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Liberté - Page 1202

  • Julie et le sable chaud

     

    Sur le vif - Mardi 24.01.12 - 14.07h

     

    Ineffable Julie ! Dans son édito du mardi 24 janvier, la Tribune de Genève se félicite que les partis genevois, « mis à part UDC et MCG » (elle omet le PS), fassent profil bas face aux affaires qui secouent le Conseil d'Etat. En clair, la démocratie, c'est fermer sa gueule, raser les murs, enfouir sa tête sous le sable chaud. Cautionner l'omerta entre partis gouvernementaux (Entente, avec la très active collaboration des Verts) pour ne surtout pas fragiliser l'équipe au pouvoir. En plus clair encore: la TG soutient bec et ongles le pouvoir en place. C'est son droit. Mais qu'elle le dise clairement.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Le retour de l'Oncle Charles

     

    Sur le vif - Mardi 24.01.12 - 12.24h

     

    « Le Conseil d'Etat est fragilisé », reconnaît son vice-président, Charles Beer, dans la Tribune de Genève de ce matin. Constat lucide ! Mais question : pourquoi Charles Beer s'exprime-t-il ? Qu'il l'ait fait sur le plateau d'Infrarouge, Pierre-François Unger étant « retenu par d'autres obligations », passe encore. Mais là, à froid ? Pour insister, une nouvelle fois, sur le thème de la démission. A-t-il le plein aval de son président ? Joue-t-il solo, comme naguère, sur le pont du Mont-Blanc ? Chez cet homme à l'instinct politique puissant, la tentation solitaire est récurrente. C'est le syndrome de l'Oncle Charles. Un ami de la famille, qui lui veut du bien.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • La vie commence à Kitzbühel

     

    Sur le vif - Samedi 21.01.12 - 16.54h

     

    D'abord, le vertige de la pente. Droit en bas. Même amputée, aujourd'hui, pour cause de neige qui tombe, de sa folie initiale, celle qui faisait peur jusqu'à Collombin (« Bon, on rentre à l'hôtel, ou quoi ? »), la Streif, c'est un morceau de folie. Pas celle des monts. Celle des hommes. Il n'est pas plus naturel de s'y élancer que de sauter en parachute. Pour jaillir quand même de ce portillon-là, faut quelque part une sacrée fêlure. Une zébrure.

     

    Parce que le départ, c'est juste le prénom. Autant le Lauberhorn exige perfection technique, intelligence des virages, autant la Streif appelle la folie. Celle des plus grands. Killy, Schranz, Collombin, Klammer, Zurbriggen, Heinzer, Maier. Et un certain Didier Cuche. Wengen, c'est pour les cerveaux. Kitzbühel, pour les fadas. La zébrure. L'écorchure. La tare originelle. La Streif, c'est une tentative de rachat du péché. La mort est là, toute proche, qui t'attend et qui t'aime. Oui, la vie commence à Kitzbühel. Parce qu'elle pourrait très bien s'y terminer.

     

    Avec mon père, qui m'a appris à skier, on était rivés à l'écran, les samedis midi. A écouter Christian Bonardelli, fantastique commentateur. Et puis, des courses, on est allés en voir, en vrai, des craquées. La Streif, à la télé, c'était la messe. Schranz, le pape. Collombin, le contorsionniste. Le déséquilibré permanent, toujours limite chute, mais qui finissait par gagner (1973, 1974). La folie créatrice de ce désordre, nous l'avons retrouvée chez Cuche. Quand ? Mais aujourd'hui, pardi ! Oui, ce samedi 21 janvier 2012, sur le coup de 13 heures. Réellement, à certains moments de la course, j'ai eu peur. C'est comme quand Bode Miller s'est mis à danser : lever la jambe à 120 km/h, plaque de verglas sous la couche de neige fraîche, le coup classique, et le type qui ramène le ski droit, et la course qui continue. Il y a un dieu pour les voltigeurs, un dieu pour les fous.

     

    Oui, peur. Il la voulait, cette cinquième et dernière victoire. Gagner Kitzbühel à 37 ans ! Schranz, déjà, en remportant le doublé à plus de 33 ans, en 1972, nous apparaissait comme un extra-terrestre. Mais Cuche ! Ce courage. Cette carrière. Cette caboche. Cette tronche de combattant solitaire. Cet enfant chéri de la victoire, pour être tellement allé la chercher. Il est l'un de nos plus grands skieurs. Et si sa dernière saison, l'air de rien, était la plus belle ? La vie commence à Kitzbühel. Parce qu'elle pourrait, à chaque centième de seconde, s'y terminer.

     

    Pascal Décaillet