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Sur le vif - Page 211

  • Les yeux voilés

     
    Sur le vif - Jeudi 31.03.22 - 09.16h
     
     
    L’examen de ce qui s’est passé contre les russophones du Donbass, depuis 2014, n’intéresse pas nos belles âmes manichéennes. Elles feignent de l’ignorer, ou le nient. Parce que ces événements n’entrent pas dans leur schéma de lecture. Une fois pour toutes, elles ont défini le Bien et le Mal, elles s’y tiennent.
     
     
    Cécité volontaire, vieille comme la nuit des temps. On ne parle jamais de Hambourg, juillet 1943, ni de Dresde, février 1945. Deux Hiroshima avant l’heure. On ne parle jamais de la sauvagerie de trois années de bombardements anglo-saxons sur les villes allemandes, de 42 à 45. Vous croyez qu’on visait des objectifs stratégiques ? Vous plaisantez : on tapissait de bombes, larguées à très haute altitude. Les pires ? Les Anglais. J’étudie tout cela depuis l’adolescence.
     
    Ces actes-là n'exonèrent en rien l'Allemagne de ses crimes, à elle, dont on connaît le nombre, l'ampleur et l'horreur. Mais on se dispense d'en parler : établir et reconnaître les faits, tout simplement. Les vainqueurs écrivent l'Histoire : ils chargent le vaincu, et passent sous silence leurs actes, à eux. C'est vieux comme le monde.
     
    Cécité volontaire : on peut multiplier les exemples. Balkans années 1990-2000, Krajina, Serbes du Kosovo, bombardements aveugles de la Serbie, printemps 1999.
     
    L’Indignation est sélective. Les vainqueurs toujours écrivent l’Histoire, imposent leur récit. La « justice internationale » est toujours celle des vainqueurs. Que l’opinion publique, portée sur l’émotion, l’ignore, passe encore. Que ceux qui prétendent analyser le réel, comme les journalistes, le gomment, c’est gravissime. Parce que l’impératif premier, c’est celui de la lucidité.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Jouir, plutôt que souffrir

     
    Sur le vif - Jeudi 31.03.22 - 13.06h
     
     
     
    J'ai juste raté son nom, de quelques secondes, ayant capté à la sortie d'un parking, au tout début de son sommaire. Mais la personne qui a présenté le 12.30h RSR, ce jeudi, était dotée de qualités radiophoniques méritant d'être relevées.
     
    Une voix douce et pleine. Une diction parfaite. Une écriture juste et sobre, directe, claire. Un rythme. Des syllabes parfaitement articulées, sans en faire trop. Des silences respectés. Une virgule est une virgule. Un point est un point. Comme en musique, un soupir, une pause.
     
    Il en ressort une impression d'intelligence, de maîtrise, et surtout d'immense plaisir dans l'exercice de l'oralité. Une jouissance, plutôt qu'une souffrance. Un bonheur de travailler les mots, le souffle, la voix. C'est cela, la radio.
     
    Il ne serait peut-être pas inutile que les chefs, dans les radios, montrent beaucoup plus d'exigence dans l'ascèse de ce qui fait l'essence même de ce média : la voix, la densité d'expression et d'informations sur un timing donné, respecté à la seconde. Mais surtout, le bonheur d'être là. Non pour accomplir une corvée. Mais pour donner du sens avec la voix. Et jouir de l'art de parler à un vaste public.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Un moment de nausée, en attendant la pluie

     
    Sur le vif - Mercredi 30.03.22 - 10.39h
     
     
    Face à une foule considérable et enthousiaste, dimanche au Trocadéro, Eric Zemmour a pris la parole. C'était un beau meeting, un moment de rassemblement républicain, dans le cadre d'une compétition électorale.
     
    Pendant un bref moment, des gens ont crié "Macron assassin". Paroles condamnables, assurément. Quelques personnes, au milieu de dizaines de milliers d'autres. Une goutte d'eau, dans l'océan.
     
    Depuis, chaque fois que Zemmour se retrouve face à un journaliste, notamment ceux, innombrables, de la Macronie audiovisuelle, on commence, comme seul angle d'attaque par rapport à ce meeting, par lui brandir ces deux mots de quelques inconnus, noyés dans la foule : "Macron assassin !".
     
    On voudrait tellement pouvoir le coincer. Réduire son meeting à ça. "Comment, vous n'avez pas entendu ? Vous n'avez pas désapprouvé ? Vous avez couvert cette ignominie ? Vous acceptez ces gens-là dans vos meetings ?".
     
    Dire que procédé est dégueulasse est au-dessous de la réalité. Le mot n'est pas assez fort. Cette méthode-là, c'est du Vychinski. On se saisit d'un détail, infinitésimal par rapport à l'ensemble, on le verse au dossier, comme pièce principale. On le brandit à l'accusé, de façon répétée, obsessionnelle, comme dans un interrogatoire.
     
    Face à la méthode, Zemmour ne s'est pas laissé démonter. Il refuse ce petit jeu. Et il a parfaitement raison.
     
    Quant aux justiciers surexcités des chaînes françaises, auxiliaires de la Macronie dans l'épuration de toute parole alternative, prêts à tout pour décider du Bien et du Mal, livrer les gêneurs à la vindicte, ils sont au débat démocratique ce qu'une défécation canine est à l'herbe tendre. Un moment de nausée, en attendant la pluie.
     
     
    Pascal Décaillet