Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sur le vif - Page 231

  • France, indifférence, souffrance

     
    Sur le vif - Lundi 21.06.21 - 16.25h
     
     
    Il est particulièrement hallucinant d'avoir entendu des chefs de partis politiques se permettre hier soir, en France, d'engueuler le peuple, à cause de l'abstention. Comme si le corps souverain des citoyennes et citoyens, au pays de Mirabeau, était au service de l'appareil des partis.
     
    La démocratie, c'est le pouvoir au peuple. Le patron, c'est lui. C'est lui qui décide d'aller voter, ou de s'abstenir. S'il vote, c'est lui qui décide pour qui. Si un sortant lui déplaît, il le chasse.
     
    La classe politique, les états-majors, les permanents des partis, et toute cette joyeuse bande d'apparatchiks, n'ont strictement aucune leçon à donner aux citoyennes et citoyens. lls sont à leur service, et non le contraire.
     
    Plutôt que d'engueuler les abstentionnistes, on ferait mieux de s'interroger sur le sens profond de ce que vit la France. Une démocratie représentative à bout de souffle. Des gens qui en ont plus que marre. Une crise sanitaire mal gérée par les pouvoirs publics, alors qu'en Allemagne, en Suisse, on a su parler aux gens. En France, on les a infantilisés. On les a fliqués. On a montré le pire de ce que le régalien français pouvait produire, en termes de coercition, de muselière appliquée aux idées contraires.
     
    L'abstention d'hier, c'est une réponse à ça. La vraie, ce sera dans un an, à la présidentielle. Nul d'entre nous ne peut la prédire. Nul ne peut, non plus, extrapoler la présidentielle de 2022 à partir des régionales 2021. Ce pays ami, que nous admirons, se porte très mal. La fracture entre le haut et le bas est terrible. Les intermédiaires s'effondrent, plus personne ne leur fait confiance, ni aux politiques, ni aux médias. Ce pays va mal. Il est en grande souffrance.
     
    A partir de là, il est assez indifférent de savoir qui va diriger telle ou telle région. Les Français, depuis les lois-cadres de Gaston Defferre sur les régions, il y a quarante ans, n'ont toujours pas exactement compris le périmètre de pouvoir de cet échelon, souvent perçu comme somptuaire et inutile. Les Français, ce week-end, ont signifié à leurs autorités leur absence totale d'intérêt pour une avalanche de candidatures de la démocratie représentative. Alors que la démocratie, la vraie, la directe, celle qui leur permettrait de se prononcer enfin sur des thèmes plutôt que sur des personnes, leur a été sèchement refusée par ce pouvoir-là, celui de M. Macron.
     
    La vraie sanction pourrait bien survenir dans un an.
     
     
    Pascal Décaillet
     
     

  • Merci, Darius !

     
    Sur le vif - Samedi 19.06.21 - 18.07h
     
     
    Depuis plusieurs années, j'invite régulièrement l'excellent Darius Azarpey à venir nous apporter ses lumières sur l'Iran. Il connaît le pays, il en est issu, ses contacts sont multiples, il s'y rend régulièrement. Il s'exprime avec clarté. Il dégage les lignes de fond, plutôt que de se perdre dans les détails. Il pourrait être journaliste : le sens de la synthèse.
     
    Je m'intéresse à la politique iranienne, comme à la politique allemande, américaine, russe, israélienne, égyptienne, tunisienne, algérienne, turque, et j'en oublie. Aucune nation de ce monde, à mes yeux, n'est de moindre intérêt par rapport à une autre. Que le pays soit riche ou pauvre, que le régime du moment soit démocratique ou autocrate (il l'est souvent, dans le monde arabo-persique !), rien de cela ne constitue à mes yeux un obstacle à m'intéresser à lui. En profondeur. Dans une perspective longue, historique, avec des causes et des effets, et non des leçons de morale. Cela rejoint ma passion pour les langues, les textes, la musique, la poésie.
     
    Revenons à Darius. Il se trouve que ce garçon aimable et doué, depuis des mois, vient, sur mon invitation, nous parler de M. Ebrahim Raïssi, le chef du pouvoir judiciaire iranien, ultra-conservateur. Il nous en a parlé maintes fois, nous a appris son existence, à nous, l'auditoire de Genève. Il nous annoncé son ascension. Et ça tombe plutôt bien : Ebrahim Raïssi, 60 ans, sera le nouveau Président iranien. Je ne dis pas que c'est un gentil. Je ne dis pas que c'est un méchant. Je regarde les faits, les trajectoires, les causes et les effets. Et je remercie Darius Azarpey de nous avoir, de façon factuelle et renseignée, aidé à mieux comprendre, ces derniers mois, la politique intérieure et les enjeux géostratégiques de son pays d'origine.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Et si l'Etat nous faisait couler des bains chauds ?

    Sur le vif - Samedi 19.06.21 - 10.24h
     
     
     
    Un "bon pour les médias", offert par l'Etat à chaque citoyen ! Avec l'argent de nos impôts. L'Etat nous prend notre pognon, mais il n'est pas une brute, alors il nous le redistribue, sous la forme d'un "bon/médias". Et, comme l'Etat est ouvert et magnanime, il vous laisse libre d'investir cet argent redistribué dans le média de votre choix.
     
    Il est bien brave, l'Etat, il ne nous abonne pas d'office à une Pravda. Il nous prend notre argent, nous le rend, et nous dit "Investissez-le dans un média, braves gens". Tout au plus, pour nous faciliter la tâche, aura-t-il pris soin de nous dresser la liste des "médias de qualité", dûment agréés, dans lesquels nous serons autorisés à placer notre pécule.
     
    Non, mais je rêve ! Pourquoi pas un bon/livres ? Un bon/cinéma ? Un bon/concerts ? Tant qu'il y est, l'Etat pourrait nous faire couler des bains chauds, bien parfumés, toutes les huit heures ? Entre le bon/coiffeur, le bon/manucure, le bon/massage, le bon/SPA, le bon/Camargue et le bon/bonbons.
     
    Il nous faudrait surtout, à nous les citoyennes et citoyens de ce pays, un bon pour le bon sens. Remettre l'Etat à sa place. Le centrer sur ses tâches régaliennes : la sécurité des personnes et des biens, celle du pays, la santé, la formation de base. Et laisser les médias très loin de tout de ce petit monde étatique.
     
    Moins l'Etat s'occupe de la presse, mieux nous nous porterons. Chacun dans son rôle. L'un, pour s'occuper du pays, au mieux de sa conscience. L'autre, pour informer, critiquer, commenter, débattre, en toute indépendance, vitrioler si ça le chante, à des millions d'années-lumière des pressions et des petites incursions du politique.
     
    C'est aussi simple que cela. La Fontaine avait tout dit. Dans un texte de lumière, où il est question d'un chien et d'un loup.
     
     
    Pascal Décaillet