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Liberté - Page 1482

  • Le Maire, la Régente, l’Ukase

     

    Sur le vif - Mardi 08.09.09 - 10.05h

     

    C’est un si beau nom, « Pravda », ça veut juste dire « vérité ». Celle qui vient d’en haut. Comme la flamme, sur le Chemin de Damas.

    C’est doute dans cet esprit apostolique que le maire de Genève, Rémy Pagani, et la conseillère administrative Sandrine Salerno ont adressé, le 4 septembre dernier, une toute belle lettre, digne des plus torrides échanges de Valmont et Merteuil, à l’ensemble des fonctionnaires de la Ville. Pour leur dire, très amicalement, qu’ils doivent voter non aux baisses d’impôts soumises à votation cantonale le 27 septembre. Lettre que j’ai eue sous les yeux cette nuit, et qui m’a fait voir cent mille étoiles.

    Une lettre de l’employeur à l’employé. Celui qui vous paye. Celui qui juge et évalue votre travail. Celui qui peut vous virer. Celui qui doit veiller à la protection de votre personnalité. Une lettre, pour dire, dans la fonction la plus césarienne du mode impératif, « Votez non ! » (en exergue), puis « Votez et faites voter non ! », dans une conclusion au demeurant dépourvue de toute formule de politesse.

    Voilà au moins qui est clair. Et qui rappelle l’époque des régimes paternalistes, ou corporatistes, fort prisés dans le monde méditerranéen, péninsulaire ou lusitanien, autour des années trente. L’employeur te couve, il te choie, il te dorlote. En échange, juste un minime détail : tu votes juste.

    Ah, les braves gens ! Bonheur du cocon. Ne pas avoir à se casser la tête pour savoir comment répondre, de façon citoyenne, à un scrutin. Non. Juste appliquer les consignes du Maire et de la Régente.

    Elle est pas belle, la vie ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Martine, Valence, la guillotine

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    « Qu’on mette en place la procédure ! Qu’on les poursuive ! Qu’on les taxe ! Qu’on leur fasse payer des pénalités ! Et puis, qu’on saisisse les tribunaux ! ».

    Elle en a du talent,  Martine Aubry, dans le registre injonctif, façon Fouquier-Tinville, non ? Elle est pas belle, la rhétorique, quand elle va puiser ses ferments dans la justice de classe, la haine revancharde du salaud de riche. Aux doigts crochus, pendant qu’on y est, ça en rajouterait dans la saveur de l’évocation.

    Vous savez à quoi elle me fait penser, cette succession d’impératifs saccadée, anti-ploutocrates ? Au Congrès de Valence, 23 au 25 octobre 1981. Le régime Mitterrand-Mauroy au bout de son état de grâce, les capitaux qui s’évadent de toutes parts, et Quilès, le Robespierre aux yeux de feu, qui réclame « des têtes ». Des têtes, et encore des têtes. Je venais d’avoir 23 ans. Badinter, quinze jours plus tôt, venait de faire abolir la peine de mort, ce qui était pour moi une immense nouvelle. Et, là, tout à coup, « des têtes, encore des têtes ».

    Oui, ce jour-là, nous étions quelques-uns, pourtant loin d’être hostiles à François Mitterrand (nous ne goûtions guère l'orléanisme de Giscard), à avoir un peu frémi.

    C’était Valence, octobre 1981. Vous vous souvenez, Martine ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Merci, M. Broulis !

     

    Tribune de Genève - Lundi 31.08.09


    Monsieur le Président du gouvernement vaudois, j’aimerais vous dire merci. Vous n’avez peut-être pas deux langues, mais vous avez une parole. Vous n’avez peut-être pas lu Goethe, mais vos Années d’apprentissage compteront double.

    Vous incarnez, au pays de Druey et des pères fondateurs, une certaine idée du radicalisme, attachée à l’Etat, proche des gens, républicaine, ayant avec l’Argent un autre rapport que celui de la servilité. L’individu, la responsabilité, oui, mais pour mieux rejaillir sur l’intérêt de l’ensemble. Surtout, vous êtes un homme simple, sans arrogance. Et je crois que les Suisses, au plus haut niveau, auraient aimé cela.

    Vous êtes Vaudois, et pourtant le Valaisan de Genève que je suis reconnaît en vous quelque chose à partager, dans l’ordre de l’aventure commune des êtres. Vaudois, vous avez, en compagnie de MM Hiler et Longchamp, jeté des ponts avec notre canton, projetant vos visions sur l’ensemble de l’arc lémanique. Constructeur, vous l’auriez aussi été à Berne.

    A vous, mais aussi à Martine Brunschwig Graf qui sort de cette campagne grandie et sereine, je veux dire mon estime. Avec vos qualités humaines et politiques, l’un et l’autre, vous avez essayé. Il y avait plus de coups à prendre que de lauriers à glaner. Vous l’avez fait. Pour le reste, le destin a parlé. Mais était-ce là, vraiment, son ultime parole ?

     

    Pascal Décaillet