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Sur le vif - Page 1114

  • Micheline Calmy-Rey et la Sainte Messe de l’humour

     

    Dans l’émission « Le Grand Oral » à paraître demain soir, Micheline Calmy-Rey confirme définitivement détester le monde de l’humour et des humoristes. Elle se dit blessée par la caricature, déteste sa marionnette, ne trouve absolument pas drôle qu’on tourne en dérision les politiques, qui font tant pour la Cité. Voilà qui est dit. Voilà qui est clair.

    Voilà surtout qui ne manque pas de franchise. Ni de courage. A reconnaître aussi crûment sa propre susceptibilité, on risque évidemment de s’en prendre doublement plein la poire dès les gazettes du lendemain. C’est le jeu.

    Au fond, il y a trois catégories : les gens comme elle, rarissimes ; quelques autres, presque aussi rares, qui ont vraiment le coffre d’encaisser, je les tiens pour ma part pour des saints, issus de quelque limbe ; le défilé, entre ces deux extrêmes, de tous ceux qui sont blessés, mais préfèrent rire jaunes, parce que l’humoriste, un peu comme le prêtre, c’est sacré. Ils ont appris ça, dans des cours de communication, faire le dos rond. Rester souriants, cools, surtout ne pas craquer : ce serait dévastateur pour l’image.

    Micheline Calmy-Rey, très simplement, reconnaît ne pas être une femme d’humour. Elle ne triche pas, ne tente pas de donner le change. Elle casse ce tabou par lequel il faudrait être en génuflexion devant l’intouchable officiant de la sacralité humoristique.

    Au fond, c’est elle qui transgresse. Mais il ne faut pas le dire trop fort. Ca manquerait d’humour.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • La Régente épicène et les Saxons déboussolés

     

    Sur le vif - Samedi 12.12.09 - 17.45h

     

    Le budget 2010 de la Ville de Genève, tout ce samedi devant le Conseil municipal : une majorité de gauche écrasante alignée couverte, refusant avec une discipline systématique et prussienne les amendements de l’Entente, dont certains sont pourtant hautement justifiés ; une ministre des Finances dans le discours de laquelle l’épicène le dispute à l’arrogance ; un PDC dont on se demande à quel camp il appartient.

    La ministre ? Sandrine Salerno. Un discours préliminaire où les « toutes et tous » (comme si le neutre « tous » n’englobait pas les deux sexes) ne se font voler la vedette que par un « sots et sottes » (si !). Un ton donneur de leçons, cassant, pour remettre à leur place les spadassins de l’Entente qui se risqueraient, les insensés, à oser des amendements. Ces Simon Brandt, ces Olivier Fiumelli, ces Adrien Genecand, qui décidément auront fait leurs premiers pas en politique, comme naguère Pierre Maudet, dans la posture frontale des minoritaires (ça forge le caractère), la Régente leur répond par des leçons de morale. C’est un peu la tonalité de cette instance, qui régit une communauté humaine de quelque 240.000 habitants avec les mêmes mots que si elle était chargée des sept millions d’âmes de la planète.

    Ils sont courageux, ces jeunes grenadiers de la cause perdue. Contre eux, ils ont non seulement une majorité, mais une sorte de prétention morale à constamment définir ce qu’est le bien. On se frotte les yeux, on pense à la loi de 1907 : on se croirait presque au temple.

    Et tiens, puisqu’on parle d’église, le PDC de la Ville, dans ce débat, étonne par son extrême ductilité. Il joue avec la boussole de la gauche et de la droite à en démagnétiser les pôles. Les Saxons, à la bataille de Leipzig (16 au 19 octobre 1813) étaient assurément plus fiables. C’est dire.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Tu montes à l’autel, chéri ?

     

    Etrange République, en vérité, qui se proclame laïque depuis 1907, mais dont le gouvernement prête serment, tous les quatre ans, dans une… cathédrale !

    On me dit qu’elle est, pour l’occasion, sécularisée. Je veux bien. Mais alors, si c’est pour extraire le sacré, comme on ôte une épine, pourquoi ne pas tenir cérémonie à Palexpo ? Ou l’Arena ? Ou l’aéroport ? Ou dans une halle polyvalente de la zone suburbaine ? Ou, si on tient à tout prix à la présence de l’Histoire, à l’Hotel-de-Ville, qui est palais républicain.

    Diable. Ces voûtes et ces lumières, le feu du vitrail, l’empreinte, jusque dans la pierre, de tant de milliers de prédications, la marque des siècles, la trace des chants et des prières, nos autorités profanes y seraient-elles, peut-être, moins insensibles que le raide et le roide de l’équerre ne le laisseraient transparaître ? Les extatiques de la matrice froide seraient-ils, au-dedans d’eux-mêmes, orphelins d’une autre matrice, brûlante comme une filiation perdue ?

    Singulière contrée, oui, où les élus de la République viennent se mettre en communauté avec les Saintes Ecritures, juste une heure, juste en passant, le temps d’un serment. Avant de rejoindre, pour quatre ans, le doux régime de Séparation. Irait-on à l’autel comme irait aux filles ?

    Juste une dernière fois. Avant le sacerdoce républicain.

     

    Pascal Décaillet