Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté - Page 1472

  • Logo, gogos

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 11.03.10

     

    A ma droite, le logo à Jobin. Grisâtre, pluvieux, festif comme un comité directeur socialiste, accueillant comme un portique de la rue des Granges. La vitalité d’un temple suédois, lorsque sonne le glas. Un échec d’une rare ampleur, et, comme tout ce qui est rare est cher, c’est un logo à deux cent mille francs.

    A ma gauche, le logo à Charly Schwarz. Coloré, catalan, multiple, ouvert, réchauffant. Il donne envie de vivre, l’autre de se pendre. Il donne envie de vin, l’autre d’eau plate et de tisane. Il donne envie d’aimer, l’autre de raser les murs. Coût : zéro franc, ou disons mille si on compte une sérieuse journée de travail.

    Vous me direz que je suis de mauvaise foi. C’est exact. Mais c’est ainsi, j’aime la couleur, l’image, la vie. C’est valable pour les modes d’écriture comme les formes du récit, le choix des syllabes, le primat du verbe actif, la justesse des césures, le rythme, le souffle.

    Deux cent mille francs pour un logo raté, c’est assez énorme. On se dit que l’argent, dans la ville de Calvin, doit ans doute être moins rare qu’on ne le prétend. Payer très cher pour s’ennuyer, c’est un luxe que même la plus perverse des maisons de tolérance n’avait pas encore inventé. C’est désormais chose faite. L’extase en baillant. A deux doigts du soleil. Juste sous le nuage.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Bobos verts

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 08.03.10

     

    Les spots dans les cinémas, toujours recommencés, les pubs sur les trams, matraquantes, auront produit leur effet : la loi sur l’énergie est passée. Les quartiers populaires ont voté non, les nantis ont dit oui, les milieux immobiliers ont mis quelques sous, nous ne saurons toujours pas ce qu’est un joule, mais nous voilà partis vers le grand bonheur vert. Auquel s’ajoute, plus prosaïque, celui de centaines d’entreprises en isolation basées à Genève. Ah, les braves gens !


    Hypothèse : et si tout cela n’était qu’un vaste lavage de cerveau. Le cadeau d’adieu des douze ans de magistère idéologique de Robert Cramer. Le progrès écologique pistolet sur la tempe, parce que si tu dis non, coco, alors tu devras t’arranger avec la noirceur de ta conscience parce que tu conduis la planète à sa perte. Et la planète, c’est Genève, parce que Genève, c’est un monde en soi.


    On a beaucoup parlé des bobos roses. Et si on parlait un peu des bobos verts. Dans la main gauche, le chasselas, dans la droite l’épée de l’Archange, un soir d’Apocalypse. Et vive la nature, les poissons, les oiseaux, et si t’est pas d’accord, c’est la faute à Rousseau. Et s’ils veulent te faire taire, dans l’absolu unique de leur pensée, le Rayon vert de leurs fantasmes, c’est la faute à Voltaire. Et si ma mère n’y comprend rien, c’est la faute à Cramer.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Doux empire

     

    Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 04.03.10

     

    Ces jours, à Genève, à l’arrière des trams, des bus, en prélude à tous les films, dans les salles de cinéma, la pub des partisans de la loi sur l’énergie. Elle est agréable, rafraîchissante, bien faite : elle préfigure un monde plus doux, plus vert, moins réchauffé, moins imprégné par Marx, Jaurès, le sang des hommes, le tragique de l’Histoire.

    Il serait intéressant de savoir un jour combien les milieux financiers, patronaux, ceux qui représentent les entreprises du bâtiment, ont investi dans cette machine de propagande. Car c’en est une. Omniprésente. Avec, en sus, le soutien d’une coalition de partis politiques où on retrouve les Verts avec la droite. Le cartel des bien pensants, ceux qui tiennent Genève et ont la ferme intention d’y faire, entre eux, de bonnes affaires.

    Rarement disproportion entre les moyens de campagne des uns et des autres n’aura été aussi flagrante. Les Genevois jugeront, dimanche, s’il est aussi impérieux que cela de se mettre à isoler des centaines d’immeubles. Puissent-ils prendre leur décision en conscience, et non sous le doux empire du Nirvana Vert, ce mythe d’une humanité qui sortirait de l’Histoire pour entrer dans un monde meilleur, enfin propre.

    Propagande ? Oui. Alliance de circonstance entre les forces de l’argent et l’onirisme verdâtre. Isolons-nous, citoyens : non du froid, mais des obligations de pensée. Ca revigore.

     

    Pascal Décaillet