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Liberté - Page 1486

  • Sur le chemin de Damas, Urs Schwaller trébuche

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    Dimanche 16.08.09 - 13.30h

    Pauvre Urs Schwaller ! Il avait pourtant tout fait pour remonter la pente. En secret, la nuit, il avait relu Quinte-Curce et Juvénal, revu ses ablatifs pluriels, appris par cœur la liste des empereurs romains, défriché quinze ouvrages savants sur les patois franco-provençaux. Il s’était initié à la cuisine à l’huile, aux différentes sortes d’ails, celui des ours et celui de la Sainte-Victoire. Il avait suivi des cours sur les absides en cul-de-four, les tuiles romaines, les voiles latines, Gonzague de Reynold et Charles-Albert Cingria, relu les Cahiers du Rhône, coupé sa moustache, jeté la vieille collection de casques à pointe qui, allez savoir pourquoi, encombrait son grenier.

    Et puis, patratrac, la damassine.

    Il avait pensé à tout, sauf à ça. Un confrère (ignoble, évidemment) lui demande ce qu’est la damassine. Et il parle d’une boisson…………… à base d’anis !

    Et d’un coup, c’est le grand envol, définitif. Veaux, vaches, cochons, couvées, espérances, bureaux à lambris avec vue sur l’Aar. Plus rien. Nada. Terminado. Envolé. Comme cette étoile dont parle l’Apocalypse, et qui s’appelle « Absinthe ».

    Oui, elle est dure, la vie de candidat. Quand on croit tout bien faire, tout juste, jusqu’à rêver dans les deux langues. Et puis, par l’infini détail d’une confusion, tant d’efforts, juste pour des prunes.

    Pascal Décaillet



  • Levrat-Pelli : bientôt le PACS ?

    Samedi 15.08.09 - 08.10h

    Ah, il devait être aigre-doux jusqu’à l’extase, l’apéro Levrat-Pelli sur les bords du lac Majeur ! Deux hommes que tout oppose, et qui soudain se découvrent. Et d’un coup ça n’est plus Locarno, mais l’Afrique humide et touffue de Stanley et Livingstone. Ça n’est plus la Piazza Grande, mais Atlanta en feu, au moment du baiser. Révélation.

    À lire encore « Le Temps » de ce matin, la flamme du président des socialistes suisses pour son homologue radical n’a rien perdu de sa puissance : « C’est le miracle des périodes préélectorales… Ce qui m’a surpris, c’est l’ouverture de Fulvio Pelli vis-à-vis d’une grande réforme des assurances sociales ».

    Il parle de « miracle », Christian Levrat, l’article paraît le 15 août, l’esquisse d’une larme humecte nos paupières, il faut vite lui offrir un aller-simple pour Lourdes. Beaucoup de ses confrères, dirigeant des partis socialistes ou sociaux-démocrates en Europe, devraient d’ailleurs aussi tenter ce voyage, ça peut servir.

    Mais ne nous trompons pas. Le vrai miracle qu’espère Christian Levrat, et auquel il travaille, ça n’est pas le 16 septembre 2009, mais l’automne 2011. Maintenir les deux sièges socialistes au Conseil fédéral, fruits de la formule de 1959. Pour cela, il a besoin d’alliances, et de garanties. Pour celles-ci, il se méfie viscéralement du parti du vent. Pour celles-là, il préfère négocier avec l’Archange qu’avec les Chérubins. Franchement, ça se défend.

    C’est de la tactique pure. Mais ça tient la route. Au moment des apéros, il est plutôt d’usage de picorer dans les petits salés. Mais là, une fois n’est pas coutume, quelques douceurs sur la table. Sans aucun doute, des florentins.


    Pascal Décaillet

  • Un gouvernement de centre-gauche : en quel honneur ?

    Vendredi 14.08.09 - 12.45h

    Lisse au point de s’être aboli la moustache, voici donc Urs Schwaller. Chouchou absolu, avec le radical Burkhalter, du sérail parlementaire. Toujours poli, toujours calme, parfaitement bilingue, homme de dossiers, collégial à souhaits. « Jeteur de ponts », se félicite-t-on même, comme si le poste à pourvoir était celui d’ingénieur en génie civil.

    À Schwaller, le seul faux procès qu’on ait fait est celui, détestable, de la latinité. Une Inquisition par la génétique que nous avons déjà dénoncée, dans ces colonnes. Valaisan de Genève, je me sentirais parfaitement représenté par le Singinois Schwaller, comme par le semi-Grec Broulis, comme par le Tessinois Pelli, comme par la Fribourgo-genevoise Martine Brunschwig Graf, si l’un d’entre eux était élu au Conseil fédéral. La question ethnique, éternel ferment de division, n’est pas une bonne clef d’entrée dans cette élection-là.

    Car la vraie question est politique. Certains de mes confrères, ce matin, s’émerveillent de l’hypothèse, avec Schwaller, d’un gouvernement de centre-gauche. Un lendemain qui chante. Orientation qui serait en effet prise, à lire les déclarations du sénateur fribourgeois sur le nombre d’ouvertures possibles avec les socialistes et les Verts. Promesses d’autant plus paradoxales, d’ailleurs, lorsqu’on entend la socialiste Maria Roth-Bernasconi avancer sa flamme soudaine pour l’univers radical, faire l’éloge (à juste titre) du Delamuraz des dernières années, celui de la loi sur le travail, bref nous laisser entendre que l’apéro Pelli-Levrat, à Locarno, n’était pas juste pour la jouissance salée des cacahuètes. Et elle nous rappelle, cette même MRB, à quel point les PDC de Suisse centrale, sur les questions de société, sont conservateurs. Ce qui n’est pas faux.

    Outre celui de la cohérence, un gouvernement de centre-gauche se heurterait avant tout à la question de la légitimité. Le centre-gauche au pouvoir, dans le gouvernement fédéral suisse, en quel honneur, s’il vous plaît ? Aux dernières élections, celles d’octobre 2007, les forces cumulées de droite (UDC, radicaux, libéraux, PDC, divers droite) l’ont emporté de près de deux tiers sur les forces cumulées de gauche (socialistes, Verts, divers gauche). C‘est le vœu, le signal du peuple suisse. Et on vient nous parler, en milieu de législature, de faire basculer à gauche l’axe du gouvernement !

    On peut le faire, bien sûr. On alléguera que la composition de l’exécutif n’est pas liée à une représentation proportionnelle des forces du parlement. On viendra découvrir les vertus d’une coalition politique face aux vices, soudain décriés, de la simple arithmétique. Bref, on inventera mille justifications pour les besoins de la cause.

    Mais le peuple n’aime pas cela. Et il ne serait pas dupe. Aux prochaines élections fédérales (octobre 2011), il sanctionnerait ce tour de passe-passe. Bien sûr, j’entends déjà les voix, si chères, qui, au soir de ce scrutin, condamneront ce pauvre peuple qui, décidément, n’entend rien à rien, vote mal, vote faux. Et qui a tant besoin, l’innocent enfant, de « pédagogie » pour que les esprits éclairés le conduisent enfin sur le bon chemin.


    Pascal Décaillet