Sur le vif - Samedi 14.09.19 - 16.08h
Primauté de la nation italienne, protectionnisme, contrôle des flux migratoires : les aspirations puissantes qui ont porté au pouvoir Matteo Salvini ne vont certainement pas s'éteindre, ni même faiblir, sous le prétexte qu'un pronunciamiento de partis adverses, opportunistes et moralisateurs, a réussi (pour un temps) à l'écarter.
Il y a, en Italie comme partout, un très fort courant qui porte les idées de Salvini. Ce mouvement d'opinion ne veut plus entendre parler de supranationalité européenne, il veut l'Italie, et l'Italie d'abord. Cette aspiration à la nation, au refus des tutelles, n'est pas nouvelle, dans la prodigieuse Histoire politique de ce pays : on l'a trouvée à l'époque héroïque du Risorgimento, portée par un homme aussi exceptionnel que Giuseppe Verdi, puis à celle du fascisme.
L'obédience de l'Italie à des forces supérieures, c'est la démocratie chrétienne d'après-guerre qui l'a construite, d'abord face aux Américains, puis, après avoir été pays fondateur du Traité de Rome (1957), en laissant Bruxelles prendre trop de place. Il faudra tout de même, un jour, instruire l'Histoire de la gentille Democrazia Cristiana avec toute la sévérité que cette dernière mérite, y compris dans ses liens avec des organisations combattant l'essence même de l'Etat, si vous voyez ce que je veux dire.
Aujourd'hui, les gentils européistes, bien affiliés à l'OTAN, bien obéissants au Capital mondialisé, ont réussi à écarter Salvini. Fort bien. Laissons passer le temps, quelques mois suffiront peut-être. Laissons la rue italienne dire sa colère, suite à cette combinazione. Et nous verrons bien, sur la durée, quel modèle de gouvernement veut se donner le peuple souverain - et ô combien ami - de l'Italie.
Pascal Décaillet