Sur le vif - Samedi 13.08.11 - 08.44h
« L'élan brisé de l'UDC » : c'est le titre, ce matin, de l'éditorial du Temps, les six mots que tous les yeux verront, en première page. Un titre pour dire quoi ? Que, selon le dernier baromètre électoral Gfs/SSR, avec le Temps comme partenaire (sondage dont tout le monde, depuis quelques années, peut apprécier la visionnaire pertinence), l'UDC « marquerait le pas ».
À supposer que ce sondage, triomphalement diffusé par les services de M. de Weck, ait une quelconque valeur, allez oui supposons-le, examinons les chiffres : UDC 27,4% d'intentions de vote, soit neuf points devant le deuxième parti (le PS, 18,5) et plus de onze devant le PLR (16,1). « Rupture majeure », claironne l'éditorialiste du Temps.
Rupture avec quoi ? Même dans le cas de figure de ce sondage, une fois évacuées les intentions des sondeurs et de leurs propagandistes d'Etat ou de la presse ayant immense pignon sur immense rue, nous sommes exactement dans le cas de figure d'octobre 2007. Une UDC largement devant, des socialistes toujours sous la barre des 20% (aucune sociale démocratie d'Europe ne plonge aussi bas, ce qui ne semble guère troubler le commentateur du Temps), des PDC et PLR qui se chamaillent une somme totale d'environ 30%. Bref, le scénario le plus probable, pour le 23 octobre 2011, est celui d'une continuité : nous serons vraisemblablement dans des grandes masses similaires, à quelques pourcents près, à celles de 2007.
Dès lors, il serait intéressant de s'interroger sur le triomphalisme du Temps (dans son titre), sur l'étrange consanguinité qui relie mandants et mandataires, avec ces éternels sondages Gfs/SSR (et ce qu'ils coûtent !), sur l'éventuelle opération de propagande derrière la soi-disant objectivité des chiffres. Ces questions, dans l'univers éditorial de Suisse romande, précisément étouffé par deux ou trois géants, dont les commanditaires du sondage, qui les posera ?
Pascal Décaillet