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Sur le vif - Page 208

  • Ce sera leur camp, ou le nôtre !

     
    Sur le vif - Jeudi 28.10.21 - 18.18h
     
     
    Insupportable époque, où des meutes de moralistes autoproclamés ne songent qu'à traquer la parole, prétendument dérapante, plutôt que d'analyser, restituer le contexte, dégager les mouvements de fond, sous l'écume.
     
    Traquer la parole. Ils ont, sous la main, leur catéchisme, dont il n'est pas question de dévier : questions de genre, couleur de peau, années trente, Seconde Guerre mondiale, colonialisme. Le code moral leur dit ce qui est tolérable, ce qu'il faut sanctionner. Et les voilà partis, à la chasse aux sorcières !
     
    Ils se posent là, au bord de l'étang, avec cannes et hameçons. Ils attendent que ça morde. Dès qu'un quidam dévie d'un millimètre de ce qu'ils ont posé, eux, comme Code d'Hammourabi, on attrape le poisson ! Versé, vivant, dans l'huile bouillante de friture. On jettera, de préférence, son dévolu sur l'homme blanc, de droite, plus de cinquante ans. Ah, si ça pouvait être un président cantonal de section UDC, la pêche serait miraculeuse.
     
    Traquer la parole. Ils ne savent faire que cela. Leur univers mental n'est qu'un immense Tribunal de l'Inquisition. Les juges ? Des chercheurs en sciences sociales de l'Université de Lausanne. Des spécialistes en études genre. Des Politburos du féminisme ultra. Ils ne s'intéressent au langage que pour le corseter. Au verbe, que pour l'anéantir. A l'esprit, que pour le niveler.
     
    La guerre première est culturelle. Elle sera impitoyable. Ce sera leur camp, ou le nôtre, celui des hommes et femmes libres, et qui entendent le demeurer.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Les braillards du samedi : ça recommence !

     
    Sur le vif - Jeudi 28.10.21 - 16.13h
     
     
    Et une nouvelle manif, annoncée joyeusement pour ce samedi ! Une de plus ! Plus un seul week-end sans des cortèges de gauche, en plein centre-ville, histoire de bien emmerder les dizaines de milliers de familles d'honnêtes gens, dont le samedi après-midi est le seul moment de la semaine pour faire les grandes courses, en voiture.
     
    Juste pour emmerder ? Et comment ! Ils pourrissent la vie des braves gens avec leurs cortèges, tous les samedis. Et personne n'ose rien dire. Et la police, bien brave, nous envoie la carte des zones perturbées, en nous annonçant l'enfer pour les automobilistes. Comme si c'était un fait accompli, inéluctable, irréfutable. Comme s'il n'existait aucune marge de manœuvre pour l'autorité, face aux braillards.
     
    Cette situation ne peut plus durer. Il y a, à Genève, sur un demi-million d'habitants, un maximum de quinze mille personnes - toujours les mêmes - qui constituent un réservoir d'habitués pour les manifs. Ils adorent être dehors, à brailler derrière des banderoles. Il y en a donc 485'000 qui ne manifestent jamais !
     
    Ces 485'000, il faut qu'ils se fassent entendre. Pourquoi devraient-ils se laisser pourrir la vie, tous les week-ends, par une minorité hurlante ?
     
    Quant à nos autorités, quel courage ! Surtout ne pas apparaître comme des censeurs. Toujours laisser faire. Surtout ne tenir aucun compte de la colère montante du peuple, ces classes moyennes qui, toute la semaine, se lèvent le matin pour aller bosser. Et le samedi, ont absolument le droit de prendre leurs voitures pour faire leurs courses. Ils paient pour cela, à longueur d'années, les taxes et impôts nécessaires. Ils n'ont aucune leçon à recevoir des braillards du samedi.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Le Guépard, c'était lui

     
    Sur le vif - Jeudi 28.10.21 - 08.00h
     
     
    Il Gattopardo. Derrière le chef d’œuvre de Visconti (1963), il y en a un autre : le livre de Giuseppe Tomasi di Lampedusa. Il faut voir mille fois le film. Il faut lire mille fois le livre.
     
    Le reportage d’Arte, hier soir, sur l’auteur du livre, m’a bouleversé. J’ai compris que le Guépard, c’était lui. Un siècle après son personnage, le Prince Salina, immortalisé par un Burt Lancaster saisissant d’intériorité, Giuseppe nous raconte sa propre vie, en palimpseste de celle du personnage.
     
    La Sicile. La fin d’un monde. Un débarquement, celui de Garibaldi. Dépossession. Continuité, par la rupture. Ce qui demeure, ce qui s’en va. La vie elle-même, qui doucement se dérobe, comme dans Thomas Mann, La Mort à Venise, encore et toujours Visconti.
     
    Dans le reportage d’Arte, Giuseppe semble, dès sa jeunesse, perdu pour la vie. Il ne sort pas de chez lui, vit au milieu de palais en ruines, passe son temps dans les livres. Il a quelque à dire, à raconter : ce sera l’austère noblesse de sa propre solitude. La nostalgie d’un monde perdu. La grandeur d’une souffrance intérieure. Ce sera Le Guépard.
     
    Le film d’Arte, hier soir, est le portrait d’un homme ordinaire, face à la mort. Les palais sont en déshérence, le vieux monde se meurt, la fragilité du décor demeure, le héros est seul face à l’immensité perdue de sa mémoire.
     
    C’est cela, le Guépard. Giuseppe Tomasi, Prince de Lampedusa, Duc de Palma, Baron de Montechiaro et de la Torretta, Grand d’Espagne de première classe, est mort en 1957, laissant dans une sacoche de cuir le manuscrit de son livre, dont aucun éditeur n’avait voulu. Quelques mois plus tard, le livre est publié, il fait le tour du monde, et quatre ans plus tard, c’est le film : Alain Delon, Claudia Cardinale, la scène du bal, et surtout l’inoubliable Burt Lancaster. Si le cinéma a été créé, c’est peut-être pour figer la fin d’un monde dans le regard et le visage de cet homme.
     
    Le film de Visconti, c’est une variation picturale sur le thème de deux visages : l’éclatante jeunesse de Delon, la maturité sublime et fragile de Lancaster. Mort à Venise aussi, deux visages : Tadzio, et Dirk Bogarde.
     
    Hier, j’ai compris que le Guépard, c’était Giuseppe. Un homme privé, aimable, discret. « Que fait-il de ses journées, il ne sort jamais ? ». Il contemplait en lui la fin d’un monde. Il vivait dans les livres. Il se préparait à écrire, sur le tard, juste avant le terme, l’ouvrage de sa vie. Il était un fauve magnifique, errant dans des décors perdus. Il était le Guépard, et c’est tout.
     
     
    Pascal Décaillet