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Sur le vif - Page 1121

  • Martine, Valence, la guillotine

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    « Qu’on mette en place la procédure ! Qu’on les poursuive ! Qu’on les taxe ! Qu’on leur fasse payer des pénalités ! Et puis, qu’on saisisse les tribunaux ! ».

    Elle en a du talent,  Martine Aubry, dans le registre injonctif, façon Fouquier-Tinville, non ? Elle est pas belle, la rhétorique, quand elle va puiser ses ferments dans la justice de classe, la haine revancharde du salaud de riche. Aux doigts crochus, pendant qu’on y est, ça en rajouterait dans la saveur de l’évocation.

    Vous savez à quoi elle me fait penser, cette succession d’impératifs saccadée, anti-ploutocrates ? Au Congrès de Valence, 23 au 25 octobre 1981. Le régime Mitterrand-Mauroy au bout de son état de grâce, les capitaux qui s’évadent de toutes parts, et Quilès, le Robespierre aux yeux de feu, qui réclame « des têtes ». Des têtes, et encore des têtes. Je venais d’avoir 23 ans. Badinter, quinze jours plus tôt, venait de faire abolir la peine de mort, ce qui était pour moi une immense nouvelle. Et, là, tout à coup, « des têtes, encore des têtes ».

    Oui, ce jour-là, nous étions quelques-uns, pourtant loin d’être hostiles à François Mitterrand (nous ne goûtions guère l'orléanisme de Giscard), à avoir un peu frémi.

    C’était Valence, octobre 1981. Vous vous souvenez, Martine ?

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

  • Laissons dormir Pol Pot, Monsieur Halpérin…

     

    Vendredi 28.08.09 - 18.55h


    Ancien bâtonnier, voix sombre et profonde, rhétorique exemplaire, homme de culture, Michel Halpérin impressionne. En donnant pas mal de son temps d’avocat de renom à la politique, l’homme a réussi – pour un temps – le bel exploit de remettre un peu de calme dans un parti dévasté par deux présidences à côté desquelles le Chaos originel fait figure d’ordre cosmique. Hommage lui en soit rendu.

    La fin de la récréation sifflée, on pourrait même imaginer les libéraux genevois sur orbite, voire en voie lactée vers le zénith, puisqu’ils offrent à la Suisse, et jusqu’aux ultimes vallées rhétiques, le spectacle de deux candidats au Conseil fédéral. Ils auraient même, paraît-il, deux candidats au Conseil d’Etat, mais l’information reste à vérifier. Bref, le bonheur. A deux doigts du pré.

    Dans un tel état d’Irénée, était-il vraiment nécessaire, Monsieur le Bâtonnier-Président-Humaniste-Rhétoricien, de nous sortir le coup de Pol Pot ? Pensez-vous vraiment que l’alliance des socialistes et des Verts, à Genève, avec le Parti du Travail de Jean-Luc Ardite et Solidarités de Pierre Vaneck, mérite référence à l’un deux ou trois pires régimes du vingtième siècle ? Ce que vous venez de faire dans un communiqué, où vous n’omettez pas, dans un souci d’exhaustivité qui vous honore, de mentionner la Chine de Mao et la Russie des Soviets.

    Cette référence, Cher Maître, ne constitue-t-elle pas, en symétrie, une exagération aussi manifeste que l’évocation de chemises brunes ou noires, des ultimes soubresauts de la République de Weimar, de Thomas Mann, Visconti ou des Damnés, chaque fois qu’on parle de l’UDC ? Que les alliances du groupe adverse commencent à faire peur dès le moment qu’elles s’étendent, cela se peut concevoir. Mais faut-il à tout prix les diaboliser ?

    Surtout, cela est révélateur d’une grande nervosité, dans vos rangs, en cette deuxième partie d’été. Evocation hypertrophiée du thème sécuritaire, quitte à faire passer Genève pour une sorte de Bronx-sur-Léman. Radicalisation d’un discours qu’on avait connu, dans votre auguste voix, plus riche de nuances. Que se passe-t-il ? Viendriez-vous, peut-être, sourdement, à couver quelque doute sur la magie triomphatrice de votre double ticket pour le Conseil d’Etat ? Auriez-vous un maillon faible ? Deux maillons ? L’ensemble du maillage donnerait-il des signes de délitement ? Rêvez-vous de ponts qui s’écroulent, de mondes qui se terminent ?

    Une campagne politique est toujours un moment d’ivresse et de magie, avec des masques qui tombent, et la vérité des fureurs. C’est bien ainsi. Mais laissons juste dormir Pol Pot. La qualité habituelle de votre discours n’a pas besoin de lui pour s’imposer.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Mais d’où sort donc ce « tribunal arbitral » ?

     

    Vendredi 21.08.09 - 17.30h

     

    La chaleur extrême du désert libyen produirait-elle des mirages ? Ainsi, cet étrange « tribunal arbitral », censé statuer, de la Terre ou de Sirius, sur les circonstances de l’arrestation d’Hannibal Kadhafi à Genève.

    Mais d’où sort donc cette hallucinante idée ? Surtout, comment le président de la Confédération suisse a-t-il pu accepter le principe d’une instance judiciaire extérieure à nos institutions, et qui leur serait de droit supérieur ? Il y aurait donc place pour des juges étrangers ?

    Dans toute cette affaire, les autorités genevoises ont pris des décisions souveraines, dont elles n’ont pas à rougir. On aurait pu, à la rigueur, les contester par la voie de la Cour suprême suisse (le Tribunal fédéral), mais où va-t-on chercher l’embryon de légitimité d’un « tribunal arbitral » ? Pire : en quoi est-ce l’affaire de la Confédération de sanctionner le pouvoir d’un canton, là où ce dernier s’exerce en légitimité ?

    Non, désolé, le recours à cette instance dont personne n’avait jamais entendu parler, et qui du reste n’existe pas, ne résiste ni à l’évidence, ni à l’examen.

    A moins qu’on n’entende instaurer un Tribunal d’Inquisition pour entraver ce qui résiste à la raison d’Etat. C’est une option. Mais au moins, qu’on veuille bien l’annoncer clairement. Mieux vaut, en politique, un cynisme assumé que la tête de l’autruche au plus profond du sable. Celui du désert, of course.

     

    Pascal Décaillet