Sur le vif - Jeudi 28.10.21 - 18.18h
Insupportable époque, où des meutes de moralistes autoproclamés ne songent qu'à traquer la parole, prétendument dérapante, plutôt que d'analyser, restituer le contexte, dégager les mouvements de fond, sous l'écume.
Traquer la parole. Ils ont, sous la main, leur catéchisme, dont il n'est pas question de dévier : questions de genre, couleur de peau, années trente, Seconde Guerre mondiale, colonialisme. Le code moral leur dit ce qui est tolérable, ce qu'il faut sanctionner. Et les voilà partis, à la chasse aux sorcières !
Ils se posent là, au bord de l'étang, avec cannes et hameçons. Ils attendent que ça morde. Dès qu'un quidam dévie d'un millimètre de ce qu'ils ont posé, eux, comme Code d'Hammourabi, on attrape le poisson ! Versé, vivant, dans l'huile bouillante de friture. On jettera, de préférence, son dévolu sur l'homme blanc, de droite, plus de cinquante ans. Ah, si ça pouvait être un président cantonal de section UDC, la pêche serait miraculeuse.
Traquer la parole. Ils ne savent faire que cela. Leur univers mental n'est qu'un immense Tribunal de l'Inquisition. Les juges ? Des chercheurs en sciences sociales de l'Université de Lausanne. Des spécialistes en études genre. Des Politburos du féminisme ultra. Ils ne s'intéressent au langage que pour le corseter. Au verbe, que pour l'anéantir. A l'esprit, que pour le niveler.
La guerre première est culturelle. Elle sera impitoyable. Ce sera leur camp, ou le nôtre, celui des hommes et femmes libres, et qui entendent le demeurer.
Pascal Décaillet