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Sur le vif - Page 205

  • Grand Conseil : le vérificateur des machines

     
    Sur le vif - Vendredi 12.11.21 - 17.28h
     
     
    La manière dont le Président du Grand Conseil vient, depuis un peu plus d'une heure, de traiter certains de ses collègues, élus du peuple comme lui, est inqualifiable. Elle ne correspond pas à nos habitudes suisses. Elle n'est pas dans les tonalités de notre politique.
     
    J'ai passé des années au Palais fédéral, comme correspondant, je suis la politique dans notre pays depuis quatre décennies, j'ai animé des milliers de débats politiques, dont une quantité dans les Pas perdus des Chambres fédérales ou de Parlements cantonaux, je n'ai jamais vu un Président de législatif arborer des airs aussi caporalesques, distribuant admonestations et avertissements à la cantonade, infantilisant ses collègues, robotisant sa lecture du règlement comme un glacial vérificateur des machines dans une usine. Cela n'est pas digne de notre démocratie suisse.
     
    Je n'aborderai pas ici le fond - savoir dans quel degré d'urgence il fallait traiter le débat sur la réforme du C.O. - mais la forme. Un groupe, le PLR, s'est senti profondément lésé par une procédure qui ne lui paraissait pas conforme. Des élus de ce groupe, éminents juristes, comme Cyril Aellen ou Murat Julian Alder, ont tenté de faire valoir leurs arguments. On leur a coupé le sifflet. On leur a éteint le micro. On les a rabroués. On les a "avertis". C'est juste si le Sautier n'a pas été chargé de les coiffer d'un bonnet d'âne.
     
    Le Président, dans toute cette affaire, a fait preuve d'un autoritarisme qui ne ressemble pas à nos coutumes parlementaires. A-t-il agi pour l'intérêt général, ou pour celui de son parti ? Je n'ai pas la réponse à cette question. Mais son comportement n'a pas été digne de sa fonction. C'est tout.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Daniel Favre : homme de radio, frère d'armes

     
    Sur le vif - Mardi 09.11.21 - 11.03h
     
     
    Il y a des flashes de 11h plus tristes que d’autres. La RSR nous apprend le décès, à 82 ans, de mon confrère Daniel Favre, qui fut une grande figure de l’information radiophonique en Suisse romande. Et auquel me lient tant de souvenirs de reportages communs, d’un bout à l’autre de cette Suisse qu’il aimait tant, et qu’il connaissait à fond, canton par canton, district par district.
     
    Daniel a été mon chef de rubrique lors de mes années au Palais fédéral, comme correspondant parlementaire, il y a trente ans. Je lui ai succédé à la tête de la rubrique Nationale en 1994, alors que mon confrère Béat Grossenbacher reprenait la Régionale. Mais surtout, Daniel n’a jamais autant donné la mesure de son instinct radiophonique que dans les innombrables directs, sur le terrain, aux quatre bouts de la Suisse. C’est là que j’ai partagé avec lui une fraternité d’armes. Avec Daniel, comme avec Frank Musy, qui a tant marqué mes premières années radiophoniques, on n’était jamais aussi heureux que lorsqu’on montait des coups, avec la complicité d’un technicien, ce personnage tellement important dans la vie d’un journaliste radio. Une idée, un coup de sang, un appel au technicien, un Stempel du chef de jour, une voiture, une valise-satellite, et hop, à l’autre bout de la Suisse ! Quelque part dans un champ. Là où vibre la vraie vie.
     
    Daniel Favre était un homme de radio. Un vrai. Avec lui, j’ai sillonné la Suisse centrale pour le 700ème, en 1991, mené une quantité impressionnante d’interviews politiques, à Berne ou dans les Cantons, couvert en direct les élections des conseillers fédéraux, fréquenté Jean-Pascal Delamuraz. Il représente une part inaltérable de mon chemin radiophonique.
     
    Aujourd’hui, la radio est en deuil. À ses proches, sa famille, j’adresse amitié et sympathie. Daniel Favre restera dans ma mémoire. Il était un artisan du micro. Un instinctif. Il parlait peu. Il savait faire, tout simplement.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • La langue italienne, les portes de l'univers

     
    Sur le vif - Lundi 08.11.21 - 15.14h
     
     
    La langue italienne doit à tout prix être valorisée en Suisse. D'abord, parce qu'elle est d'une rare beauté : la plus sonore, à mes oreilles, après l'allemand des Lieder. Mais aussi, tout simplement, parce qu'elle est l'une de nos langues nationales. Au même titre que le français, l'allemand, le romanche.
     
    L'italien, en Suisse, n'est pas - n'a pas à être - une langue étrangère. En Suisse, on parle italien ! Au même titre qu'en Suisse, on parle français, allemand, romanche. La littérature de langue italienne, la musique italienne, les opéras italiens, le cinéma italien, la poésie italienne (celle d'un Pasolini, par exemple), c'est une part de notre patrimoine ! Une part inaltérable, sublime, que nous avons en commun avec ce magnifique voisin du Sud, ce pays de tous les rêves, de toutes les histoires. L'Italie, au fond, comme l'Allemagne, c'est un peu nous.
     
    Nous, Suisses, cheminons vers la langue italienne ! Elle n'est pas simple. Elle est exigeante, rigoureuse, tonique, fière d'elle-même, orgueilleuse de ses formes verbales, de ses exceptions. Opulente de sa richesse dialectale. La langue italienne est patrimoine d'humanité. L'avoir comme l'une de nos langues nationales, par le Tessin et les vallées italophones des Grisons, est un honneur. Un fleuron de notre diversité suisse. Un blason de notre complexité, avec ses saveurs qui nous ouvrent les portes de l'univers.
     
     
    Pascal Décaillet