Sur le vif - Vendredi 22.08.25 - 13.54h
Il existe un homme, à Genève, qui depuis des décennies se bat pour une connaissance, en profondeur et en complexité, des cultures arabes et méditerranéennes. Cet homme, c'est Alain Bittar.
Dans le contexte actuel, plus que jamais, sa démarche de connaissance est fondamentale. A l'heure de la plus grande souffrance du peuple palestinien, l'urgence première est évidemment humanitaire : faire cesser le carnage. Mais elle est aussi une urgence de connaissance, au sens latin qu'on peut donner à ce mot, naître avec, ou peut-être aussi : aider à renaître.
On nous bassine avec la "Genève internationale". Si c'est juste une machine à génuflexions devant l'impérialisme américain, camouflé sous des organisations pseudo-mondiales, on peut s'en passer. Si c'est juste une usine à cocktails entre diplomates qui se congratulent, on peut aussi oublier. Mais si c'est une démarche de connaissance, passant par la langue, l'Histoire, la musique, la polyphonie des témoignages, souvent contradictoires, alors OUI, OUI et OUI !
Depuis tant d'années, que fait Bittar ? Autour de sa librairie L'Olivier, il a créé un univers où règnent les syllabes, les musiques et les récits du monde arabe et méditerranéen. L'Afrique du Nord, l'Andalousie, la Turquie, y ont leur place. L’Égypte, dans toute son incroyable richesse en courants linguistiques et spirituels. Le monde persan. Le Liban. La Syrie. Mais aussi, la Palestine. Par le chant, par la musique, par la poésie, ce peuple y obtient, bien avant d'avoir accédé au statut d'Etat, celui de culture, de champ du récit, d'épopées. Avec des histoires d'hommes et de femmes, nommés, chantés, et pas juste anonymisés comme une masse. C'est précisément cela, l'humanisme.
Cette démarche, par rapport à un peuple en souffrance, tient du salut public. Une fois de plus, je félicite Alain Bittar. Et me réjouis de m'entretenir avec lui, dans quelques jours aux Yeux dans les Yeux, pour vous présenter la version 2025 de la Fête de l'Olivier.
Pascal Décaillet