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Sur le vif - Page 815

  • Paysage médiatique : présents à l'appel !

     

    Sur le vif - Samedi 04.01.14 - 11.09h

     

    Président de la SSR, Raymond Loretan est un homme courtois, intelligent et cultivé. Dans le Matin d'aujourd'hui, il nous adresse ses vœux 2014. Il nous présente la SSR comme un facteur de cohésion nationale. Et estime qu'elle doit se partager la mission d'informer le bon peuple avec les éditeurs de presse écrite. C'est une vision sympathique. Des années 70.



    Quid des télévisions régionales, quid de Canal 9, La Télé, Léman Bleu, qui se battent fantastiquement, avec des moyens incomparables à ceux de la SSR, pour faire vivre l'information de proximité ? Quid des radios privées ? Quid d'internet, et des nouveaux sites ? Quid des réseaux sociaux et de ce qu'on pourrait en faire dans une optique d'information interactive ?



    Au nom de quoi la SSR, avec ses séries américaines et son financement captif, aurait-elle plus droit au label de "cohésion" que tant d'autres vecteurs, tellement vivants, tellement combatifs pour survivre dans un environnement concurrentiel ?



    Des vœux sympathiques. Mais des vœux des années 70. Je souhaite tout de même à mon éminent compatriote une excellente Année 2014. Quant à nous, tous les autres, les petits entrepreneurs comme moi, les indépendants, les TV privées, les créateurs des sites de demain, les imaginatifs, les innovateurs, nous serons là. Présents à l'appel, dans le paysage médiatique suisse.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'extase sera libre-échangiste ou ne sera pas

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    Sur le vif - Mercredi 01.01.14 - 17.34h 


    C’est un beau discours, simple et humain, que nous a tenu en ce Jour de l’An le nouveau président de la Confédération, Didier Burkhalter. Des visages d’enfants, des prénoms aux résonances bigarrées, quelques formules qui touchent, oui un discours rassembleur et présidentiel. J’ai apprécié ce discours, parce qu’il nous parle à tous, évoque ce qui nous unit plutôt que nos ferments de dispersion, c’est précisément pour un an le rôle du titulaire de la fonction.

     

    Les formules qui font mouche : « La Suisse est une communauté de destin », « La Suisse est un miracle », ou encore ce rappel du sel importé de Tunisie pour aider nos éleveurs au Moyen-Âge. Il est arrivé dans l’allocution, ce sel providentiel, avec la magie de la myrrhe ou de l’encens, ou de l’or, comme une préfiguration d’Épiphanie. Un discours qui commence par la nécessité « d’ouvrir des perspectives d’avenir » pour nos jeunes, notamment des emplois, et qui se termine, après le rite initiatique du texte, sur la « lumière », qu’on voudra bien entendre avec la chaude intimité d’un petit « L », celle du regard des enfants. J’ai d’autant apprécié ce discours que son auteur, jusqu’ici, nous avait plutôt habitués à une rhétorique froide, celle de la Raison qui s’articule, avance et prouve.

     

    Deux bémols, qui n’atténuent pas la qualité du sentiment dominant. D’abord, il est peu rassembleur d’affirmer que « Notre Suisse est forte parce qu'elle repose sur un Etat libéral ». Tous nos concitoyens ne l’entendent pas ainsi, et notre Histoire de l’après-guerre, de l’AVS en 1948 à la lente construction de nos assurances sociales, et de nos réseaux de solidarité, prouve au contraire l’absolue nécessité d’un Etat fort, ou tout au moins d’un fort sens de l’Etat, à gauche comme à droite, chez ceux qui font nos lois. Le socialiste Tschudi, le radical Delamuraz, le PDC Furgler. Aucun de ces trois hommes ne se réclamait d’un libéralisme qui eût fait abstraction de l’impérieuse nécessité de l’Etat, au service des plus faibles. Le libéralisme est une option politique parmi d'autres, mais n'a rien de consubstantiel à la Suisse. Dans ce passage, hélas, le Président s'est effacé devant le militant PLR.

     

    La seconde réserve concerne ce qu’on appellera la préparation d’artillerie en vue du 9 février. Le président de la Confédération a clairement orienté les esprits vers une apologie du libre-échange, une sanctification de la voie bilatérale (laquelle aurait « permis d’assurer la sécurité et l’indépendance du pays » - Disons que cela ne va pas de soi), qui sont clairement un appel à rejeter, dans un peu moins de six semaines, l’initiative de l’UDC « contre l’immigration de masse ». Admettons que cela soit « de bonne guerre » (RSR. 12.30h), on notera juste que c’est moins rassembleur face à une partie non négligeable de la population, soucieuse de mécanismes protecteurs, désireuse d'une forme de régulation des flux migratoires, et pour laquelle une Suisse à 12 millions d’habitants ne constitue ni rêve, ni pâmoison, ni extase. Fallait-il transformer le premier discours présidentiel de 2014 en acte militant ?

     

    Dans la Berne fédérale, mais aussi dans certains cantons comme Genève, la présence d’élus PLR au premier rang des exécutifs, alors que d’autres signaux que la foi dans le libre-échange absolu ont pu être donnés par l’électorat, dans les Parlements par exemple, devrait inciter ces édiles à un peu plus de réserve dans leur Croisade libérale. Pour peu, tout au moins, qu’ils entendent parler à l’ensemble de la population, et non aux seules instances dirigeantes du patronat.

     

    Mais enfin, ces quelques réserves posées, merci à M. Burkhalter pour ce discours qui a su parler au cœur des gens. A tous les lecteurs de ce blog, qui a entamé sa septième année, j’adresse mes vœux les plus cordiaux pour 2014.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Les "valables raisons" de Vincent Maitre

     

    Sur le vif - Samedi 21.12.13 - 19.01h

     

    J’écris ces lignes comme citoyen, né à Genève et y exerçant son droit de vote depuis l’âge de vingt ans, en 1978. Nous, les citoyens, avons élu le 6 octobre dernier cent députés pour siéger entre 2013 et 2018 au Grand Conseil. Ces cent personnes, nul ne les obligeait à se porter candidates à cette fonction. Elues, elles sont pour une législature au service de la population, et non le contraire. Leur devoir est de siéger, avec le moins d’absentéisme possible. Les enjeux lourds qui attendent notre canton ne tolèrent ni amateurisme, ni dilettantisme en l’espèce.

     

    Dès lors, tout citoyen, oui tout membre du corps électoral du canton, est parfaitement légitimé à savoir, en parfaite transparence, qui, parmi les députés, se rend aux séances, qui s’y rend un peu moins, qui ne s’y rend jamais. Cela fait partie du contrat social, du pacte de confiance avec l’élu. C’est vrai, je me suis étonné, depuis quelques semaines, de l’absence totale, cet automne, du député Vincent Maitre. C’est mon droit le plus strict, mon droit de citoyen, je n’ai aucune intention d’y renoncer. M. Maitre a sollicité la confiance du peuple, l’a obtenue le 6 octobre, il doit donc siéger. Il ne s’y est, pour l’heure, jamais rendu, n’a donc pas prêté serment. N’aurait-il pas pu au moins le faire, de façon à avoir un suppléant ?

     

    On m’a parlé de « valables raisons ». Je veux bien, j’en prends acte. Mais alors, avec M. Maitre, il y a un problème. N’ayant pas mis le moindre pied au Parlement, alors que nous sommes deux mois et demi après l’élection, et que le Grand Conseil vient de se pencher deux jours sur l’acte amiral de son mandat, l’examen du Budget 2014, M. Maitre est loin d’être pour autant le muet des « valables raisons ». Sur un réseau social, il a passé ces deux mois et demi à intervenir tous azimuts, prendre parti, moraliser, donner de grandes leçons, et parfois même blesser les gens.

     

    Face à cette providentielle vitalité de « l’Absent pour valables raisons », en pétaradante forme pour la morsure vipérine comme pour l’imprécation, souffletant par ci, griffant par-là, on se dit qu’un aussi admirable tempérament bretteur aurait davantage sa place dans l’enceinte d’un Parlement, au service d’une population qui lui a fait confiance, que, "de quelque part", sur un réseau social. Mais voilà : « valables raisons », nous dit-on. Cela serait-il la manière polie de nous inviter à circuler, parce qu’il n’y aurait rien à voir ?

     

    Aujourd’hui, de « là où il est », M. Maitre joue les victimes. Pour ma part, je n’aime pas du tout cette affaire, ni le climat de gêne et d’omerta qui suinte, lorsqu'on l'évoque, le corporatisme parlementaire. M. Maitre, hier, m’a fait écrire par son avocat. Aujourd’hui, il m’attaque par lettre ouverte. C’est son droit. Le mien, c’est de demeurer dans ma posture citoyenne, en attente de transparence. C’est mon droit. Et c’est celui des dizaines de milliers de membres du corps électoral de ce canton, celui qu’on appelait naguère le « Conseil général ». Les élus sont au service de la population. Ils ne sont là ni pour l’insulter, ni pour tenter de l’intimider.

     

    Pour ma part, M. Maitre peut m'envoyer tous les avocats qu'il veut. Je ne reculerai pas, dans cette affaire.

     

     

    Pascal Décaillet