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Sur le vif - Page 1119

  • Maudet debout. Au milieu des Assis.

     

     

    Comme le milan sur la palombe, Pierre Maudet pique en vrille sur Ueli Maurer. Il lacère, décortique, désosse, et cette féérique charcuterie, salée comme cochonnaille d’automne, excite les esprits et aiguise les sens. Enfin quelqu’un qui se bat. Ca fait plaisir à voir. Et même à humer, tiens.

    Ce matin, sur l’idée ahurissante de laisser une police privée sillonner les Pâquis (ce ne sont pas ces braves agents, le problème, c’est le signal de démission de l’Etat dans la plus régalienne de ses tâches), revoilà qui ? Maudet, pardi ! Pour asséner quelques vérités qui ravissent l’oreille. Le verbe est simple, imagé, la phrase courte, percutante. Tout cela, non au service du populisme, mais de l’esprit républicain. Bref, tout ce que nombre de ses collègues de parti, englués dans l’abstrait, les excès lacrymaux et les leçons de morale, ne savent plus faire.

    Curieux, non ? Maudet, qui ne brigue nulle fonction en cet automne 2009, se démène dans tous les sens, alors que certains candidats brillent par un excès de tranquillité qui, même en cas de réélection, pourrait bien leur jouer de sérieux tours. C’est cela qui ne va pas dans ce quintet des sortants: cette impression d’immuable, d’entre-soi. De club. La sérénité des notables. Des Assis.

    Au point qu’ils ont la singulière arrogance, pour se démarquer des outsiders, de s’auto-qualifier de « partis gouvernementaux ». Comme si on était « gouvernemental », non par la volonté du peuple, mais par une sorte d’essence. Divine ? Transcendante ? Génétique ? « Moi, Monsieur, je n’ai fait que 11%. Mais, désolé, je suis gouvernemental : C’est mon être. Ma nature ».

    Cette fois encore, sans doute, ils sauveront leur place. Mais mille questions demeurent, dans ce système électoral qui favorise à l’extrême les alliances, ne laisse aucune chance à la marge, coalise et coagule, dans un pacte de permanence, les éléments les plus disparates. Ces leçons-là, un homme comme Pierre Maudet est prêt à en discuter. Et les autres ? Ils attendent la prochaine échéance ? Dans quatre ans ? Ou, peut-être, la prochaine défaite ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • Les larmes d'Adonis


    Marathonien aux yeux de saphir, Rolin Wavre est un homme sympathique. Issu de l’humanitaire, comme certains météores le sont de Pluton ou d’Adonis, le secrétaire général du parti radical genevois multiplie les communiqués où il nous inonde de larmes pour regretter le temps béni où la politique se faisait entre gentlemans.

    Le temps d’avant Stauffer, avant l’UDC, avant l’émergence, des profondeurs de la fange, de cette bête immonde qui s’en vient tout perturber, tout piétiner, jusqu’à l’éblouissante clarté des Compas et des Equerres. Et pour laquelle une partie de la population, évidemment obscurantiste, frileuse, rétrograde, bernée, a la faiblesse de voter. Ah, les sottes gens, aveuglées, insensibles aux Lumières du grand vieux parti, désertées par la Raison, désespérément accrochées à l’archaïque notion de frontière. Des fauves. Des primitifs. Et puis surtout des mal élevés, qui parlent caniveau. Ne parlent pas salon.

    Si j’avais un peu de temps, j’aimerais expliquer à Rolin Wavre, devant un drink, quelque part dans l’improbable proximité d’un green, que la politique n’est pas affaire de morale, ni de pleurnicheries, mais de rapports de force. La communication aussi : sans rien renier des valeurs qui sont les siennes, le parti de Monsieur Wavre a devant lui un océan à traverser pour aller vers un langage plus clair, plus accessible, moins éthéré dans l’apesanteur d’Adonis et de ses sous-satellites. Il ne s’agit ni de hurler, ni d’être vulgaire. Simplement, fortifier le verbe au service de l’idée. Préférer l’indépendante soutenue par la justesse et la vivacité d’une image, à l’enchevêtrement rocardien – ou longetien – de principales et de subordonnées où le locuteur finit par trébucher dans ses propres fils.

    Bref, un métier. Mais je suis optimiste : dans la vie, tout s’apprend. Et ça n’est sans doute pas sans quelques millions d’années-lumière d’effort que le rocher Adonis, un soir, bien avant James Fazy, a réussi l’exploit de s’arracher à la pesanteur.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

     

  • L’ATE déraille

     

    J’ai le plus grand respect pour Elisabeth Chatelain, vice-présidente de l’ATE genevoise (Association Transports et Environnement), également co-présidente du comité CEVA. Mais sa lettre du 27 octobre à Patrice Plojoux, président des TPG, dont elle m’adresse copie, laisse pantois et attire au sol, d’un coup newtonien, les chaussettes les mieux fixées. Elle s’y plaint que les anti-CEVA aient le droit de faire leur pub sur les trams genevois, dans la perspective de la votation du 29 novembre.

    « Nous avons été stupéfaits d’apprendre que le principal prestataire genevois de transports publics allait mettre à disposition ses véhicules comme supports pour une propagande qui va clairement contre le développement d’un réseau de transports publics régionaux ». Sic. En d’autres termes, si c’est pour la propagande du oui, donc la théologie du Bien, vivent les trams ! Si c’est pour se faire les vecteurs du Malin, l’ignoble, la rétrograde idéologie des opposants, pas question. Belle conception de la démocratie.

    Au-delà de cet épisode, il est à regretter que le CEVA, objet de votation républicaine, donc de discussions, de remises en cause, avec des partisans et des opposants, soit en train d’acquérir le statut d’Arche sainte, inattaquable. Le dogme. C’est parce qu’il était atteint de la noire folie de s’y opposer que l’avocat Mauro Poggia, qui aurait bien aimé être député PDC, s’est vu décliner son offre par ce parti, pour le plus grand bonheur du MCG, qui l’a récupéré.

    Elle signifie quoi, l’union sacrée pour le CEVA, au-delà d’elle-même ? Réponse : les partis gouvernementaux qui se tiennent, en période électorale, par la barbichette, dans un petit jeu de coquins et de copains, où s’abriter derrière une bonne cause, bien rassembleuse, ne peut jamais faire de mal.

    Cela dit, je suis pour le CEVA. Mais il est d’autres transports, aussi, qui attirent mon adhésion : la libre circulation des idées, le droit de les remettre en cause sans se faire jeter des sorts. Ni finir sur un bûcher.

     

    Pascal Décaillet