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Liberté - Page 1468

  • Mourir, renaître

     

    Chronique publiée dans le Matin dimanche - Jour de Pâques 2010

     

    L’Eglise catholique romaine, tant décriée ces jours, qu’est-elle au fond ? Au sens propre, une « ecclesia », une assemblée de fidèles. Théoriquement un milliard de personnes, en réalité beaucoup moins si on prend comme critères la foi, ou tout au moins se reconnaître dans une communauté. Elle est invisible, cette assemblée, même si elle a donné son nom à ces constructions solides qu’on appelle « églises ». En fait, point n’est besoin de pierres ni de murs, ni de chaises ni d’autels, ni de somptueux transepts du douzième. Ni d’orgues. Ni de missel. Juste une petite lumière, à l’intérieur. Y compris dans le froid, la nuit, la solitude.

     

    L’Eglise, ce sont les hommes et les femmes qui la constituent. Le jour où il n’y aura plus aucun humain pour se déclarer de cette foi-là, eh bien l’Eglise catholique romaine, comme aujourd’hui le culte du dieu Pan ou celui d’Athéna, appartiendra à l’Histoire. Les religions, comme les humains, naissent, vivent, et un jour s’éteignent doucement, remplacées par d’autres courants spirituels, qui d’ailleurs s’en nourrissent. Il n’y a là rien de grave : ça n’est pas la religion en tant que telle qui compte, mais l’élan sincère des fidèles vers une forme de transcendance, que le génie de chaque époque traduit à sa façon.

     

    Je n’annonce pas ici la mort du christianisme. Mais je n’annonce pas non plus son éternité. A la vérité, rien n’est acquis, rien n’est perdu. Une Eglise doit se battre pour survivre. Par la force de l’exemple et celle du témoignage. Par le courage d’affronter crises et tempêtes, en disant les choses telles qu’elles sont, et non par la loi du silence. En ce sens, l’épreuve et la souffrance, bien réelles ces temps, pourraient bien, comme souvent depuis deux mille ans, se révéler une chance : l’occasion de renaître. A tous, excellentes Fêtes de Pâques.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Homme d'honneur

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 01.04.10


    On aime on non l’UDC, ses thèses, on aime ou non ce que fut Vigilance, dans les années 1985, il n’en reste pas moins qu’Eric Bertinat est un homme sincère, un être de conviction, porté par des idéaux. Toutes choses suffisamment insolites, de nos jours, pour être relevées.

    Ce secrétaire général de l’UDC genevoise, en poste depuis huit ans, pourquoi part-il ? Officiellement, parce que la nouvelle équipe dirigeante de son parti lui aurait signifié que son job passait à mi-temps, pour raisons budgétaires. Ouais. A voir…

    On se demandera plutôt si ce départ n’est pas à mettre en relation avec la très grande synergie imposée en haut lieu avec le MCG. Et qui exige d’être mise en action par de nouvelles personnes. Il en va du succès de la prochaine échéance électorale, capitale : les communales du printemps 2011. L’UDC genevoise y jouera sa survie.

    Reste que le député Bertinat, au-delà des idéologies et du souvenir amer de certaines affiches, demeurera un interlocuteur précis, courtois, et compétent. Un homme capable de débattre en respectant l’adversaire. Porté par une foi, dans tous les sens du terme, dans des valeurs. Un petit côté démodé, contre-courant, hors du monde, hors du royaume de l’Argent, qui pourrait bien être la marque de cette espèce en voie d’extinction : les hommes d’honneur.

     

    Pascal Décaillet

     

  • François Longchamp et ses Bulletins de la Grande Armée

     

    Il n’est pas question ici de mettre en doute la bonne volonté de François Longchamp dans sa lutte contre le chômage à Genève. Ni non plus, encore qu’il convienne d’en discuter, la pertinence de ses choix politiques. Mais il y a un problème avec les chiffres. La manière de les présenter. L’impossibilité de reconnaître, en le disant clairement, avant toute chose, que Genève est lanterne rouge nationale.

    Alors, on prend le réel, et on lui tord un peu le cou : on inonde les communiqués – et chaque prise de parole officielle, dûment instillée à tout locuteur agréé, notamment les chefs de service – du fait que « le chômage progresse moins à Genève qu’en moyenne suisse ». C’est sans doute vrai. Mais reste que le chiffre absolu, celui qu’on retiendra au final, ce sont les 7,4% (selon Anne Emery-Torracinta ; 6,6% selon François Longchamp, nous ne trancherons pas dans ce différend) de lanterne rouge nationale.

    Alors, déni ou simple enjolivement ? Perfectionnisme de trop bon élève qu’insupporte, comme un miasme, l’idée même de mauvais résultat ? Difficile de ne pas voir, dans ce rapport aux chiffres, le savant travail de corsetage du discours par le président du Conseil d’Etat genevois et sa très efficace Garde noire. Bonaparte, c’est vrai, avait lui aussi, dès la campagne d’Italie, les célèbres « Bulletins de la Grande Armée », où nul rappel de propagande n’était laissé au hasard. Mais lui, au moins, jour après jour, remportait des victoires.

     

    Pascal Décaillet