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L’ordre règne à Genève

 

Ou: la Cléricature de la Barbichette - Lundi 16.11.09 - 10.25h


Cinq sortants réélus, avec ou sans bilan, juste deux nouvelles magistrates, juste la majorité qui change. Les cinq partis qui se partagent le pouvoir exécutif, donc les postes et les pré-carrés, continueront de régner ensemble. Bref, la pérennité du pouvoir en place. L’ordre règne à Genève.

« Juste la majorité qui change » ? Eh oui ! Aussi surréaliste que cela puisse, de l’extérieur, paraître, ce basculement n’est ni historique, ni capital. Le gouvernement sortant n’était à gauche que sur le papier, il penchait souvent au centre, voire (en matière fiscale) carrément à droite. Comme le note Pierre Weiss, la reconquête de la majorité par l’Entente relève davantage du déplacement de curseur que d’une véritable alternance. Là n’est pas l’événement, là n’est pas la leçon.

La leçon, la vraie, pourrait bien, dans la législature qui s’annonce, surgir et rugir davantage de la marge que du texte officiel, de l’hémorragie des extrêmes que de la sainte coagulation autour du Centre, et parfois sans doute aussi de la rue que des palais officiels. A voir. Tout dépend de la tonalité du futur gouvernement : continuera-t-on à jouer la pénible partition de l’entre-soi, avec cette sanctification des amitiés transversales, où la barbichette (celle par laquelle on s’agrippe) règne en souveraine ?

Surtout, ce petit monde reconduit, sans doute ce matin au septième ciel de sa divine surprise, continuera-t-il de contempler la marge en haussant les épaules ? Le PDC ou les radicaux, 11 députés chacun, continueront-ils, sous prétexte que le jeu des alliances leur a permis d’avoir un conseiller d’Etat, de parler du MCG (17 députés), ou de la galaxie MCG-UDC (26 députés), comme d’un marais poitevin, tout juste bon pour les gueux, les ignares ? Tous ces pauvres timorés de la frontière, que la grâce bilatérale, dans l’essence de son injustice, aurait omis d’illuminer ? Idem pour la gauche de la gauche, riche de tant de personnalités, hélas pour elle nœud de vipères, où la guerre, comme dans la tragédie, est intestine, familiale, incestueuse, avant même que d’être.

Bref, l’émergence d’un Tiers-Etat. Qui viendra se heurter, non à la noblesse, ni même à la bourgeoisie, mais bien à la cléricature de la barbichette : ceux qui, trop heureux d’avoir sauvé leur peau, demeureraient sourds à toute résonance du pavé. Je n’ai pas dit le caniveau. Non : juste le pavé.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

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