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Sur le vif - Page 202

  • Être utile, ou se taire

     
    Sur le vif - Lundi 29.11.21 - 16.25h
     
     
    Il y a des sujets dont tout le monde parle, et dont je ne parle jamais.
     
    Il y a des sujets dont je parle, et dont personne d'autre ne parle. Comme les grands basculements de l'Histoire allemande, entre 1770 et 1813. Ou, d'une manière plus générale, les innombrables champs très spécifiques d'Histoire allemande dans lesquels je patauge depuis plus de quarante ans. Politique, poésie, musique.
     
    Et puis, il y a les sujets dont tout le monde parle, et dont je parle aussi.
     
    Il ne s'agit ni de s'accrocher à la mode, ni à l'inverse de la fuir, par principe.
     
    Il faut connaître ses compétences profondes. Là où on fait la différence. Ses limites, aussi (les sujets sur lesquels on n'a strictement rien d'original à dire).
     
    Il faut transmettre au public ce qui peut lui rendre service. Lui apporter une valeur ajoutée. Une compétence. Un angle original.
     
    Il faut s'exprimer sur un thème. Pas pour le seul plaisir de la conversation. C'est très allemand, je sais, comme conception. Mais au fond de moi, jusqu'au fond de l'âme, je suis un Allemand !
     
    Le salon à la parisienne, où se superposent, dans l'assourdissant frottement des aigus, les stridences des coquelets, ça n'est pas ma tasse de thé.
     
    Apporter quelque chose. Proposer une différence. Déplaire, si nécessaire.
     
    Mais bavarder pour bavarder, non merci.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Soins infirmiers : des écoles, vite !

     
    Sur le vif - Dimanche 28.11.21 - 14.53h
     
     
    Eh bien maintenant, ouvrons, à Genève, des écoles de santé, de soins infirmiers et médicaux ! Des écoles genevoises ! Des écoles suisses ! Et engageons, dans nos hôpitaux, publics et privés, les diplômés qui en sortiront !
     
    Cela aurait dû se faire depuis de nombreuses années. Il n'y a plus aucune raison, aujourd'hui, pour traîner. Il appartient à nos autorités de prendre le taureau par les cornes. Au besoin, le peuple souverain leur rappellera cette urgence.
     
    Nous avons, à Genève, l'une des meilleures médecines du monde. Et paradoxalement, nous sommes sous-dotés en écoles professionnelles pour former le personnel médical ! L'impéritie, depuis longtemps, des pouvoirs publics dans ce domaine, est dévastatrice. Les historiens étudieront un jour cette léthargie des autorités, depuis le début des années 2000, alors que la carence en écoles de santé leur est régulièrement signalée.
     
    On espère que le DIP, en lien avec le monde de la santé, prendra sans tarder des initiatives à cet effet. Ces crédits-là, les citoyens les voteront ! C'est tout de même plus concret que la nébuleuse des six milliards pour la "transition écologique" ! C'est tout de même plus stimulant, plus concernant, et d'un intérêt citoyen plus élevé (donner des emplois aux résidents, en priorité, formés chez nous, avec notre savoir-faire), que de noyer les consciences dans des réformes structurelles, regroupement A, regroupement B, usine à gaz alpha, horizon de pensée bêta. En attendant, bouche ouverte, le variant omicron.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Lipatti, au milieu des étoiles

     
    Sur le vif - Samedi 27.11.21 - 09.56h
     
     
    Jesu bleibet meine Freude : quatre mots d’une Cantate (BWV 147), l’Allemagne de Luther et de Bach, les services du dimanche à la Thomaskirche de Leipzig. Et, au milieu du vingtième siècle, l’irruption de la grâce.
     
    Elle porte un nom, la grâce : Dinu Lipatti, mort à l’âge du Christ, 33 ans, en 1950. Mort deux siècles, exactement, après Bach. Mort à Genève, comme d’autres meurent à Venise. La maladie de Hodgkin.
     
    La grâce, pour toujours, portera ce nom-là, parce que dans cette Cantate, le toucher si délicat de Lipatti fait de chaque note le scintillement d’une étoile. C’est aussi simple que cela, justement parce que c’est mystérieux.
     
    Il y a la traduction de Luther. Il y a le génie de Bach. Il y a les dons exceptionnels d’un jeune Roumain, l’un des pianistes du siècle, fauché à 33 ans par la maladie.
     
    Il y a les doigts du destin, sur la partition d’encre noire, au milieu des étoiles.
     
     
    Pascal Décaillet