : la fureur d’un démon intérieur. Se battre, encore se battre, jusqu’au bout, et peu importent les quolibets, et peu importent les coups : cette dimension, qu’on aime ou non Christian Grobet, qu’on partage ou non ses options, force l’admiration.

    L’admiration, oui. Pourquoi ? Mais parbleu, tout simplement par le contraste qu’elle offre avec le petit jeu d’ambitions camouflées, de reports d’aveux, de semi-signaux et de semi confidences, des plus hauts politiques suisses en cet été de succession de Pascal Couchepin. « Je veux peut-être, pour l’heure je ne veux pas, je ne sais si je veux, j’aimerais vouloir, je voudrais aimer, je me tâte, tu te tâtes, nous nous tâtons, il faut voir avec la commission électorale, laissez-moi encore réfléchir », enfin toute cette somme de faux-fuyants, face à laquelle voici l’irruption d’un homme : Christian Grobet.

    Un homme. Qui n’a jamais caché ni ses désirs ni ses ambitions. Il y a des élections ? Il s’y présente ! Cela serait interdit ? Il crée des listes, juste pour lui ? Et alors ? Les élections sont faites de listes, les électeurs jugent. Et qu’on ne vienne surtout pas nous avancer l’argument, haïssable, de l’âge : Christian Grobet est dans une forme olympienne.

    Surtout, voilà une candidature qui sonne (eh oui, déjà) la fin de la pause d’été à Genève, et le réveil de la campagne. Si la gauche de la gauche ne se dilue pas dans ses éternelles divisions, elle peut représenter une donne importante de ces élections cantonales. En son sein, voilà en tout cas une locomotive. À cela s’ajoute, sur cette nouvelle liste, la présence de Salika Wenger, une politicienne aux idées claires et qui sait porter haut le verbe politique. Un véritable tempérament, aussi.

    La politique n’est pas faite que d’idées, mais d’hommes et de femmes, qui les incarnent. Des parcours humains, avec leurs chutes, leurs accidents, leurs cicatrices. La richesse d’un vécu. Les vibrations d’une mémoire. L’éternité, comme dans les mythes, de certains retours. La réinvention de la vie, et peut-être aussi celle de la jeunesse. Par l’intensité du désir. C’est cela qu’incarne Christian Grobet, l’homme aux cent mille ennemis.

    Mais quoi de plus beau, en politique, qu’un ennemi ?

    Pascal Décaillet