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Liberté - Page 1484

  • « La télé » : welcome !

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    Tribune de Genève - Jeudi 02.07.09

     

    Le Valais a « Canal 9 », Genève « Léman Bleu », et voici donc, depuis hier, pour Vaud et Fribourg, « La télé ». A eux, une sincère et cordiale bienvenue. Dans le monde des médias, rien ne vaut la concurrence : elle stimule l’imagination, décuple les énergies, vous aide à survivre. Là où le monopole – ou plutôt le sentiment de monopole – vous donne, à tort, l’impression d’être éternel.

    Coïncidence : au moment où cette nouvelle offre surgit sur le marché, on apprend, dans l’Hebdo d’aujourd’hui, que la SSR caresse de ses vœux l’érection, pour sa direction générale à Berne, d’une nouvelle tour à cinquante millions. Alors qu’elle en a perdu 79 en 2008.

    Epique époque, non, où il y a ceux qui lancent des programmes, ne vivent que pour leurs émissions, luttent comme des fous, avec des moyens parfois dérisoires, et ceux qui, tranquillement, rêvent de la plus haute tour. Une belle cage à apparatchiks, dorée comme le couchant, le déclin.

    A l’heure du numérique et du multimédia, radio et TV sont en pleine révolution. Les supports de demain n’auront bientôt plus rien à voir avec ceux d’aujourd’hui. Seul survivra le plus inventif, le plus affamé d’innovations, le plus désireux de s’imposer. Dans cette compétition, qui promet d’être féroce, ceux qui se seront un peu frottés à l’école de l’inconfort auront, à coup sûr, quelques longueurs d’avance.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le Climatique et la rose des vents

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    C’est reparti : alors que nos moites sueurs s’enfoncent dans l’été, revoici Ueli le climatique. Forme olympienne : plus Vert que Vert ! A chaque prise de parole, cinq ou six fois le mot « crise ». « Crise mondiale », « crise planétaire », « crise climatique » : à l’entendre, la Suisse n’est plus qu’un champ de ruines, livré à cinquante degrés permanents de canicule, le gaz carbonique seigneur et maître, l’Apocalypse imminente.

    Le but ? Ma foi, fort simple. Placer un Vert, le plus vite possible, au Conseil fédéral. Un Sage. Un qui aurait compris le danger qui échappe un peu aux pourceaux d’ignorance et d’impéritie que nous sommes. Enfin, quand je dis « nous », je veux juste parler des quelque 91% de Suisses qui, à tort et dans un accès de stupidité digne des grandes errances et des hérésies albigeoises, n’ont pas jugé bon de voter Verts aux élections fédérales d’octobre 2007. Ah, les sottes gens !

    Mais qu’importent les chiffres, qu’importe la raison, lorsque vient poindre, de son groin d’immondices, la Fin du Monde ! Pour tenter de la contrer, cette chienne dévoreuse du temps, peu importent la volonté du peuple, la République, la majorité, toutes ces fadaises enfantées par d’obscures Lumières. Non. Seul compte l’Autel de la Sagesse. Un Vert, vite ! Un Vert, bien frais, bien tassé. Un Vert providentiel. Un Sauveur.

    Mais pas tout seul, le Vert. Dans l’esprit du Climatique, homme courtois, il n’est pas question de brûler la politesse aux socialistes. Alors, va pour les rose des vents, va pour deux socialistes et un Vert ! Voilà qui colle parfaitement, non, avec le signal délivré par le peuple en octobre 2007.

    Le voilà donc, l’allié de circonstance que certains s’imaginent pour le 16 septembre. En clair, il est assez légitime que Christophe Darbellay tente de récupérer le siège perdu par Ruth Metzler. Mais le Valaisan ne peut décemment opérer cette manœuvre par des alliances qui casseraient la cohérence interne de la droite suisse. Une droite à qui le corps électoral a largement accordé sa confiance, aux dernières élections fédérales. C’est simple, c’est juste de bon sens. Comme de se mettre à l’ombre lorsque le temps, pour quelques heures, se réchauffe.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le pays des ocres

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    Tribune de Genève - Lundi 29.06.09

     

    Pour moi, les vacances, c’est lire, lire et lire encore. Comme je suis loin d’être seul dans ce cas, je vous recommande un petit bijou, le dialogue de deux éclatants octogénaires, le biographe de génie Jean Lacouture (1921) et l’essayiste Raymond Jean (1925), auteur, entre beaucoup d’autres, de « La lectrice », d’un « Nerval » et d’un « Eluard ».

    Ces deux hommes se sont connus au Maroc en 1958, et, régulièrement, se croisent l’été dans le Vaucluse, département de fierté républicaine, de vignes vierges, d’olives et de premières figues, le « pays des ocres », comme ils l’appellent, le Luberon. Non loin, la Durance, le gris moiré des alluvions où l’Alpe se charrie jusqu’à la mer.

    De quoi parlent-ils ? De tout ! Voltaire, Rousseau, la communauté juive de Salonique, Combat, le Monde, Clavel, Jacques Rivière, Gide, Ben Barka. Et si c’était eux, la Durance, avec le charivari des sables et des graviers, les troncs, les branches d’une vie d’homme, juste dans le siècle ?

    Rien, dans ce dialogue de 120 pages, qui suinterait le didactique. Juste la vie, qui s’écoule et nous rafraîchit l’âme. Sublime vieillard que Lacouture, vin de vie boisé, de la plus parfaite tradition bordelaise. Et Raymond Jean, à niveau, pour des répliques à faire frissonner les ambitions de la Mort. A lire, vite.

     

    Pascal Décaillet

     

    *** Raymond Jean, Jean Lacouture : « Dialogue ininterrompu, Maroc 1958 - Luberon 2008. Entretiens au pays des ocres ». L’Aube, mai 2009.