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Sur le vif - Page 347

  • Lumières et extincteur

     
    Sur le vif - Lundi 26.10.20 - 14.09h
     
     
    Les premiers à prôner la liberté d'expression, avec de belles paroles héritées des Lumières et de l'Aufklärung, sont en général les premiers à exiger une exception, dès que l'usage, par un tiers, de cette liberté vient toucher leur zone de sensibilité.
     
     
    C'est valable pour tout le monde, sans exception. Nous avons tous, quelque part en nous, un sanctuaire intime, dont nous ne tolérons nulle pénétration. Nul d'entre nous n'est un observateur parfaitement neutre, comme s'il était coupé du monde sensible, de ses racines, de ses entrailles. Tout humain vient d'une mère, vous aurez peut-être noté ce détail, à moins que le goût du syllogisme ait tué en vous jusqu'à cette matricielle mémoire.
     
     
    Nos beaux esprits, tout heureux de s'être trempés dans quelques philosophes du dix-huitième, en Angleterre, en France, en Allemagne, ne jurent que par les Lumières. Mais, aussitôt touchés à vif dans une sensibilité intérieure qui est notre lot à tous, deviennent aussitôt, par un retournement astral, les plus redoutables experts dans le maniement de l'extincteur.
     
     
     
    Pascal Décaillet

  • Le temps des gueulards est passé

     
    Sur le vif - Samedi 24.10.20 - 18.22h
     
     
    RSR : je viens de capter un débat entre la Présidente du PS du Valais Romand et le Président de l'UDC du Valais Romand, qui fait plaisir à entendre.
     
    Sur un sujet majeur, et brûlant d'actualité, la gestion de la crise sanitaire par les autorités valaisannes, Barbara Lanthemann et Cyrille Fauchère nous ont, l'un comme l'autre, malgré leur net désaccord sur le fond, offert le modèle d'un échange entre deux personnes intelligentes.
     
    Il est loin, en Valais comme ailleurs, le temps des gueulards. De nouvelles tonalités, dans le débat politique, commencent à poindre, et elles sont heureuses. Les deux Présidents de partis particulièrement opposés, en Valais, viennent de s'expliquer sans la moindre élévation de voix, le moindre éclat sonore. Nous avons, d'un côté comme de l'autre, eu droit à des arguments, et ça fait du bien.
     
    Pour ma part, j'anime tous les soirs, depuis quinze ans, des débats à Genève, après en avoir animés pendant dix-sept ans dans toute la Suisse, notamment sous la Coupole fédérale. Là aussi, même auprès des légendaires amygdales bronzées du bout du lac, la petite musique de la discussion politique évolue vers le mieux.
     
    Avec une singularité que j'ai maintes fois soulignée déjà, mais que j'ai plaisir à rappeler : dans cette évolution positive, l'exemple vient des jeunes. Il existe, à Genève, une nouvelle génération politique, à laquelle je suis depuis longtemps très attentif, et qui sait débattre sans s'insulter. Des arguments. Des mots. Des phrases, et non des coups d'éclat. Cela, tous partis confondus.
     
    Le temps des gueulards est passé. La page est tournée. Qui s'en plaindra ?
     
    Pascal Décaillet
     

  • Quarantaine, mode d'emploi

     
    Sur le vif - Vendredi 23.10.20 - 18.03h
     
     
    Pour calculer la longueur de votre mise en quarantaine, ainsi que la date, l'heure et la minute à partir duquel elle est valide, il faudra vous munir d'une équerre et d'un compas.
     
    Ayant tracé une abscisse et une ordonnée, sur du papier géométrique, vous établirez la courbe de votre équation personnelle, en fonction de la racine carrée de votre âge au moment de votre dernier contact avec la personne infectée.
     
    Une fois cette racine établie, vous vous référerez au théorème de Thalès pour établir la courbe projetée de l'équation 2, qu'il vous faudra mettre en mémoire en attendant le calcul final.
     
    Lorsque vous aurez porté à ébullition le nombre de décilitres d'eau correspondant à l'hypoténuse du triangle inscrit dans le cercle tracé autour de votre courbe no 1, vous y diluerez une Quick Soup à base d'asperges, mais ne devrez en aucun cas la goûter. C'est juste pour le parfum de votre mathématique d'ombre.
     
    Il vous restera à ouvrir la fenêtre. Respirer trois fois. Lire un poème de Mallarmé. Reprendre l'équation 2, mise en mémoire. La déchirer. Et appeler le numéro d'urgence.
     
     
    Pascal Décaillet