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Sur le vif - Page 1122

  • UDC genevoise : l’opaque obscurité de l’aube

     

    Sur le vif - Lundi 03.05.10 - 12.36h


    Dans ce petit cénacle d’hommes dont le protagoniste (entendez l’acteur principal), Soli Pardo, se trouve être un redoutable comédien, la tragi-comédie que vit l’UDC genevoise doit être mesurée à l’aune des masques et bergamasques dont elle se travestit elle-même. A se demander si le véritable organe de tutelle de cette section cantonale ne devrait pas être la Fondation d’art dramatique, plutôt que la garde noire de Christoph Blocher, laquelle fera mercredi, à Genève, une apparition signalée.

     

    A côté des quelques chefs de l’UDC genevoise qui ont laissé la situation parvenir aux confins de la putréfaction, le Nœud de Vipères, de Mauriac, apparaît comme un sympathique bac à sables pour tourtereaux pré-pubères. Disons qu’il y a Yves Nidegger, Soli Pardo, Eric Leyvraz, et, tapi dans une embuscade de polichinelle, Eric Stauffer. Ajoutons que le produit cartésien des détestations possibles, dans ce carré d’as, confine à l’infini. Longtemps, il fut variable, Là, certaines rancœurs semblent se polymériser.

     

    Tout cela, digne des inoubliables « Ouménés de Bonada » de Michaux, demeurerait trempé dans l’encre noire d’une anthropologie imaginaire, ou d’un exotisme de racaille, si cette sympathique amicale n’était l’aile genevoise du premier parti de Suisse, 29% aux dernières élections fédérales, au secrétariat central duquel le Sonderfall Genf commence à donner un urticaire de plus en plus grattant. Bref, la descente de mercredi pourrait bien avoir des allures de mise sous tutelle. Un deal du type : « Nous prenons le pouvoir de Berne, nous vous offrons un beau tableau d’Anker en échange, surtout ne bougez plus, nous nous occupons de tout ».

     

    D’ici là, sans doute, quelques ultimes sursauts de cannibalisme interne. Où les plus retors ne sont pas nécessairement ceux qu’on croit. Ni les plus théâtreux. Ni les plus levantins. On imagine – en poussant un peu – la virée bernoise de mercredi à l’image de certaines scènes de Visconti, sur le Tegernsee, dans les petits matins de brume où valsent les lapins. Ou alors, en hommage au protagoniste, du côté de Salo, quelques années plus tard, là où se lève le jour et tombent les régimes.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Merci Billag

    Sur le vif - Dimanche 02.05.10 - 18.36h


    Deux millions pour gommer deux mots : « idée suisse ». Petite info sortie aujourd’hui dans le SonntagsBlick, puis confirmée par la SSR. On va enlever « idée » : un million ! On va jeter « suisse » : un million ! Il avait fallu, déjà, quelques millions, à l’époque, pour ajouter ces deux mots. Là, il en faut deux pour les ôter. C’est cher, l’écriture.

    A noter que les mots « idée suisse », dans le logo, ne s’évaporeront que pour l’extérieur. A l’interne, on les gardera. Comme « ajout à la marque ». Nous voilà rassurés.

    Ainsi, après s’être appelée « La SSR », puis « SRG SSR idée suisse », l’entreprise devient « SRG SSR ». Donc, deuxième titre le moins abominable du trio, le tout premier en date ayant été le seul à peu près soluble dans l’air. Et l’autre, à rallonge, l’une des plus ahurissantes dénominations de boîte depuis l’invention du pneu crevé et des rapports épicènes, toutes choses par ailleurs cousines dans l’ordre de l’abject.

    Des logos dont l’estampille sonore aurait été conçue pas des sourds, le visuel par des aveugles, l’impact poétique par des employés d’arsenaux, la force de frappe par des buveurs de tisane.

    Tout cela, pour quelques millions. Les millions pour écrire. Les millions pour effacer. Les millions pour réfléchir. Les millions pour se reposer de l’effort cogitatif. C’est cher, phosphorer. Merci Billag.

    Pascal Décaillet

     

  • Eric Leyvraz quitte la présidence de l’UDC genevoise

     

    Sur le vif - Dimanche 02.05.10  13.30h

    À un an des élections municipales, le président de l’UDC genevoise, l’homme au légendaire nœud papillon, le très populaire Eric Leyvraz, jette l’éponge. "Je pars de la présidence de l'UDC pour le cimetière de Peissy, je garde encore une faible marge", vient de nous déclarer, avec l'humour et la courtoisie qui sont les siennes, ce gentleman de la politique genevoise. Les raisons exactes de ce départ doivent encore être établies, mais tout le monde connaît la situation très difficile dans laquelle patauge et crapahute la section genevoise du premier parti de Suisse. Revers aux élections cantonales, bisbilles internes, appétit du MCG qui veut les manger tout crus. Toutes choses ayant conduit le chef suprême, Christoph Blocher, à venir à Genève, il y a quelques semaines, pour une remontée de bretelles faisant passer le général Massu, en comparaison, pour un animateur de macramé en sandales, sur les hauteurs du Larzac.

    Ce climat de chienlit s’accompagne, depuis plusieurs semaines, de nombreux départs : le très littéraire Soli Pardo, elliptique comme un croissant lunaire, qu’on imagine mieux à la reconquête de Fiume que dans la gestion quotidienne, a quitté la présidence, justement pour laisser la place au conciliant vigneron de Satigny ; le fidèle Eric Bertinat, qui assumait avec vigilance le secrétariat général depuis le paléolithique inférieur, s’en va aussi. Et maintenant, le nouveau président lui-même, qu’on donnait à Noël comme le seul sauveur possible. Cela commence à faire beaucoup.

    En attendant, tapi dans l’ombre, le très gourmand Eric Stauffer affûte ses appétits et se pourlèche les babines. Reste à savoir, au final, s’il lui restera beaucoup à se mettre sous la dent, la proie donnant plutôt l’impression de se désintégrer toute seule, ce qui est une version classique du suicide politique, autre thème si cher à D’Annunzio, le grand prophète du déclin, sur les bords sublimes du lac de Garde.

    Pascal Décaillet