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Alors chérie, on revote ?

 

Sur le vif - Jeudi 13.02.14 - 17.34h

 

Depuis dimanche soir, ils auront tout essayé. Brassé tant de vent que les éoliennes des Services industriels, en comparaison, se meurent d’anémie. Traité les vainqueurs de demeurés, de reculés, de campagnards obtus et replié. Fait fleurir le champ des motions et des résolutions. Ils nous auront tenu des jours durant le pistolet sur la tempe, à cause des « rétorsions européennes ». Tellement obnubilés par Bruxelles qu’ils en ont oublié d’aller faire un tour du côté des Avanchets et de Châtelaine, quartiers populaires de Vernier (GE) qui, l’un et l’autre, ont voté oui.

 

Mais les raisons du oui ne les intéressent pas. Ce oui, ils se refusent à l’entendre, simplement en prendre acte. Pour eux, ceux qui ont dit oui voulaient en fait dire non, ou auraient dû le faire. Ils n’auraient approuvé le texte que par cécité, la nuit de l’instinct. Alors qu’eux, les partisans du non, représentent la Lumière.

 

Depuis dimanche, ils gesticulent en plein déni. Alors, comme ce verdict, dans leur tête, ne peut relever que de l’erreur, il leur est venu la même idée qu’en France, au lendemain du référendum du printemps 2005 sur le Traité européen : il faudrait revoter !

 

Revoter. Puisque le peuple citoyen est stupide, et n’a pas compris les véritables enjeux (ndlr alors que la brochure était parfaitement claire, factuelle, et pour une fois très compréhensible), ce peuple, nous allons l’éduquer. D’ici un an, redressé sur le Chemin de Lumière, il votera dans la bonne direction. Pas belle, la vie ?

 

On imagine une scène de rupture, entre amants. Elle lui dit « Je te quitte ». Il ne veut pas refaire la chanson de Brel, il blêmit, perd ses mots. Il lui dit juste « Revotons ». Parce qu’il y a toujours, quelque part, l’idée qu’on pourrait recommencer la vie. Mais le dépit amoureux a ses lois, et le déni citoyen a les siennes. Dans tous les cas, on navigue sur quelque fleuve d’Enfer. Des eaux de feu. Si belles. Mais si loin du réel.

 

Pascal Décaillet

 

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