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Sur le vif - Page 1125

  • Les larmes d'Adonis


    Marathonien aux yeux de saphir, Rolin Wavre est un homme sympathique. Issu de l’humanitaire, comme certains météores le sont de Pluton ou d’Adonis, le secrétaire général du parti radical genevois multiplie les communiqués où il nous inonde de larmes pour regretter le temps béni où la politique se faisait entre gentlemans.

    Le temps d’avant Stauffer, avant l’UDC, avant l’émergence, des profondeurs de la fange, de cette bête immonde qui s’en vient tout perturber, tout piétiner, jusqu’à l’éblouissante clarté des Compas et des Equerres. Et pour laquelle une partie de la population, évidemment obscurantiste, frileuse, rétrograde, bernée, a la faiblesse de voter. Ah, les sottes gens, aveuglées, insensibles aux Lumières du grand vieux parti, désertées par la Raison, désespérément accrochées à l’archaïque notion de frontière. Des fauves. Des primitifs. Et puis surtout des mal élevés, qui parlent caniveau. Ne parlent pas salon.

    Si j’avais un peu de temps, j’aimerais expliquer à Rolin Wavre, devant un drink, quelque part dans l’improbable proximité d’un green, que la politique n’est pas affaire de morale, ni de pleurnicheries, mais de rapports de force. La communication aussi : sans rien renier des valeurs qui sont les siennes, le parti de Monsieur Wavre a devant lui un océan à traverser pour aller vers un langage plus clair, plus accessible, moins éthéré dans l’apesanteur d’Adonis et de ses sous-satellites. Il ne s’agit ni de hurler, ni d’être vulgaire. Simplement, fortifier le verbe au service de l’idée. Préférer l’indépendante soutenue par la justesse et la vivacité d’une image, à l’enchevêtrement rocardien – ou longetien – de principales et de subordonnées où le locuteur finit par trébucher dans ses propres fils.

    Bref, un métier. Mais je suis optimiste : dans la vie, tout s’apprend. Et ça n’est sans doute pas sans quelques millions d’années-lumière d’effort que le rocher Adonis, un soir, bien avant James Fazy, a réussi l’exploit de s’arracher à la pesanteur.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

  • L’ATE déraille

     

    J’ai le plus grand respect pour Elisabeth Chatelain, vice-présidente de l’ATE genevoise (Association Transports et Environnement), également co-présidente du comité CEVA. Mais sa lettre du 27 octobre à Patrice Plojoux, président des TPG, dont elle m’adresse copie, laisse pantois et attire au sol, d’un coup newtonien, les chaussettes les mieux fixées. Elle s’y plaint que les anti-CEVA aient le droit de faire leur pub sur les trams genevois, dans la perspective de la votation du 29 novembre.

    « Nous avons été stupéfaits d’apprendre que le principal prestataire genevois de transports publics allait mettre à disposition ses véhicules comme supports pour une propagande qui va clairement contre le développement d’un réseau de transports publics régionaux ». Sic. En d’autres termes, si c’est pour la propagande du oui, donc la théologie du Bien, vivent les trams ! Si c’est pour se faire les vecteurs du Malin, l’ignoble, la rétrograde idéologie des opposants, pas question. Belle conception de la démocratie.

    Au-delà de cet épisode, il est à regretter que le CEVA, objet de votation républicaine, donc de discussions, de remises en cause, avec des partisans et des opposants, soit en train d’acquérir le statut d’Arche sainte, inattaquable. Le dogme. C’est parce qu’il était atteint de la noire folie de s’y opposer que l’avocat Mauro Poggia, qui aurait bien aimé être député PDC, s’est vu décliner son offre par ce parti, pour le plus grand bonheur du MCG, qui l’a récupéré.

    Elle signifie quoi, l’union sacrée pour le CEVA, au-delà d’elle-même ? Réponse : les partis gouvernementaux qui se tiennent, en période électorale, par la barbichette, dans un petit jeu de coquins et de copains, où s’abriter derrière une bonne cause, bien rassembleuse, ne peut jamais faire de mal.

    Cela dit, je suis pour le CEVA. Mais il est d’autres transports, aussi, qui attirent mon adhésion : la libre circulation des idées, le droit de les remettre en cause sans se faire jeter des sorts. Ni finir sur un bûcher.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le Nobel à Obama – En quel honneur?

     

    Sur le vif - Vendredi 09.10.09 - 12.20h

     

    La nouvelle vient de tomber : Barack Obama est Prix Nobel de la Paix. J’entends déjà le chœur des louanges. Je pose simplement une question : qu’a donc accompli le président américain, en neuf mois de pouvoir, de si historique pour faire avancer la paix mondiale ? A quel grand conflit a-t-il mis fin ? L’Afghanistan ? Quel traité a-t-il signé ? Quelles minorités opprimées a-t-il épargnées de l’horreur ? Les Tamouls ?

    Peut-être M. Obama deviendra-t-il un grand président. Peut-être fera-t-il avancer, dans les trois ans et trois mois qui lui restent (ou sept ans et trois mois) la cause de la paix. Mais, désolé, à ce jour, 9 octobre 2009, rien, strictement rien ne justifie un prix qui, d'ordinaire, récompense les longs efforts de toute une vie. Celle, par exemple, de Willy Brandt.

    Alors, quoi ? Pourquoi lui ? Parce qu’il est sympathique ? Beau ? Incarne de belles idées ? Parce qu’il respire le bien, ou tout moins délivre cette impression? Surtout, pourquoi si tôt, dans un mandat sans doute prometteur, mais qui ne fait que commencer, et alors qu’aucun des théâtres d’opération militaires laissés en legs par son catastrophique prédécesseur n’a encore vu le moindre dénouement heureux.

    Non, décidément, je ne comprends pas l’attribution de ce Nobel.

     

    Pascal Décaillet