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Liberté - Page 1205

  • Nuits genevoises : la vie qui va

     

    Sur le vif - Vendredi 13.01.12 - 18.41h

     

    Bon, c'est fait, nous y sommes. Rome n'est plus dans Rome, et la Rome protestante, alors là, je vous raconte pas ! Réveillon, nuit magique, femme fatale, ministre au cœur de braise, barman grincheux, rose au poing, pluie d'étoiles : la vie qui va. Et l'année passe ! Sur la pointe des pieds. L'air de rien.

     

    J'ai toujours aimé les bagarres de bar, oh pas en vrai, juste en littérature, chez Genet, par exemple, Querelle de Brest. Mais c'est entre hommes. Chez Koltès, encore plus, Quai Ouest, quand la profondeur d'une litanie vient arracher les cicatrices des personnages, ici un père, là un fils, entre eux la noirceur d'une malédiction : la vie qui va. Oui, j'aime la violence des hommes, pas la physique, pas celle du sang, ni des ecchymoses, non, juste celle de leur solitude. Ton ange gardien, dans la nuit bleue du réveillon. Et le barman, y'a des moments où il ferait mieux de pas trop venir te chercher.

     

    Alors voilà, charivari. Le poing ministériel entre en action. Nuit magique, poing final, la vie qui va. Et la plus haute tour qui s'écroule. Et les chiens, déjà, qui hurlent. Les mêmes qui protègent une ministre trop faible, hurleront, oui, sur cette affaire purement privée. Ils hurleront. Moi pas. Je retourne à Koltès.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Police : ce qui se joue politiquement

     

     

    Sur le vif - Mercredi 11.01.12 - 17.12h

     

    A l'instant, le Conseil d'Etat donne de la voix, considère comme « illégales » certaines actions annoncées par les policiers, convoque Mme Bonfanti. A plein nez, voilà qui sent le fusible. Pour sauver le soldat Rochat, on va évidemment charger la cheffe opérationnelle de la police, lui faire porter à la fois le fardeau et le chapeau, déclarer urbi et orbi que ces histoires  d'horaires qui foirent, c'est sa faute. Ce climat d'exécution était déjà perceptible hier soir, à travers les propos du PDC Philippe Morel, un homme qui a tout intérêt, pour son avenir politique, à sauver politiquement l'Entente. Quitte à faire rouler une tête.

     

    Car l'affaire, déjà, n'est plus celle de la police. Mais celle du Conseil d'Etat. Hier soir, trois des six partis du Grand Conseil (PS, MCG, UDC) demandaient qu'Isabel Rochat soit dessaisie du Ministère de la Police. Deux d'entre eux réclamaient une rocade. Le troisième, carrément une démission et une élection complémentaire. Comme début d'année, on a connu plus calme ! Il y a donc urgence, politiquement, à serrer les coudes : d'abord, on sauve la ministre, ensuite en reprend ses esprits, on souffle un peu, et on voit ce qu'on peut faire.

     

    Sauver Mme Rochat, pourquoi ? Parce qu'elle est le maillon faible de cette équipe gouvernementale. Accepter une rocade, ou une mise sous tutelle, ce serait reconnaître l'erreur de casting de 2009. Laisser deux partis non-gouvernementaux (MCG, UDC), et un troisième qui l'est devenu si peu (PS), dicter l'agenda. Reconnaître la victoire des Marges sur le pouvoir établi.

     

    Clairement, la frontalité politique genevoise oppose l'Entente (élargie à des Verts de plus en plus heureux de collaborer) à la somme des Marges. Cette somme, aujourd'hui, n'est pas majoritaire. Demain, après-demain, elle pourrait le devenir. En attendant, on s'active à sauver une ministre qui n'est pas au niveau. C'est juste un acte de survie, de coagulation dans l'urgence, allez disons un masque à oxygène (n'est-ce pas, Dr Morel ?). Mais cela, en aucun cas, ne peut tenir lieu de politique crédible, à long terme.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Epitre au Romain

     

    Sur le vif - Mercredi 11.01.12 - 15.59h

     

    Voilà bien longtemps que je m'intéresse au combat politique de Romain de Sainte Marie. Un passionné. Un fou de politique, comme il y a des fous de rugby, de clavecin, de guitare électrique, de grimpette dans les Alpes. Un hyperactif, aussi. Surtout, un joyeux : un jeune militant qui donne envie, non nécessairement de partager ses idées, mais de se tremper dans la chose publique. L'équivalent, chez les socialistes, de ce que furent, naguère et à son âge, un Maudet chez les radicaux, un Darbellay chez les chrétiens-sociaux (avant de passer au PDC), un Murat Julian Alder ou un Nantermod au PLR. L'équivalent, en puissance intérieure, d'un Emmanuel Kilchenmann, l'étoile montante de la démocratie chrétienne, à Fribourg.

     

    Il fut un temps, pas si lointain, où le parti socialiste genevois donnait davantage envie de se pendre, ce qui n'est jamais très porteur, que de croquer la vie à pleines dents. Reconnaissons d'ailleurs que cette formation a, depuis la défaite électorale de l'automne 2009, favorablement évolué. Mais même en ce temps-là, le jeune Romain, avec son équipe de Jeunes Socialistes, multipliait les actions publiques, jamais agressives, pour donner envie aux gens de s'intéresser à la politique. Oui, chez les jeunes, ça bougeait, alors que les aînés donnaient plutôt le sentiment de s'assoupir.

     

    Aujourd'hui, le voilà candidat à la présidence du parti. Y parviendra-t-il ? Les clans, contre lui, vont-ils se reconstituer ? D'autres figures du parti, avec davantage d'expérience, vont-elles se profiler pour la succession de René Longet ? A voir. Mais une chose est sûre : nous avons là une excellente candidature de combat, un jeune homme de courage, de conviction, qui a vraiment envie de faire bouger les choses dans la République. Il parle, on le comprend. La phrase est simple, accessible à tous, le verbe clair, le propos se veut utile. « Populisme », râleront les vieux grogneux. Eh bien, qu'ils grognent ! Pour une fois qu'un socialiste parle au peuple - et s'en soucie sincèrement - on ne va tout de même pas faire la fine bouche. Qu'il se batte, cet homme-là, qu'il nous dérange : il en a le talent.

     

    Pascal Décaillet