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Liberté - Page 1292

  • L'effet Fukushima, c'est fini

     

    Sur le vif - Mardi 30.08.11 - 18.26h

     

    L'espace d'un printemps : c'est ce qu'aura duré, en Suisse, l'effet Fukushima. Suite à la tragédie japonaise, dont il pas question de nier l'ampleur, les esprits, dans notre pays, se sont échauffés jusqu'à la déraison. Ici, un certain prophète d'Apocalypse troquait le thème du climat, sa marque de fabrique pourtant, contre celui du Jugement dernier atomique. Là, le chef d'un parti « centriste » se ralliait un peu vite, derrière la conversion encore plus ahurissante de sa conseillère fédérale, à l'abolition de toute énergie nucléaire en Suisse. C'était le printemps, les désirs de voix poussaient comme des bourgeons : on nous prédisait des Verts à 13 ou 15%, aux élections fédérales. Déjà, les journaux articulaient des noms : tel notable des campagnes et terroirs genevois se voyait déjà, de son pas de sénateur, au gouvernement du pays.

     

    Et puis, comme dans les centrales, il y a le moment fatidique du refroidissement. Il s'est produit cet après-midi, à la commission de l'Energie du Conseil des Etats. Du haut de leur sagesse, les sénateurs (légendairement moins rêveurs que leurs cousins de la Chambre du peuple) veulent bien laisser tomber, à terme, les centrales de la génération actuelle. Mais en aucun cas les technologies du futur. C'est la voie de la sagesse, celle qui refuse de se laisser impressionner par les transes tellement électoralistes des Cassandres de ce printemps. C'est la voie du réalisme. La douche froide pour les incandescents de la fin du monde, hélas relayés, ce printemps, par pur opportunisme électoral, par l'un des grands partis qui, depuis 1891, font le destin de la Suisse. Et le plus fou, c'est que ce sont justement, aujourd'hui à Berne, des sénateurs de ce parti, issus de Suisse centrale et orientale, bref des noirs, qui ont fait la différence. Les snobinards de smartvote en sont pour leurs frais : il existe une Suisse profonde beaucoup plus conservatrice qu'on ne l'imagine. On peut évidemment la combattre, chacun jugera. Mais on ne peut pas la nier. Elle est là, dure et indivisible. Comme l'atome. Avant la fission.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Une vie - Juste une vie

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    Notes de lecture - Mardi 30.08.11 - 10.48h

     

    Il y a encore dix-huit mois, je ne connaissais pas Annie Ernaux. Et c'est la lecture du livre « Les années », au printemps 2010, dont j'avais parlé ici (http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2010/06/27/un-livre-d-ete-eblouissant.html ), qui m'a fait découvrir un auteur éblouissant, qui raconte avec une incroyable simplicité les choses de la vie. Un style. C'est si rare.

     

    J'ai donc récidivé, il y a quelques jours, au bord d'un étang, avec cet autre petit livre. Annie Ernaux raconte l'histoire de sa mère. Rien d'autre. C'est un livre sorti il y a plus d'une vingtaine d'années, il fallait qu'elle l'écrive, il ne pouvait en être autrement. Et le livre commence par la mort, celle de cette maman, le lundi 7 avril 1986, à la maison de retraite de Pontoise. Et le premier chapitre, avec la sobriété d'un aide-mémoire, ne raconte rien d'autre que la journée de cette mort, la préparation du corps, les formalités administratives, les rites de l'inhumation. Comme dans "Les années", c'est universel, presque chosifié : c'est la mère d'Annie et c'est la nôtre, c'est  la première phrase de « L'Etranger », le passage sans doute le plus difficile pour un humain : perdre sa mère.

     

    Et puis, sur 106 pages, c'est la vie de cette femme désormais défunte qui défile. La naissance, en 1906, quatrième de six enfants, à Yvetot, en Normandie. La précarité, et le mot est faible. Le mariage, en 1928, la mort du mari, les rapports avec sa fille, puis avec ses petits-fils. La vieillesse qui arrive, la perte de l'indépendance, la maison de retraite. Une  vie, dans le siècle. Oui, comme dans Maupassant : « Une vie ». C'est l'histoire d'Annie et c'est la nôtre. Son siècle, et le nôtre. L'infinie dévastation de sa solitude. Et la nôtre.

     

    Pascal Décaillet

     

    *** Annie Ernaux, "Une femme", Folio, février 2010, 106 pages.

     

     

  • Pelli KO face à Freysinger

     

    Sur le vif - Samedi 27.08.11 - 18.29h

     

    Tellement révélateur, le fossé de styles entre deux mondes, à l'instant, sur la RSR. Face au beaucoup trop conceptuel Fulvio Pelli, Oskar Freysinger vient de l'emporter largement. Peut-être même par KO. Il s'agissait de libre circulation, de concurrences déloyales de la part de certaines zones frontalières (la Lombardie, par exemple, face au canton de M. Pelli), de Schengen. Le Valaisan a su trouver les mots, exactement, pour dire ce dont souffraient sourdement des milliers de nos compatriotes.

     

    Il a appelé à une compensation du dogme libéral par un minimum de « préférence nationale » pour les Suisses. Ni une remise en cause du libre marché, ni un retour au Plan Wahlen, ni une fermeture des frontières. Non. Juste un minimum de rééquilibrage, de solidarité nationale, pour ceux d'entre nous qui se sentent totalement exclus de la Grande Jouissance Bilatérale.

     

    Les notables auront sans doute préféré, malgré sa grisaille, le discours de Pelli, se disant qu'il était sûrement très sérieux, puisqu'il était ennuyeux. Mais la Suisse n'est pas composée que de notables. De loin pas. Rendez-vous le 23 octobre.

     

    Pascal Décaillet