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Liberté - Page 1293

  • L’Homme debout

     

    Sur le vif - Jeudi 26.05.11 - 10.52h

     

    En politique, mais au fond partout aussi dans la vie, j’ai besoin d’avoir face à moi des hommes debout. Quand je dis « hommes », c’est bien sûr « hommes ou femmes », ne venez pas m’emmerder avec l’épicène.

     

    Restons à la politique. Christian Grobet est un homme debout. A 70 ans, il se bat comme au premier jour. Rude, rugueux, insupportable. Détesté. C’est sa grandeur. Un homme qui cherche à être aimé est déjà mort. Il vivra une autre vie, sans doute agréable, qui ne m’intéresse pas.

     

    Pierre-Yves Maillard est un homme debout. Mon ami Vincent Pellegrini, qui paye très cher la solitude de ses options spirituelles, et néanmoins ne les renie pas, est un homme debout. Philippe Barraud, seul sur son site comme Siméon le Stylite au milieu du désert, est un homme debout. Les moines, les sœurs, les ordres mineurs sont des congrégations d’hommes et de femmes debout. Parce qu’ils ont choisi. Mon autre ami Jean-François Duchosal, qui chemine en pèlerin, est, avec une inimaginable puissance, un homme debout. Alberto Velasco est un homme debout.

     

    Il y a tant d’hommes et de femmes debout, dont il faudrait parler. Dans les marges. Marge de gauche (Salika est une femme debout), marge de droite, irrédentistes préconciliaires, vieux fous, imprécateurs, défenseurs des pauvres et des malades, infirmières d’EMS, tant d’anonymes à qui je veux, ici, rendre hommage.

     

    Et puis, quelque part au niveau du sol, il y a l’homme couché. Horizontal. Celui qui ne vit que par le réseau, le cocktail. Oui, il y a la nauséabonde multitude des faux amis, tout comme il y a, chez Verlaine, le sublime poème des « faux beaux jours ». Lumière, étincelante, de la syllabe.

     

    Uli Windisch, attaqué de partout par la cléricature, est un homme debout. Tout comme Jean Ziegler est un homme debout. Freysinger, Despot sont des hommes debout.

     

    Cyril Aellen est un homme debout. Qu’on retrouvera, un jour.

     

    Je n’ai parlé ici ni des saints, ni des héros, ni d’ailleurs des salauds. L’homme horizontal, l’homme de cocktail, n’est même pas un salaud. Il y a, chez le salaud, comme une majesté du mal dont l’homme en réseau n’est même pas digne.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Cyril Aellen : la race des seigneurs

     

    Sur le vif - Mercredi 25.05.11 - 11.23h

     

    La « race des seigneurs » : c’est le terme employé hier, à Troinex,  par Jacques-Simon Eggly pour saluer Cyril Aellen, président sortant du parti libéral genevois, le dernier président que les libéraux auront connus. A coup sûr, l’un des meilleurs.

     

    Là où d’autres, en certain parti cousin, se sont contentés, sous l’étiquette et l’apparence présidentielles, d’assumer la conciergerie du parti, les vraies décisions étant prises ailleurs (ce que tout le monde sait, et nul ne dit), Cyril Aellen, lui, s’est comporté en chef et en responsable. Président, il a défini une stratégie, d’ailleurs toujours plébiscitée par les assemblées, il a opéré des choix, défini une vision à long terme, mené combat, jamais trahi sa parole, tenu le cap. Exactement ce qu’on attend d’un capitaine. Ces stratégies, on peut bien sûr les contester (pour ma part, je les considère comme justes, et seules porteuses de long terme), mais au moins elles impliquent le courage d’un choix. « Gouverner, c’est choisir » : oui, il y a quelque chose de la rigueur mendésienne dans le comportement politique de cet homme qui n’a même pas encore quarante ans.

     

    Lundi prochain, le nouveau parti, unifié, désignera un président. Qui ? Le pire serait, pour ménager les tensions, de porter son choix, par défaut ou par annulation, sur un concierge. Un intendant. Un Mister Nobody. Un bailli. De nos jours, le président incarne le parti, il est dans les médias, sous les projecteurs. Il faut une personnalité forte. Indépendante. Libre de ses actes. Frondeuse. Dérangeante. En avance sur tous les autres. Exactement ce qu’aura été Cyril Aellen.

     

    L’homme, dans les temps qui viennent, va devoir traverser le désert. Aujourd’hui, le petit clan de l’ombre  qui le poignardait, par spadassins interposés, dans le Matin dimanche, s’imagine qu’il a gagné. Il aura vite fait de déchanter. Si la force de nuisance de ce pronunciamiento permanent réussit à imposer son venin dans le futur parti, alors le PLR genevois est mort-né.

     

    Cyril Aellen est, à Genève, l’un de nos meilleurs espoirs politiques. Il a du courage, de la vision, de la fidélité. Je suis persuadé qu’un jour ou l’autre, on le retrouvera dans des fonctions signalées. Au service de la République.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le niveau de la ceinture

     

    Sur le vif - Mardi 24.05.11 - 15.04h

     

    Oui, il existe une Garde noire. Oui, il y a quelque part un Cercle des Trois, encore que j’incline à penser, depuis hier matin, qu’il soit en fait un pacte-à-quatre. Toutes choses au demeurant légales : nous vivons sous un régime de liberté d’association, chacun a bien le droit de s’acoquiner avec qui il veut. Et même, s’il plaît à d’aucuns de s’encagouler, s’interpénétrer, que chaque âme vive sa vie terrestre, c’est le lot des choses humaines.

     

    Mais les petits salopiaux qui ont inspiré le papier du Matin dimanche sur Cyril Aellen, à seules fins de nuire à ce président honnête et courageux, ne l’emporteront pas en paradis. La politique, certes, est sans merci. On n’y a jamais d’amis. Il ne faut rien en attendre que des coups, des rapports de force. Mais il existe un niveau d’horizontalité où ces échanges doivent s’opérer, quelque part au-dessus de la ceinture.

     

    Faire passer pour cupide, devant toute la Suisse romande, un homme d’honneur et d’intégrité est tout simplement dégueulasse. Les sources, en l’espèce, ont la clarté cristalline d’un lac de haute montagne, se trahissent par des échos « copiés-collés » de certaines expressions. Ainsi, lorsqu’on dit de Florence Kraft-Babel qu’elle a atteint « les fins fonds du classement » (alors qu’elle finit sixième, juste sous la barre, en cela mieux placée que la candidate libérale de 2007), on reproduit, mot pour mot, les vipérines prévisions de son cher colistier radical dans un séminaire de démarrage de campagne. Troublant, non ?

     

    Les sources, en journalisme, cela se recoupe et se vérifie. N’en retenir qu’une seule, par choix, par omission, ou sur ordre d’un chef, c’est courir au travestissement de la vérité. C’est cela, en 1400 signes, que j’écrivais hier matin dans un quotidien genevois. Je n’en retranche ni la moindre virgule, ni le moindre iota.

     

    Pascal Décaillet