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Sur le vif - Page 504

  • L'odieux "plan de paix" américain

     

    Sur le vif - Dimanche 23.06.19 - 13.59h

     

    En général, lorsque les États-Unis arrivent avec un "plan de paix", c'est qu'ils préparent la guerre. La première puissance du monde, impérialiste depuis la Seconde Guerre mondiale, a pour usage de camoufler ses intentions belliqueuses en feignant, au dernier moment, la concorde. Nul observateur sensé n'en est dupe.

    Surtout, cette arrogance. Oser l'expression "plan de paix", alors que tout est mis en oeuvre, depuis des années (bien avant Trump), par des milieux bellicistes très précis à New York et Washington, pour aller, une nouvelle fois, semer la mort et la désolation sur le Moyen-Orient. Les mêmes milieux qui veulent la guerre, feignent la paix ! Pharisienne duplicité.

    Cerise sur le gâteau : on s'arrange pour que le "volet économique du plan de paix" sorte sur la place publique en plein état d'alerte de la pré-guerre. Comme par hasard, on fait miroiter aux Palestiniens (qu'on ignore royalement depuis 71 ans) 50 milliards providentiels pour "doubler leur PIB en une décennie".

    La manœuvre est d'une grossièreté qui ne trompe personne. Comme d'habitude, les vieux renards de la Côte-Est tentent de diviser la très complexe composition politique des forces palestiniennes, d'un côté l'Autorité, avec son Président, Mahmoud Abbas (qui rejette le plan) ; de l'autre, le Hezbollah chiite et pro-iranien au Liban ; A Gaza, le Hamas.

    Acheter la Palestine en élevant le niveau de vie dans les Territoires. Au milieu des années 70, lors de discussions enflammées d'étudiants sur le Proche-Orient, l'argument était très en vogue dans les milieux pro-israéliens, je m'en souviens comme si c'était hier. Déjà à l'époque, je me permettais de rétorquer que nulle élévation du PIB, jamais, ne remplacerait l'aspiration légitime et essentielle de ce peuple meurtri depuis 1948, et plus encore depuis 1967 : celle d'avoir un Etat souverain. Un Etat, pas l'aumône !

    Tant que les Palestiniens n'auront pas d'Etat - comme Israël a eu le sien en 1948 - rien de durable ne sera possible au Proche-Orient et au Moyen-Orient. Faute de jouer cette carte-là, la seule qui vaille, parce qu'elle est à hauteur de dignité humaine, les milieux bellicistes américains, qui prennent Trump en otage avec leurs pressions, ne sèmeront que la haine, la guerre, la désolation. Et, pour longtemps, la soif de vengeance.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Conservateur ?

     

    Sur le vif - Samedi 22.06.19 - 15.14h

     

    Conservateur ? Oui, sans doute ! Mais un conservateur profondément social et populaire, détestant les inégalités, l'arrogance des puissants, considérant que chaque humain, dans le fragile miracle de son existence, en vaut un autre. La parole du dernier des oubliés m'importe tout autant que celle de ceux qui détiennent le pouvoir.

    Conservateur ? Oui, mais républicain, immensément attaché à l'Etat, à son rôle d'arbitre et de correcteur des inégalités, à sa mission sociale, au service des plus démunis. Sur ce plan, soyons clairs, je suis un homme de gauche. Il n'est rien dont je sois plus éloigné que les conservateurs libéraux, inféodés aux puissances de la spéculation. Fasciné depuis des décennies par la figure de Léon XIII, et de Rerum Novarum (1891), je ne puis dissocier mon conservatisme d'une aspiration à l'équilibre, à l'amélioration des conditions du travail, et de la vie des humains sur la Terre.

    Conservateur ? Oui, s'il faut protéger la nature, le patrimoine, les biotopes. Sans entrer dans l'idéologie Verte, dont certaines composantes politiques ne sont absolument pas les miennes, je dis absolument oui à la lutte pour la planète.

    Conservateur ? Mon conservatisme est européen, je dirais même, pour être précis, qu'il est français quant à l'attachement aux valeurs de la République, italien pour la préservation des valeurs sociales, allemand de type bismarckien pour la construction dialectique d'un Etat social. Je n'ai rien à voir avec les conservateurs américains, ni anglo-saxons en général, ni d'ailleurs zurichois.

    Conservateur ? Il est un plan sur lequel je le suis rudement : celui de la culture. Oh, certainement pas pour prôner la supériorité des ancêtres sur les modernes. Mais pour défendre absolument les chemins de la connaissance, leur longueur, leur âpreté, ce qu'ils exigent de patience et d'obstination. Nul violoniste ne fait l'économie de longues années de solfège, nul helléniste ne passera par pertes et profits les verbes irréguliers, ni les inflexions dialectales. Nul germaniste ne fera l'économie de la traduction de la Bible par Luther. Seule la tradition, écrit Péguy, est révolutionnaire.

    Conservateur ? Oui, pour la primauté des valeurs de l'esprit, celle du verbe, le secret transcendant de la musique, le cheminement vers une langue, la contemplation des oeuvres, le questionnement des humains au-delà de leurs apparences, au-delà des cravates et des costumes des puissants, au-delà de la morgue du paraître, au-delà de la triste inanité du mondain. Alors oui, conservateur, pour vous déplaire. Ou peut-être, aussi, pour vous servir.

     

    Pascal Décaillet

     

  • USA - Iran : les bellicistes auront à répondre face à l'Histoire

     

    Sur le vif - Vendredi 21.06.19 - 18.29h

     

    Si les États-Unis d'Amérique, se risquant une nouvelle fois à intervenir dans une région du monde à laquelle ils ne connaissent rien, et surtout où ils n'ont strictement rien à faire (pas plus qu'ils n'avaient à s'occuper, au début des années 60, de la Cochinchine et du Tonkin), se lancent dans la folie d'une agression militaire contre l'Iran, alors certains, en Amérique, prennent rendez-vous avec le jugement de l'Histoire.

    Qui ? Tout d'abord Donald Trump, dont le revirement de dernière minute mérite d'être étudié, et dont il n'est pas certain qu'au fond de lui-même, il veuille cette guerre.

    Mais surtout, les milieux qui, aux États-Unis, poussent depuis des années à une telle action guerrière. Il y a John Bolton, le conseiller militaire à la Maison Blanche, mais il y a aussi les Évangéliques conservateurs pro-Israël, dont la grille de lecture de l'Histoire demeure ancrée dans le fondamentalisme et le manichéisme. Et puis, plus généralement, il y a les milieux, notamment sur la Côte Est, qui soutiennent la politique d'Israël. Y compris l'action coloniale de ce pays, depuis 1967, à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et à Gaza. Ces gens-là verraient bien l'Iran affaibli pour quelques décennies.

    Le problème, c'est qu'une guerre USA-Iran porte en elle les germes d'un conflit beaucoup plus étendu. Non seulement au Proche-Orient et au Moyen-Orient, mais dans le monde. Il y a aussi, autour de Trump, des gens qui le lui rappellent. D'où les hésitations du locataire de la Maison Blanche.

    Le problème no 2, c'est que l'Iran, civilisation plusieurs fois millénaire, serre les rangs, avec un incroyable patriotisme, chaque fois que le pays est en danger. Ce que défendent alors les Persans, ça n'est pas le régime du moment (que représentent quarante ans, face à l'incroyable Histoire de cette nation ?), mais la continuité de la patrie, à travers les siècles. On peinera à trouver beaucoup d'invasions réussies de la Perse, depuis Alexandre le Grand. Et même l'islamisation, au septième siècle, ne s'est pas opérée contre les intérêts fondamentaux du pays.

    L'hésitation de Trump est capitale. Nous en ignorons les causes exactes, mais elle révèle un hiatus entre le Président (certes grand bluffeur devant l’Éternel, mais jusqu'ici beaucoup plus économe en actes guerriers que son prédécesseur Obama), et l'incroyable pression des milieux bellicistes.

    Ces faucons, en cas de guerre, dont on peut imaginer l'horreur et l'extension, auront, le jour venu, à répondre de leurs actes. Leur responsabilité criminelle ne devra être atténuée ni par le politiquement correct, ni par la chimère d'une solidarité "occidentale". Le Moyen-Orient, je l'écrivais déjà au printemps 2003 lors de l'invasion américaine de l'Irak, c'est notre matrice de civilisation. Je n'ai pas tous les jours cette impression avec ce qui nous vient du Nouveau Monde.

     

    Pascal Décaillet