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Liberté - Page 1198

  • Saint François des Assises

     

    Sur le vif - Samedi 04.02.12 - 17.53h

     

    Président sortant du PDC genevois, le sympathique et humaniste François Gillet vient de signer, à 16.53h, un communiqué nous donnant les fruits « d'Assises » de son parti, dont le résultat, condensé en treize lignes, n'est pas d'une importance banale dans la vie politique genevoise. Le PDC genevois déclare faire évoluer ses alliances dans le sens suivant : « Un élargissement du centre avec le PLR, les Verts libéraux et les Verts ; de fortes réticences confirmées à un élargissement à l'UDC et au MCG ».

     

    La grande ambition du pivot central. Demeurer arrimé à feue l'Entente (n'est-elle pas morte au printemps 2011 ?), tout en intégrant officiellement des Verts en effet de plus en plus « collaboratifs ». La grande ambition du centre fort. Le PDC genevois se prend un peu pour le Zentrum bismarckien, un peu pour la Democrazia Cristiana de l'après-guerre, un peu pour le MRP de la Quatrième. Inspiré par les Assises, Saint François parlerait jusqu'aux oiseaux.

     

    Céleste, certes. Mais le parti de M. Gillet a-t-il les moyens de cette politique ? Les partenaires de l'Entente ont-ils été consultés sur l'intégration de Verts qui, jusqu'à nouvel ordre, appartiennent à une Alternative de gauche, ont toujours été élus sur des listes de gauche, des programmes de gauche, en alliance avec, en tout cas, les socialistes ? Bref, Saint-François, l'inspiré des Assises, n'a-t-il pas tendance à rêver tous seul ? Réinventer seul la carte politique genevoise. Autoproclamer seul son parti comme pivot de droit divin, croisée des transepts, point de rencontre des médiatrices.

     

    Position, au demeurant, fort confortable (mais gageons que Saint François n'ait pas été saisi d'aussi matérielles pensées), puisqu'elle garantit au PDC l'éternité gouvernementale : que la droite s'affaiblisse, les illuminés des Assises demeureront avec la gauche ; que la gauche s'effrite, Saint François et les siens resteront l'aile humaniste et sociale d'une équipe de droite. Génial, au fond : dans tous les cas, le pivot gagne le salut. Celui de l'opportunité ? Ou celui des âmes ? Celui de la fidélité ? Ou celui des Indulgences ?

     

    Pascal Décaillet

     

    PS - Un autre François, Mauriac, avait reçu ce génial surnom de Sartre (me semble-t-il) au moment où, voulant sauver Brasillach et quelques autres condamnés de l'Epuration, il courait les prétoires. Toute ressemblance.....



  • Bayrou 2012

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 03.02.12

     

    « Il faut un François à l'Elysée », titrais-je ici même, fin décembre. Je confirme. Et j'ajoute, en ce début février, que ce François devrait, selon moi, être Bayrou. Me voilà donc repiqué de la même fièvre qu'il y a cinq ans, lorsque je plaidais, dans ces mêmes colonnes, pour la candidature du Béarnais. Oui, il me séduit. Oui, quelque chose en lui me touche. Non, il ne ressemble à nul autre. Je sais, bien sûr, qu'il a très peu de chances, n'étant pour l'heure que quatrième dans les sondages, derrière François Hollande, Nicolas Sarkozy et une Marine Le Pen qui pourrait bien surprendre au premier tour. Tout cela, je le sais. Mais, comme il y a cinq ans, j'ai envie de croire dans la candidature de cet homme attachant, atypique.

     

    Pourquoi, au fond ? Alors que je ne suis pas spécialement centriste, ni franchement tétanisé par l'Union européenne, deux valeurs assurément fondatrices de l'engagement de Bayrou. Eh bien, parce que l'homme recèle en lui une incroyable détermination ! Il m'apparaît comme très seul, ce qui peut s'avérer une qualité majeure. Il ne doit rien qu'à lui-même. Il aime la terre et la littérature, oui, à la fois la culture, au sens propre, celle de la tâche paysanne pour récolter des fruits de son travail, et aussi dans le sens élaboré des lettres, de la poésie, des humanités, qui sont le sel de sa formation. Le labour de la terre, le labeur des syllabes, voilà un rapprochement d'antique teneur, où le bucolique le dispute à le vertu de l'effort, quelque chose de difficile à obtenir, à l'image du verbe de cet homme, ancien bègue, tout le contraire du Parisien facile, mais désespérant de légèreté.

     

    Et puis, Bayrou, c'est l'anti-Sarkozy. Il parle moins bien, enfin avec moins d'aisance. Il ne fut jamais l'homme du clinquant. Il a toujours montré, face aux forces de l'Argent (j'emprunte à Péguy, et à ses lumineux Cahier de la Quinzaine, la majuscule à ce mot), la plus inflexible indifférence. Non pour fuir le Capital, ni le diaboliser, simplement ne point en être dépendant. Hélas, l'actuel président a parfois livré cette impression, ce qui en France ne pardonne pas. J'adhérerais enfin, si j'étais électeur en France, aux quatre points de son programme : produire français, lutter contre l'endettement, mettre l'accent sur la formation, moderniser la démocratie française. Ce sont là des questions capitales, reconnues d'ailleurs par d'autres candidats.

     

    Alors, quoi ? Alors, bien sûr, mon héros d'il y a cinq ans et d'aujourd'hui risque bien de se retrouver quatrième, ou troisième, au soir du premier tour ! C'est la vie. Tout au moins, il aura fait surgir, comme en 2007, des éléments de terre et de racines, de pesanteur, oui des fragments de vérité, qui nourrissent vraiment le débat politique. C'est à cela que sert une élection. Jeter des idées, les confronter, les mesurer à celles de ses concurrents. Cela s'appelle, simplement, la démocratie.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • L'Oiseau bleu

     

    Sur le vif - Lundi 30.01.12 - 11.50h

     

    Un Monsieur, tout à l'heure chez Madeleine Caboche, parlait du martin-pêcheur, l'un des plus beaux oiseaux. Et du bleu de son plumage, qui rappelait celui de Fra Angelico. L'Italie, les oiseaux, jetés là, dans le poste, à l'avant-veille d'une Sibérie promise, comme de petits fragments de paradis. La radio, c'est la vie.

     

    Pascal Décaillet