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Sur le vif - Page 1118

  • Genève : de qui se moque l’Entente ?

     

    L’insécurité. Dès la mi-août, ils n’avaient plus que ce mot à la bouche. Vous étiez en Valais, vous marchiez sur les crêtes et les moraines, vous écoutiez de temps en temps la radio : on avait l’impression que Genève n’était plus qu’un champ de ruines, livré aux gueux.

    Cette campagne, cette surenchère (sur des phénomènes qu’il ne s’agit certes pas de nier), c’est eux qui l’ont voulue, orchestrée. Eux : deux partis de l’Entente, les libéraux et les radicaux. Le PDC a été plus mesuré. L’UDC et le MCG, quant à eux, pataugeaient déjà avec aisance dans ces eaux, dont le trouble leur est naturel. Ils étaient l’original, là où d’autres ont cru bon d’être la copie.

    Ces deux partis, oui, ont donné de la voix. Ils ont construit leur campagne de cet automne sur ce thème. C’est leur droit. Mais alors, de grâce, aujourd’hui qu’ils ont triomphé, qu’ils assument ! Ces deux partis ont désormais trois magistrats, dont deux sortants. Qu’ils nous montrent le talent qui est le leur pour résoudre ce que, paraît-il, ni Gérard Ramseyer, ni Micheline Spoerri, ni Laurent Moutinot n’auront débloqué.

    Trop facile de mener campagne sur un monothème rugissant, dont on sait à quel point il caresse l’opinion publique, et, une fois la victoire obtenue, se livrer à l’exercice de la patate chaude.

    Ne pas assumer l’acte alors qu’on a galvanisé le verbe apparaîtrait, pour le moins, comme un retrait. Avec un e muet supplémentaire, on pourrait même parler de retraite. Et ce mot-là, en l’espèce, serait encore bien faible.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Véronique Pürro: un chemin, un style


    Tout le monde le sait : je ne partage pas exactement la vision du monde de Véronique Pürro. Mais voilà, il se trouve que sa campagne m’a touché. Maladroite certes parfois, peu tactique, presque perdue d’avance, mais riche de sourires, d’humanité, de rencontres. Une vraie chaleur. Au milieu des gens.

    Fichue d’avance ? Oui et non. Parce que le destin est une fleur fragile, à l’immédiate merci de l’extase ou du piétinement, c’est selon. Alors oui, disons que ce chemin-là avait le goût salé des illusions perdues, quelques zestes d’Apocalypse sur fond de socialisme qui, un peu partout en Europe, s’effondre.

    Mais ce chemin, elle l’a fait quand même. Contre l’Histoire. Contre le temps. Et ce satané manège, ces chaises musicales, huit danseurs, sept sièges. C’est ainsi, c’est la vie. C’était le jeu.

    Dans la défaite, hier soir, Véronique Pürro a montré de la dignité. Du style. Alors, ce petit billet, je le dédie à la suite de sa carrière politique. Car il y aura une suite, c’est sûr.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La Bugatti et le Pélican

     

    L'autre jour, en sa Bugatti, quelque part au Texas, roulait un joyeux Yankee. Belle pièce, rarissime, machine à deux millions de dollars. 16 cylindres, mille et un chevaux. On the road again.

     

    Soudain, patatrac : la Bugatti Veyron dévie, chancelle, s’entortille, finit dans 60 centimètres d’eau boueuse, juste le long de la lagune. Et le gros Américain, de l’eau plus haut que les genoux, reste là, tout coi, à la contempler. Devisant sans doute, par dedans son for, sur l’insignifiance des choses.

     

    Cette glissaaade, digne de Brel, pourquoi ? Le chauffeur s’en explique : « J’ai juste été distrait par le vol d’un pélican ».

     

    A la bonne heure. J’étais sur le point de juger ce bas monde comme définitivement pourri. Ici, les copains. Là, les coquins. Partout, l’argent, l’insolence. Et pourtant, quelque part au-dessus d’une lagune texane, la grâce ailée. Pour l’homme aux mille chevaux, une petite seconde d’envol. Qui certes se paye cher. Mais l’aura délivré, juste un instant, de l’insoutenable boulet de la vie qui va trop droit.

     

    Pascal Décaillet