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Sur le vif - Page 818

  • Comparaison et déraison

     

    Sur le vif - Jeudi 05.12.13 - 17.14h

     

    Didier Burkhalter, un nouveau Delamuraz ? Mon confrère Alain Rebetez, Neuchâtelois précisons-le, a osé hier soir à la TSR une comparaison pour le moins hasardeuse. Jean-Pascal Delamuraz était un être de feu. Chaleur et lumière. Passion. Toute son âme, tout son être, en fusion. Son humour lacérait, transgressait, caressait, détonait, et finalement retentissait par la magie filante d’une syllabe finale. Il buvait la vie jusqu’à la lie, se détruisait lui-même, donnait au pays et à sa propre existence, comme Dom Juan au Commandeur, des rendez-vous de destin. Face au feu ! Il les perdait, il assumait. Il a perdu, il nous a quittés.

     

    Tel était Jean-Pascal Delamuraz. Hors comparaison. Folie, profonde humanité, étincelante intelligence, noblesse de la déraison.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les Verts libéraux osent - Bravo à eux !

     

    Sur le vif - Mercredi 04.12.13 - 17.33h

     

    En lançant, ce matin à Berne, leur initiative parlementaire permettant d’ouvrir le mariage aux couples de même sexe, les Verts libéraux propulsent dans la place publique un débat qui a parfaitement lieu d’être. La France, notre voisin, grande démocratie de 60 millions d’habitants, l’a mené, avec grand fracas. Pourquoi la société suisse, qui lui est comparable, ne pourrait-elle pas l’entamer ? Et pourquoi un parti politique présent en plusieurs cantons, actif à Berne sous la Coupole fédérale, ne pourrait-il pas prendre l’initiative de le lancer ? Le rôle des partis n’est-il pas justement d’être en avance, sentir les grands soubresauts de notre société, proposer, anticiper plutôt que de se mettre à la remorque, ou subir ?

     

    La Suisse est une démocratie. Si les deux textes des Verts libéraux passent la rampe, à l’issue d’un vaste débat de fond, la décision finale incombera au souverain. En France, la seule décision du Parlement, Assemblée Nationale et Sénat, a suffi pour imposer à la population l’une des plus importantes réformes de société de ces dernières décennies, disons qu’il faut remonter à Simone Veil, donc Giscard (1974-1981), pour trouver des points de comparaison. Oui, nous aurons des pour et nous aurons des contre. Et tout cela s’entremêlera et s’affrontera, dans la dialectique de la démocratie. Comment ne pas s’en féliciter ?

     

    Pour ma part, je suis favorable au mariage pour tous. Et je sais qu’un nombre non-négligeable de mes compatriotes y seront opposés. Eh bien, discutons-en ! La vivacité d’une démocratie, c’est oser les sujets, à commencer par ceux qui dérangent. Du débat, nous n’avons rien à craindre. J’en profite pour saluer les Verts libéraux suisses. « Opportunisme d’un jeune parti pour se mettre en vue », relèvent les sceptiques. Je veux bien. Mais enfin, c’est de bonne guerre : tout lancement d’initiative, en Suisse, possède en lui une fonction de mise en valeur et d’appel à la notoriété du parti. Et ils ne manquent pas de courage, les Verts libéraux, parce qu’un échec, ou un flop, ou une liquéfaction dans le temps et d’improbables contre-projets, se retourneraient contre eux, ils le savent.

     

    Citoyen de ce pays, j’apprécie que les partis prennent des initiatives. Qu’ils donnent au peuple des rendez-vous de destin. Ils peuvent gagner, et surtout beaucoup perdre. L’essence de la politique est action et combat, en fonction d’objectifs. Agir, plutôt que se regarder. Citoyen, oui, je remercie les Verts libéraux de lancer dans mon pays un débat d’importance. Nous aurons largement l’occasion d’y revenir.

     

    Pascal Décaillet

     

  • MCG : la mortelle tentation de l'illisible

     

    Sur le vif - Samedi 30.11.13 - 19.16h

     

    Je scrute et décrypte les premiers signaux de la législature naissante. A chaque heure qui avance, je me dis davantage qu'elle ne sera décidément pas du tout tripolaire, comme nous pûmes le croire initialement, mais férocement bipolaire. Il y a une gauche. Il y a une droite. Les deux se sont radicalisées. La charnière centriste démocrate-chrétienne ne décide plus de rien, au Parlement, malgré ses deux ministres à l'exécutif, c'est l'un des paradoxes les plus salés de la nouvelle donne, jaillie des urnes cet automne.



    Le vrai parti charnière, c'est le MCG. Sur le rôle qu'il jouera pendant ces 54 mois de législature, nul d'entre nous n'a la moindre idée, tant les premiers signaux sont illisibles et contradictoires. Par exemple, ne nous fions pas à l'apparence d'union sacrée en Commission des Finances, non ne nous y fions surtout pas avant d'avoir entendu, les 19 et 20 décembre, le rapport de majorité que nous prépare Eric Stauffer. Pour ma part, il ne m'est pas possible de voir cet homme, dans cette fonction de sage assis au milieu de l'assemblée, autrement que comme un contre-emploi.



    En Commission des Finances, le MCG a joué double jeu. D'accord avec la droite sur les coupes et l'équilibre, mais d'accord aussi avec toutes les dépenses de la gauche. Non seulement ils ne tiendront pas 54 mois dans cette duplicité, mais je suis prêt à parier que les masques tomberont les 19 et 20 décembre, déjà. Les Finances sont l'un des domaines, en politique, où la clarté est la mieux récompensée, et le double jeu, le plus sévèrement puni. Dès avant Noël donc, ce nouveau groupe parlementaire de vingt personnes devra avoir des choix lisibles, fiables, reconnaissables, qui les engagent pour la législature. Il ne m'étonnerait pas que ce choix s'avère assez vite le retour à l'opposition gouvernementale. Que l'un des leurs, ex-PDC, soit au Conseil d'Etat, n'y changera rien, ou si peu. Dès lors, l'Entente pourrait bien se mettre à regarder avec beaucoup de respect et de politesse les membres du groupe UDC.


    Or, au MCG, que se passe-t-il ? L'homme qui a su, discrètement mais avec talent, fédérer le parti, résister à ses ferments naturels de dispersion, et finalement le mener à la victoire, Roger Golay, va être nécessairement amené, vu ses nouvelles fonctions bernoises, à prendre du champ. Franchement dit, c'est le pire moment. Je le répète, les différents signaux donnés ces temps, notamment dans le domaine budgétaire, ne sont pas clairs. Je ne parlerai pas encore d'une incapacité à gérer la victoire, ou un groupe parlementaire trop encombrant, mais ce parti aurait intérêt, entre sa tentation de jouer les violents admirables, et celle, radicalement opposée, d'aller tâter le bourgeois dans les cocktails et sous les voûtes patriciennes, à proposer à l'opinion des choix clairs. Sans quoi, l'ombre du déclin pourrait poindre à l'horizon. Par défaut de stratégie. Par atermoiements. Le pire en politique: délivrer des messages brouillés. Ou des messages de brouille. Dans les deux cas, la Roche Tarpéienne se profile.

     

    Pascal Décaillet