Sur le vif - Lundi 25.10.21 - 18.07h
Tant que la droite parlera le langage de la gauche, allant jusqu'à reprendre mot à mot les mantras lexicologiques des Verts, "transition", "urgence climatique", "sortie du nucléaire", chaque syllabe qu'elle prononcera sonnera comme l'aveu d'une défaite, l'acceptation d'un armistice, un Rethondes de la pensée.
Car la langue, en politique, n'est pas rien. D'elle, tout procède. Le choix des mots vous identifie. Reprendre ceux de l'adversaire, c'est déjà reconnaître qu'on a perdu. Alors, plus qu'à signer le document qu'il vous aura placé sous les yeux, une griffe à gauche, une griffe à droite, ne craignez rien, notre secrétaire d'état-major vous enverra les copies. Bienvenue à Rethondes.
Il fut un temps, lointain, où la droite exerçait un magistère. Par son verbe, sa culture, son champ de références, ses écoles de pensée, elle était, dans toute sa diversité, un pilier de la Cathédrale intellectuelle où pouvaient s'élever les voix qui comptent, en politique.
C'est fini, depuis longtemps. Capitulation en Mai 68, et dans les années qui suivirent. Débandade avec le libéralisme et l'argent-roi, depuis trente ans. Copié-collé des mots de gauche, aujourd'hui ceux des Verts, demain un autre.
L'urgence première de la droite, c'est de retrouver un magistère. Pour cela, elle devra s'immerger dans l'Histoire, s'imprégner des grandes écoles d'idées, retrouver le goût d'écrire et de parler, se réinventer un style.
La guerre, plus que jamais, est culturelle. C'est la plus féroce de toutes. Parce qu'elle engage la survie des âmes.
Pascal Décaillet