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Liberté - Page 1324

  • Tu ne tueras point, Emmanuel

     

    Sur le vif - Dimanche 27.02.11 - 11.39h

     

    J’ai déjà, il y a quelques semaines, ici même, parlé d’Emmanuel Kilchenmann. Je l’ai reçu à « Genève à chaud », mais aussi, avec Alexis Favre, au « Grand Oral ». 30 ans, président des Jeunes démocrates-chrétiens fribourgeois, un être issu de Stendhal, de l’époque où existaient encore les grands ordres : l’Eglise, l’armée. Une armature idéologique hors du commun sur les fondements de la démocratie chrétienne européenne. Certains parlent de Léon XIII et de Rerum Novarum (1891) : lui, clairement, les a lus, il les a placés dans un contexte historique, il estime que la Doctrine sociale peut encore avoir des résonances, 120 ans après.

     

    Mais Kilchenmann est également capitaine à l’armée. Est-ce, il y a une vingtaine de minutes, l’impétuosité du grenadier qui s’est réveillée en lui ? Invité de La Soupe, répondant à une question d’Anne Baecher sur la  responsabilité morale de l’ancien syndic de Fribourg, l’actuel conseiller national Dominique de Buman, numéro 2 du PDC suisse, dans l’affaire de la caisse de pension de la Ville, c’est sans une once d’hésitation que le jeune ambitieux a déclaré coupable son cher camarade de parti.

     

    Cela s’appelle un meurtre en direct. Cela rappelle une constante de la politique : l’ennemi est toujours à l’intérieur du camp, les dagues sont chez les « amis ». Chaban, en avril 1974, en a su quelque chose de la part de Chirac. Mark Muller, à Genève, l’éprouve à ses dépens. L’assassinat en politique, est chose courante. Presque un passage obligé. Mais, avec un tel sang-froid, comme à la Soupe sur le coup de 11.15h, c’est de la belle ouvrage. Il est possible que Dominique de Buman n’apprécie que très moyennement cet homicide dépourvu de toute négligence.

     

    Pascal Décaillet

     

  • A quoi sert le Conseil des droits de l’homme ?

     

    Sur le vif - Vendredi 25.02.11 - 19.23h

     

    Au moment où coule, en Libye, le sang de la répression, et au milieu d’horreurs que seule l’Histoire nous restituera, voilà une nouvelle qui va changer la face du monde : le Conseil des droits de l’homme, à Genève, vient « d’adopter une résolution qui demande l’expulsion de la Libye du… Conseil des droits de l’homme » !

     

    Il est bien, le Conseil des droits de l’homme. Il est gentil. Il tombe à point nommé. Expulser la Libye d’un cénacle où elle n’avait, depuis le début, strictement rien à faire, c’est le moins du moins du minimum vital de la décence, et en fait bien en-deçà encore.

     

    Pendant des années, sur la Libye, on ne l’a pas beaucoup entendu, le Conseil des droits de l’homme. Les hommes de Kadhafi s’y pavanaient. Aujourd’hui que le régime chancelle, mitraille les opposants, le Conseil des droits de l’homme se réveille.

     

    A quoi sert le Conseil des droits de l’homme ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • France : l’inconnue 2012

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 25.02.11

     

    Qui sera, dans un peu plus d’un an, le prochain président de la République française ? Nul ne peut le prédire, tant le jeu est ouvert. Question majeure : les fondamentaux qui prévalent depuis plus un demi-siècle (la Cinquième République) sont-ils encore valables, ou une transgression est-elle possible ?

     

    Ces fondamentaux, quels sont-ils ? D’abord, que le futur président, quel que soit son bord, doit tenir fermement les rênes de sa famille politique. De Gaulle en 65, Pompidou en 69, Giscard (dans une moindre mesure, mais aidé par le ralliement de Chirac) en 74, Mitterrand en 81 et 88, Chirac en 95 et 2002. Sarkozy en 2007. Une loi infaillible, jusqu’ici, en régime bipolaire. Si cette loi demeure valable l’an prochain, elle doit exclure les éléments exogènes, style parachutage miracle du patron du FMI qui, lassé des arcanes de Washington, reviendrait prendre goût à la terre de France. De même, l’illusion Delors en 1995, l’homme dont le cruel et génial François Mitterrand avait dit : « Il veut être président, mais ne veut pas être candidat ».

     

    Deuxième question majeure : le second tour verra-t-il, à tout prix, un affrontement entre les deux grands blocs de droite et de gauche (seules exceptions : 1969 et 2002) ? Là encore, mystère. Le chef naturel du camp de droite, le président sortant, apparaît aujourd’hui tellement affaibli, il a tellement dégradé une fonction que de Gaulle et Mitterrand avaient portée si haut, qu’un deuxième quinquennat (pour peu qu’il en ait envie lui-même) apparaît impensable. Et pourtant, pas impossible.

     

    Et puis, c’est vrai, les Français n’aiment guère le retour des émigrés. Ni en 1814, 1815, ni le Bruxellois Delors en 1995. A ces recettes-miracles, idéalisées par une petite cléricature de la presse, ils ont régulièrement préféré les figures politiques ayant passé la législature à se battre à l’intérieur du pays. DSK fera-t-il, dans la dernière ligne droite, les frais de cette vieille loi ? Ou sera-t-il capable, par son envergure, de la transgresser, le premier obstacle étant évidemment l’investiture de son propre camp. Reste une inconnue majeure : le score de Marine Le Pen au premier tour. Sous-estimer ce dernier point, ou vouloir l’écarter d’une chiquenaude, c’est risquer certaines déconvenues cruelles, d’ici mai 2012.

     

    Pascal Décaillet