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Sur le vif - Page 1124

  • Véronique Pürro: un chemin, un style


    Tout le monde le sait : je ne partage pas exactement la vision du monde de Véronique Pürro. Mais voilà, il se trouve que sa campagne m’a touché. Maladroite certes parfois, peu tactique, presque perdue d’avance, mais riche de sourires, d’humanité, de rencontres. Une vraie chaleur. Au milieu des gens.

    Fichue d’avance ? Oui et non. Parce que le destin est une fleur fragile, à l’immédiate merci de l’extase ou du piétinement, c’est selon. Alors oui, disons que ce chemin-là avait le goût salé des illusions perdues, quelques zestes d’Apocalypse sur fond de socialisme qui, un peu partout en Europe, s’effondre.

    Mais ce chemin, elle l’a fait quand même. Contre l’Histoire. Contre le temps. Et ce satané manège, ces chaises musicales, huit danseurs, sept sièges. C’est ainsi, c’est la vie. C’était le jeu.

    Dans la défaite, hier soir, Véronique Pürro a montré de la dignité. Du style. Alors, ce petit billet, je le dédie à la suite de sa carrière politique. Car il y aura une suite, c’est sûr.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La Bugatti et le Pélican

     

    L'autre jour, en sa Bugatti, quelque part au Texas, roulait un joyeux Yankee. Belle pièce, rarissime, machine à deux millions de dollars. 16 cylindres, mille et un chevaux. On the road again.

     

    Soudain, patatrac : la Bugatti Veyron dévie, chancelle, s’entortille, finit dans 60 centimètres d’eau boueuse, juste le long de la lagune. Et le gros Américain, de l’eau plus haut que les genoux, reste là, tout coi, à la contempler. Devisant sans doute, par dedans son for, sur l’insignifiance des choses.

     

    Cette glissaaade, digne de Brel, pourquoi ? Le chauffeur s’en explique : « J’ai juste été distrait par le vol d’un pélican ».

     

    A la bonne heure. J’étais sur le point de juger ce bas monde comme définitivement pourri. Ici, les copains. Là, les coquins. Partout, l’argent, l’insolence. Et pourtant, quelque part au-dessus d’une lagune texane, la grâce ailée. Pour l’homme aux mille chevaux, une petite seconde d’envol. Qui certes se paye cher. Mais l’aura délivré, juste un instant, de l’insoutenable boulet de la vie qui va trop droit.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Maudet debout. Au milieu des Assis.

     

     

    Comme le milan sur la palombe, Pierre Maudet pique en vrille sur Ueli Maurer. Il lacère, décortique, désosse, et cette féérique charcuterie, salée comme cochonnaille d’automne, excite les esprits et aiguise les sens. Enfin quelqu’un qui se bat. Ca fait plaisir à voir. Et même à humer, tiens.

    Ce matin, sur l’idée ahurissante de laisser une police privée sillonner les Pâquis (ce ne sont pas ces braves agents, le problème, c’est le signal de démission de l’Etat dans la plus régalienne de ses tâches), revoilà qui ? Maudet, pardi ! Pour asséner quelques vérités qui ravissent l’oreille. Le verbe est simple, imagé, la phrase courte, percutante. Tout cela, non au service du populisme, mais de l’esprit républicain. Bref, tout ce que nombre de ses collègues de parti, englués dans l’abstrait, les excès lacrymaux et les leçons de morale, ne savent plus faire.

    Curieux, non ? Maudet, qui ne brigue nulle fonction en cet automne 2009, se démène dans tous les sens, alors que certains candidats brillent par un excès de tranquillité qui, même en cas de réélection, pourrait bien leur jouer de sérieux tours. C’est cela qui ne va pas dans ce quintet des sortants: cette impression d’immuable, d’entre-soi. De club. La sérénité des notables. Des Assis.

    Au point qu’ils ont la singulière arrogance, pour se démarquer des outsiders, de s’auto-qualifier de « partis gouvernementaux ». Comme si on était « gouvernemental », non par la volonté du peuple, mais par une sorte d’essence. Divine ? Transcendante ? Génétique ? « Moi, Monsieur, je n’ai fait que 11%. Mais, désolé, je suis gouvernemental : C’est mon être. Ma nature ».

    Cette fois encore, sans doute, ils sauveront leur place. Mais mille questions demeurent, dans ce système électoral qui favorise à l’extrême les alliances, ne laisse aucune chance à la marge, coalise et coagule, dans un pacte de permanence, les éléments les plus disparates. Ces leçons-là, un homme comme Pierre Maudet est prêt à en discuter. Et les autres ? Ils attendent la prochaine échéance ? Dans quatre ans ? Ou, peut-être, la prochaine défaite ?

     

    Pascal Décaillet