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La presse est en révolution : tant mieux !


Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 06.01.10



Le monde de la presse, en Suisse romande, est en pleine révolution. Mutation passionnante, beaucoup plus fulgurante qu’on ne l’imagine. Sauf à s’accrocher à des prés carrés, comme à la marine à voile dans les premiers temps de la vapeur, il n’y a pas lieu de s’inquiéter : depuis quand une génération doit-elle baisser les bras face aux défis du renouveau ?

Et d’abord, « la presse », ce noble mot, que j’aime tant, auquel j’ai consacré ma vie : qu’évoque-t-elle encore de concret, cette métaphore née de Gutenberg ? Lorsque j’ai commencé, il y a si longtemps, au Journal de Genève, on imprimait à peu près comme au dix-neuvième siècle. C’était génial, j’adorais ça, on couvrait un spectacle, on rendait la copie à minuit et demi, on allait boire un dernier verre avec l’équipe technique, on se couchait à deux heures, on frémissait d’avoir son texte, à soi, dès l’aube, devant des dizaines de milliers de paires d’yeux. L’excitation d’un chroniqueur du Second Empire, surgi de Maupassant, ne devait guère, au fond, différer de celle-là.


Aujourd’hui, il se passe quoi ? Il se passe que ce temps d’attente entre la rotative et la lecture, c’est fini. Un journal a un bon scoop ? Il n’attend plus la version papier, il livre immédiatement la nouvelle sur son site Internet. Et du coup, le bon vieux titre de presse écrite, qu’on disait moribond, grille la politesse aux radios et aux télévisions. Lesquelles, dès qu’elles ont une nouvelle, s’empressent de la mettre, aussi, « en ligne » sur leurs sites. Radios, TV, journaux font donc de plus en plus la même chose : tel site de journal commence à glisser des interviews, avec  son et image, tel site radio accompagne ses « podcasts » de commentaires écrits. Les barrières, entre les genres, s’écroulent. Lorsque, bientôt, nous accéderons à l’ensemble de ces offres sur un même support, elles auront carrément disparu.

Le papier ne mourra pas, mais il continuera de perdre en importance. On abattra des millions d’arbres en moins, au grand dam des forestiers, et pour la plus grande joie des Verts. Avoir des responsabilités, dans la presse romande d’aujourd’hui, c’est se retrousser les manches, relever ces défis-là. Les jérémiades, laissons-les aux conservateurs. On ne sauvera pas des emplois en enfonçant sa tête dans le sable. A tous, excellente année 2010 !

 

Pascal Décaillet

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