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Sur le vif - Page 501

  • Suisse-Europe : bonjour le peuple, adieu les diplomates !

     

    Sur le vif - Vendredi 07.06.19 - 14.40h

     

    Le NON du Conseil fédéral, à l'instant, à l'Accord-cadre est une bonne nouvelle. Nous appelions, ici même et dans GHI, à ce NON, avant-hier. Pour une fois - la première, depuis bien longtemps - nous voilà donc en phase avec le gouvernement de notre pays, sur la politique européenne, dossier que nous suivons, comme journaliste, depuis plus de trente ans. La campagne EEE du 6 décembre 1992, nous l'avons couverte jour après jour, à fond, sur l'ensemble du pays.

    La Suisse doit maintenant reprendre à fond le dossier européen. Nous devons savoir qui nous sommes, ce que nous voulons, quels liens nous entendons tisser avec nos voisins continentaux.

    Au fond, il n'y a pas de problème Suisse-Europe. Il n'y a qu'un problème de la Suisse face à la Suisse. Cette affaire, complexe et passionnante, est davantage révélatrice de nous-mêmes, nos contradictions, nos relations intestines équivoques, que de l'état du continent.

    A dater d'aujourd'hui, une inversion s'impose. Le temps - que nous avons connu et couvert pendant des années - des diplomates qui négocient, puis du paquet qu'il faut ratifier (Parlement, puis peuple), est totalement révolu. Le temps des diplomates est passé, tout au moins celui de leur tyrannie, en lien avec l'Administration bernoise, sur le monde politique, peuple et élus.

    Désormais, nous devons d'abord consulter en profondeur la population de notre pays. Écouter le peuple ! C'est à l'ensemble des citoyennes et citoyens de ce pays - et surtout pas les seuls élus - de prendre en charge ce dossier. Nous en avons les moyens organiques et constitutionnels : la démocratie directe, principalement le droit d'initiative, sont des outils uniques au monde pour permettre au suffrage universel de se saisir du destin national.

    D'abord, un immense brassage populaire, ça nous prendra quelques années. L'enjeu est de taille, il s'agit de notre place au milieu de nos amis européens, ça vaut la peine de prendre le temps, travailler en profondeur. Le jour où nos outils démocratiques nous auront permis de nous mettre d'accord (dans la douleur, comme dans toute dialectique avec des enjeux), alors nous reprendrons contact avec l'Union européenne (ou ce qu'il en restera), et nous leur dirons : "Chers amis, voici ce que la Suisse veut". Et c'est à ce moment-là seulement que pourra commencer une phase de négociation.

    Car dans toute négociation, le problème no 1, ça n'est pas le partenaire, qui est en face. Non, le problème no 1, c'est soi-même : qui suis-je, quels sont mes objectifs stratégiques profonds, dans quelle état vais-je aborder la discussion ?

    Nos diplomates ? Qu'il prennent un peu de congé. Ou de retraite. Ils pourront s'épancher dans les journaux lausannois prétendument romands, faire la leçon aux Suisses, au peuple, à notre démocratie directe, vitupérer le populisme. Ils feront ce qu'ils voudront. Pourvu qu'ils ne se remettent pas, derrière le dos du peuple, à "négocier".

     

    Pascal Décaillet

     

  • Orient compliqué, France souveraine

     

    Sur le vif - Vendredi 07.06.19 - 08.38h

     

    En aucun cas la position de la France sur l'Accord nucléaire iranien ne doit s'aligner sur celle des États-Unis d'Amérique.

    La France est une grande nation, riche d'une époustouflante Histoire. Depuis l'expédition d’Égypte de Bonaparte (1798), elle a tissé avec l'Orient compliqué un réseau de relations d'une infinie richesse, fondée sur la connaissance des langues, des Histoires, des civilisations, de l'estime et du respect, un dialogue des cultures. C'est valable pour le monde arabe. Et aussi, pour le fascinant univers de la Perse. Nous sommes a des années-lumière du rouleau compresseur américain.

    Jules Ferry, Pierre Mendès France, Charles de Gaulle, auxquels il faut ajouter MM Chirac et Villepin : quelques noms, avec aussi de grands ministres des Affaires étrangères comme Claude Cheysson, qui ont porté très haut la politique arabe de la France.

    Au Proche-Orient, au Moyen-Orient, la France doit avoir sa propre politique. Les lumières de son Histoire diplomatique peuvent nous éclairer. En aucun cas la France ne doit s'aligner sur l'atlantisme, sur Washington, ni Trump ni n'importe quel autre locataire de la Maison-Blanche.

    En aucun cas Paris ne doit sombrer dans l'obédience au cosmopolitisme financier de New York et de Londres. La France doit avoir, au Proche-Orient comme ailleurs, sa politique propre. Elle seule doit tracer, face à ses amis arabes ou persans, les chemins de l'honneur et de la grandeur.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Le visage énigmatique du destin

     

    Sur le vif - Mardi 04.06.19 - 09.29h

     

    L'avenir de nos communautés humaines, en Europe, passe par la réinvention du collectif, jeté aux orties depuis trente ans par le mythe libéral et libertaire de la réussite individuelle.

    Le libéralisme économique est un échec monumental. Il a dévasté les services publics, affaibli l'école, défait les réseaux de solidarité, méprisé l'attachement affectif aux patries, adoré le Veau d'or du profit mondialisé. Quelques cosmopolites déracinés ont cru qu'ils allaient avoir raison de la terre, des frontières, des nations. Ils ont eu tort. Tout cela, au galop, revient.

    Sans cohésion sociale, sans fraternité au sein de communautés humaines délimitées, rien de grand ne pourra se faire. Sur les décombres du libéralisme, il faudra construire autre chose. Autour de l'humain, de son épanouissement. Quelque chose de puissant, enraciné dans la mémoire, mais projeté sur l'imaginaire.

    C'est cela, notre défi. Une histoire d'hommes et de femmes, de tradition et de révolution, de vie et de mort, d'action et de contemplation. La terre, mêlée au ciel. Face au visage énigmatique du destin.

     

    Pascal Décaillet