Sur le vif - Dimanche 15.05.22 - 15.15h
Rien de plus passionnant que l'Histoire de la Finlande. Mais quelle complexité ! Rien que la Seconde Guerre mondiale : ce pays a dû en découdre contre les Russes, qui l'ont amputé de la Carélie, puis contre les Allemands. Un peuple d'un courage exceptionnel, qui a livré bataille dans les neiges et sur des lacs glacés.
Je n'ai passé qu'une journée de ma vie en Finlande, retour du Cap Nord, entre Norvège et Suède, en Laponie, au cours d'un inoubliable voyage familial dans toute la Scandinavie, en été 1968. C'est dire si je me réjouis d'y retourner, avec famille et amis, en principe l'an prochain, pour un vrai séjour dans la durée, cette fois.
Oui, l'Histoire de la Finlande est complexe. Oui, il existe là-bas une peur des Russes, non sans raison. Oui, on peut comprendre que les Finnois envisagent le parapluie protecteur de l'Otan.
Mais le chemin de compréhension historique exige de se mettre dans la tête de tous. Celle des Finlandais, celle des Russes. Les Russes d'aujourd'hui ! Depuis trente ans, leur pays voit se rapprocher, sous couvert "d'Otan", les armées américaines. L'avance est inexorable. Sur la partie orientale de l'Allemagne, cette ex-DDR qui m'est chère à tant d'égards et où je retourne constamment. Sur la Pologne. Sur la Hongrie. Sur les Pays Baltes.
Et maintenant, la Finlande ! Si ce pays adhère, il y aura des troupes "de l'Otan" le long de toute la frontière avec la Carélie devenue russe en 40, donc avec le territoire national de la Russie. C'est un casus belli, au même titre que l'affaire ukrainienne.
Oui, il faut comprendre les Finlandais. Mais il faut aussi s'intéresser à la permanence historique de la question nationale en Russie, non depuis 1917, mais depuis Pierre le Grand, et même bien avant. L'une des constantes : jamais de frontière directe avec une grande puissance hégémonique. Il ne vous a peut-être pas échappé que les Etats-Unis d'Amérique en sont une.
Entrer dans l'Histoire, c'est embrasser toutes les visions. Celles des grands. Celles des petits. Celles des vaincus. Celles des vainqueurs. Celles des Finlandais. Celles des Russes.
Cette perspective n'est pas affaire de morale. Mais d'observation patiente, de lectures, d'accès à des témoignages. Ainsi, les chemins qui mènent à la compréhension historique. Pénibles, broussailleux. Mais il n'en est pas d'autres.
Pascal Décaillet