Sur le vif - Lundi 25.08.25 - 10.30h
Depuis ma jeunesse, je plaide pour un État palestinien. Je le faisais déjà lorsque j’ai couvert, en 88, le discours d’Arafat devant l’Assemblée de l’ONU, à Genève. Je l’ai fait en 2004, lorsque je suis allé pour la RSR à Ramallah, couvrir en direct les funérailles d’Arafat. Forum spécial, en direct au milieu d’une foule immense.
Depuis ma jeunesse, je prône, comme tant d’autres, cette solution : deux États, respect total pour l’un comme pour l’autre, amitié partagée de la Suisse pour ces deux peuples.
Depuis ma jeunesse, chaque fois que je m’exprime en ce sens, je m’entends répondre : « Ça n’est pas le moment, c’est prématuré ».
Depuis 77 ans, c’est « prématuré » !
Depuis 58 ans, c’est « prématuré » !
Et l’indépendance de l’Algérie, conquise de si haute lutte en juillet 62, et dans les préparatifs de laquelle la Suisse a joué un rôle si important, que j’ai été amené à étudier de près, elle était « prématurée » ?
Et la nationalisation du Canal de Suez, par Nasser, elle était « prématurée » ?
Et les « hommes intègres », de Sankara, ils étaient « prématurés » ?
Et l’indépendance de l’Inde, elle était « prématurée » ?
Traduction du mot « prématuré » : JAMAIS !
Aujourd’hui, vu l’horreur absolue du carnage sur place, l’urgence première est évidemment humanitaire : arrêter le massacre, mettre fin à la famine. Cette chronologie prime, c’est certain, sur les considérations statutaires.
Mais la dignité d’un peuple en souffrance, c’est d’avoir un État. Cela fut reconnu à Israël, à juste titre, en 1948, après l’anéantissement de six millions de personnes dans les camps. Cela doit, dès aujourd’hui, parallèlement à une action humanitaire plus urgente que jamais, être reconnu au peuple palestinien.
La dignité d’un peuple n’est ni intempestive, ni prématurée.
Pascal Décaillet