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Sur le vif - Page 209

  • Les nuances de noirceur de nos folies

     
    Sur le vif - Mercredi 27.10.21 - 10.43h
     
     
    Il est de bon ton de condamner la haine. La justice est encombrée de plaintes pour "appel à la haine". Le législateur a cru bon, pour satisfaire la tiédeur du temps, de criminaliser ce sentiment. Ce mot, qui relève de la morale, s'invite dans le débat politique. Il sert de prétexte à la censure, l'étouffement des idées non-conformes. Il est devenu le passe-partout de la bonne pensée, celle qui régit l'orthodoxie de l'expression publique.
     
    Le problème, c'est que la haine existe. Tout comme l'amour, dont elle n'est que le revers. Elle existe, elle fait partie de la nature humaine. Elle est en chacun de nous, à l'état de sommeil et parfois en phase de réveil. Je veux bien qu'il existe quelques humains délivrés de ce sentiment, tant mieux pour eux, qu'ils nous inondent de leur bonté. Mais rien n'y changera : la haine habite l'humain, se révèle dans les phases de crise. N'en point parler, ou en faire le mot-valise du moralement correct, n'en altérera en rien l'existence.
     
    C'est le grand leurre de notre monde. En censurant l'expression d'un sentiment, on s'imagine qu'on va le faire disparaître. Alors qu'on le renforce, dans les tréfonds. C'est valable pour la haine. Pour le rapport à l'Autre. D'immenses courants de rejet massif, individuels ou collectifs, traversent nos sociétés. Interdire, dans la loi, l'expression de ces mouvements, c'est ranger la poussière sous le tapis.
     
    L'humain est capable d'amour. Et il est capable de haine. Il peut accepter l'autre. Mais il peut le rejeter. Notre nature est complexe, contradictoire, protéiforme, tissée d'un peu de raison, et pourtant enracinée dans l'irrationnel. J'ai, pour ma part, une lecture pessimiste de ce que nous sommes, les humains. Enfants de la terre, non du ciel ! Fils et filles de la perdition. Combattants suprêmes, dans des guerres perdues, maudites, sans retour.
     
    Si on parle d'amour - à quoi rien ne nous oblige - alors il faut accepter de parler de haine. Reconnaître sa présence. Ses causes, ses fondements. Prendre l'humain dans sa totalité. Dans toutes les nuances de noirceur de sa folie.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Facebook ? Mais c'est génial !

     
    Publié sur mon site FB - Mardi 26.10.21 - 18.05h
     
     
    Ils n'en peuvent plus ! Les médias traditionnels, journaux et RTS, n'en peuvent plus de casser du sucre sur Facebook. Voilà des années que dure ce petit jeu. Maintenant, ça suffit.
     
    Les réseaux sociaux, notamment celui-ci, sur lequel vous me lisez, sont une invention extraordinaire. Chacun d'entre nous peut s'exprimer. La traditionnelle lettre de lecteur, envoyée à un journal, courrier A, en espérant que le service ad hoc voudra bien retenir votre point de vue, c'est le Moyen-Âge ! A part les personnes âgées, victime de la fracture numérique, il faut vraiment être d'un autre monde pour en faire encore usage.
     
    Je suis un homme d'éducation très classique, en aucun cas un surexcité de la nouveauté technique. J'ai fait du latin, du grec, j'ai puissamment aimé - et aime encore - les littératures grecques et allemandes, j'aime les livres, ils ont fait ma vie.
     
    Mais désolé, Facebook (j'ai choisi ce réseau il y a une décennie, et me suis tenu à celui-là, seul), pour moi c'est génial. Je l'utilise comme Journal politique, littéraire et musical. Ou alors, comme vitrine de mon travail : mise en ligne d'émissions, annonce de grands rendez-vous télévisuels. Ou encore, l'été, pour y poster des photos de montagne, ou de mes voyages en Allemagne. J'y publie, simultanément à mon blog, les 144 épisodes de ma Série sur l’Histoire allemande, de 1522 à nos jours. C'est tout. Pas de vie privée. Pas de commentaires sous les écrits des autres. Même pas sous les miens, jamais. Globalement, j'adore ce réseau, je commence et finis ma journée avec lui, j'y fais des découvertes exceptionnelles : Histoire, littérature, musique, archives. Bref, j'y suis heureux.
     
    Bien sûr, il y a, sur ce réseau, toute une quantité d'abrutis qui abusent de la liberté d'expression pour salir, se livrer à la délation, appeler aux meutes. C'est inadmissible, assurément.
     
    Mais enfin, ces nuisibles, ils sont partout. Dans la vie. Dans les journaux. Dans la rue. Le réseau n'est qu'un miroir du monde.
     
    Quant aux médias traditionnels, avec leurs grands donneurs de leçons, sur les "fausses nouvelles" (pardonnez-moi, je parle français), "l'info vérifiée", "la nécessité du journalisme pour la démocratie", ils feraient mieux de s'interroger un peu sur eux-mêmes. Pensée unique. Rapport souvent servile au pouvoir, d'où qu'il vienne. Incapacité à se remettre en question. Doxa dominante au sein des rédactions. Peur des pairs. Surtout ne pas leur déplaire. Alors, au lieu d'écrire pour le vaste public, on s'adresse à ses semblables : le début de la fin.
     
    Facebook est imparfait, truffé d'abrutis, c'est possible. Exactement comme la vie. Elle nous heurte, elle nous déçoit, elle nous livre son lot de trahisons. D'immondes cafards nous épient. Derrière notre dos, ça jacasse, ça caquette. Pourquoi le miroir de la vie serait-il épuré des défauts de la vie elle-même ?
     
    Vous venez de me lire, ici, sur un réseau social, je vous en remercie. Je me suis exprimé, vous avez pris connaissance de mon point de vue. Vous pouvez à tout moment, vous aussi, sur votre site, votre "profil", aligner des mots. Par les chemins de la Raison, ou les traverses de la passion. Comme vous voudrez. Vous êtes libres. Écrire, ou ne pas écrire. Parler, ou vous taire. Vous réjouir, ou fulminer. Oui, ici nous sommes libres. Et ça fait un bien inimaginable.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • La mode "sociétale", soubrette du pouvoir

     
    Sur le vif - Mardi 26.10.21 - 10.35h
     
     
    Les classes dominantes auraient inventé les questions "sociétales" pour distraire le pékin moyen de ses turpitudes quotidiennes, elles ne s'y seraient pas prises autrement. Vieille alliance, qui date de Mai 68.
     
    Car il y a eu deux Mai 68. Celui des ouvriers, géré de main de maître par la CGT et le Parti communiste. Dès qu'ils ont arraché les Accords de Grenelle, ils se sont immédiatement retirés du jeu : un SMIC haussé de 35%, c'était au-delà de toutes leurs espérances. A cela s'ajoute une chose : les familles ouvrières, en France et ailleurs, surtout celles qui votaient communiste et aujourd'hui Rassemblement National, sont plutôt conservatrices dans leur structure et leurs rapports internes, et surtout totalement insensibles au blues des enfants de bourgeois, dans la rues de Saint-Germain des Prés.
     
    L'autre Mai 68, ce sont eux, les gosses de bourgeois. Lycéens, universitaires. Trotskistes. Maoïstes. Libertaires. Hitler, connaissent pas. L'Histoire, connaissent pas. De Gaulle, qui préside leur pays, connaissent pas : ils ne voient en lui qu'un vieillard, n'ont aucune idée de ce qu'il a fait pour la France, depuis trois décennies.
     
    Autant je comprends et respecte parfaitement le mouvement ouvrier, qui s'est battu pour de meilleures conditions sociales et salariales. Autant je hais - le mot est faible - l'éruption libertaire, la coupure amnésique de l'Histoire, des étudiants gueulards et incendiaires de bagnoles. Le slogan "CRS-SS !" est une honte absolue. Il sonne bien, mais l'assimilation est scélérate, immonde, dégueulasse. Personne ne le dit ? Moi si, depuis 53 ans.
     
    Nous sommes en 2021. Revoilà le même front, les mêmes alliances. Un vrai pouvoir, celui des élites mondialisées, ultra-libérales, détestant les nations, les patries, ne connaissant rien à l'Histoire. Le seul moyen, de droite ou de gauche, pour combattre cette pieuvre, c'est la ferveur républicaine. Chaque pays, selon son génie propre. Chez nous en Suisse, c'est le pouvoir aux citoyennes et citoyens, la démocratie directe, le combat pour une école forte, qui transmet des connaissances, et ne se contente par de "socialiser".
     
    Faire la guerre à la pieuvre, c'est aussi mettre en avant les VRAIS PROBLÈMES des gens, à commencer par ceux des classes moyennes : pouvoir d'achat, fiscalité confiscatoire sur le fruit du travail, primes maladie, soins dentaires, prix des médicaments, prix de l'essence et des combustibles de chauffage, etc.
     
    Tartiner les consciences, à longueur de journées, avec des questions de genre, ou de couleur de la peau, ou de relecture culpabilisante de notre Histoire, n'attaquera en rien le vrai pouvoir en place. Ce dernier est économique et financier, mondialisé. Que le pékin - et la pékine - se turlupinent les méninges avec de puissantes questions "sociétales", que le nouveau héros de la RTS soit le chercheur en sciences sociales de l'Université de Lausanne, tout cela les arrange très bien, les vrais dominants. Ca distrait la galerie. Ca conforte leur pouvoir.
     
    La très vieille alliance libéraux-libertaires, née sous Louis-Philippe. Adolescente en Mai 68. Cacochyme en 2021. Mais sonore. Et polluante.
     
     
    Pascal Décaillet