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Liberté - Page 1201

  • Mendier n'est pas un crime

     

    Sur le vif - Vendredi 20.04.12 - 12.42h

     

    Mendier n'est pas un crime: je soutiens cette pétition, remise aujourd'hui avec 3500 signatures à Genève. Il faut démanteler les réseaux. Mais l'acte individuel de mendier - et de donner ou non à
    un mendiant - demeure une liberté humaine dont l'Etat n'a pas à se mêler. Je ne supporte pas les campagnes politiques sur le dos des mendiants. Encore moins lorsqu'on ne dit même plus "les mendiants", mais "les Roms". Indécence. Inculture historique. Colère.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • René Gonzalez

     

    Jeudi 19.04.12 - 13.56h

     

    De Vidy, il avait fait un lieu magique. Habité par l'esprit. Un lieu de jeu, de masques, de surprises, d'émotions intenses. Furtives. Il en avait fait ce que Claude Stratz avait fait de la Comédie, Martine Paschoud du Poche, Chéreau des Amandiers : un lieu de vie.

     

    Qu'est-ce qu'un directeur de théâtre ? Celui qui hume, détecte. Celui qui donne le souffle. Celui qui tranche, celui qui aime. Autour de lui, quelque chose se passe. Invisible, quelque chose danse : l'esprit.

     

    Peu de patrons auront marqué leurs lieux, en Suisse romande, comme René Gonzalez à Vidy. Un espace pour le théâtre et autour du théâtre, la magique proximité du lac. Structure, oui. Et bien gérée ! Mais structure, non tournée sur elle-même, mais entièrement au service des œuvres. La matière, comme enluminure de l'esprit.

     

    Des lieux où souffle l'esprit. Grâce à lui, Vidy en est un. C'est ce qui fait un homme : le passage glissant d'une âme. Qui demeure.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La révocation pour les nuls ?

     

     

    Je poursuis ici ma série d'entretiens avec le jeune écrivain Grégoire Barbey. Thème du jour: faute de révoquer l'Edit de Nantes, si on révoquait en cours de mandat les élus laissant à désirer? - Mercredi 18.04.12 - 14.23h.

     

     

    GB - Cher Pascal, vous qui y êtes, si je ne m'abuse, profondément démocrate - et d'après ce que j'ai pu lire et entendre de vos positions, je serais tenté de vous assimiler, au moins en théorie, au PDC -, que penseriez-vous d'une initiative demandant à instaurer comme droit civique la possibilité de révoquer les élu-e-s en cours de mandat ? Bien évidemment, les contours d'une telle initiative devront être dûment dessinés pour être cohérents. Ces politiciens qui parlent de transformer la politique sont nombreux, mais ils n'apportent rien. Pour une politique non pas de spectacle, mais bel et bien d'acte, offrons au Peuple le droit d'influer sur ses représentant-e-s !

     

    PaD - A la bonne heure, me voilà PDC ! Divine surprise. Sur le fond de votre proposition : la démocratie, c'est, par exemple, le pouvoir pour le peuple d'élire ses représentants. Pour une période donnée : quatre ans, cinq ans. Cela ne doit pas être le pouvoir, pour le peuple, de harceler continuellement ses élus, en cours de mandat, par des menaces de révocation. Il faut laisser à nos autorités le temps de l'action. Et la meilleure sanction, c'est, le terme venu, la non réélection. En cas de crise aiguë, les intéressés, de toute manière, sont soumis à une telle pression (de leurs pairs, souvent !) qu'ils finissent spontanément par démissionner.


    GB - Dans « le Matin » du 6 avril, le Conseiller national (PLR/VD) Fathi Derder parlait justement de cette peur qu'ont les élus de ne pas être réélus, allant jusqu'à affirmer que certains préféraient agir le moins possible pour s'éviter la foudre de leurs électeurs. Cette proposition de pouvoir révoquer les élus en cours de mandat devraient au contraire les pousser à écouter les doléances du Peuple plutôt que de sombrer dans des mascarades théâtrales pour faire passer la pilule...

     

    PaD - Je ferais volontiers la connaissance de ce Monsieur ! Rappeler continuellement à nos élus leur devoir de diligence et d'efficacité, oui. C'est le rôle de l'opinion publique. Les attaquer éditorialement, oui. Leur rappeler qu'ils sont au service de la collectivité. Mais la révocation, ou l'impeachment (cf. Nixon, 1974), cette épée de Damoclès, ne me semble pas une bonne solution. En les élisant, on leur donne un certain pouvoir pour une certaine durée. Exemple : Sarkozy a eu cinq ans pour agir. Le 6 mai à 20h, il sera peut-être poliment prié d'aller voir ailleurs. Il aura eu sa chance.

     

    GB - Oui, il aura eu sa chance. Et à quel prix ? Tous, ou presque, s'accordent pour dire que son bilan est catastrophique. Combien de françaises et de français ont ardemment désiré de le voir se retirer avant l'heure ? Nous ne pouvons pas seulement élire puis nous contenter d'attendre, la bouche ouverture, que vienne l'heure des comptes. Diriger un pays, participer à son fonctionnement, incombe des responsabilités, mais avant tout des devoirs ! Et nos représentants, démocratiquement élus, n'échappent pas à cette règle !

     

    PaD - Certes. Mais je ne suis pas d'accord de soumettre nos élus à la dictature, au demeurant si versatile, de l'opinion. Tout mandat a des hauts et des bas, tout président doit se heurter à des grèves, des crises. Et c'est justement à lui de les résoudre. Dans une enveloppe de temps donnée. Et puis, il faut parfois prendre des décisions impopulaires : hausses d'impôts, allongement des durées de cotisation. Sous les huées, il faut tenir. C'est très dur, mais ça fait partie du jeu. Et c'est pour cela qu'il faut élire des gens avec du format.

     

    GB - Tout doit être une question de juste mesure. Laisser le champ libre durant plusieurs années à une personne, au demeurant humaine et capable de se tromper et ainsi en faire pâtir la population toute entière, je n'y suis que moyennement favorable. Je ne veux pas d'un diktat de l'opinion publique, mais je ne veux pas non plus d'une aristocratie politique ! Dès lors, il faut pouvoir instaurer des garde-fous pour sauvegarder nos institutions et le bien-être de nos semblables.

     

    PaD - En l'espèce - et en attendant mieux - il y a déjà un jouissif garde-fous : la non-réélection. Et un autre, en cours de mandat, qui n'est pas moindre : la liberté absolue de s'exprimer, critiquer, brocarder, vilipender. Elle ne s'use, celle-là, que lorsqu'on ne s'en sert pas.

     


    Grégoire Barbey + Pascal Décaillet