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Commentaires GHI - Page 163

  • Jacques Friedli, salutaire emmerdeur !

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 10.10.18

     

    Un jeune homme de 24 ans, franc, loyal, clair et sympathique. Un monolithe de courage, seul contre un appareil. Tel est Jacques Friedli, ancien Conseiller municipal de Bernex, qui a osé, ce samedi 6 octobre, présenter une candidature de combat, au Congrès des socialistes, pour la présidence du parti. Il n’a pas été élu, mais face au vainqueur, Gérard Deshusses, il a réussi l’exploit – il n’y a pas d’autre mot – d’arracher un tiers des voix ! C’est considérable, époustouflant même, pour un candidat de dernière minute, ne disposant pas de la puissance ancestrale des réseaux qui traversent le parti. Avec un tel résultat, les socialistes, s’ils sont intelligents, seront obligés d’entrer en matière sur l’implacable papier de position publié cinq jours avant le Congrès, le lundi 1er octobre, par l’enfant terrible.

     

    Le parti socialiste, à Genève, ne se porte pas si mal, et la présidente sortante, Carole-Anne Kast, affiche un bon bilan, avec notamment la reconquête, par Thierry Apothéloz, du deuxième siège au Conseil d’Etat. Mais ce parti, comme tant d’autres, est traversé par des courants qui se combattent, dominé par quelques caciques, qui se partagent postes et prébendes. Cela, Friedli le dit, dans son papier du 1er octobre : « Un parti dont la machine est dirigée par un petit groupe de personnes qui gardent jalousement le pouvoir… Les changements au Comité directeur et à la présidence ressemblent davantage à un jeu de chaises musicales qu’à une élection démocratique ». Le soir même de ce lundi 1er octobre, sur le plateau de Genève à Chaud, le jeune homme dressait un réquisitoire sans appel contre le cumul des mandats, l’oligarchie dans le partage des postes. Bref, de quoi se faire des amis ! De quoi se faire littéralement flinguer par les apparatchiks, le jour du Congrès.

     

    Eh bien, il n’en fut rien. Au Congrès, Jacques Friedli a pu s’exprimer. Et il a cartonné (pour un outsider !) au moment du vote. La grande chance du parti, face à cette fronde, est que le vainqueur du jour, Gérard Deshusses, est un homme d’expérience et de sagesse. Il n’a pas polémiqué. Mieux : dimanche soir au Grand Genève à Chaud, en compagnie de sa nouvelle première vice-présidente, Caroline Marti, il a eu des mots bienveillants pour son concurrent. Laissant entendre qu’on avait besoin de lui pour enrichir la dialectique interne du parti. Tactique ou spontanée, cette réaction était la plus intelligente à afficher, et laisse augurer, pour les deux ans qui viennent, une présidence de qualité. En attendant, avec Jacques Friedli, un tempérament politique est né à Genève : la fougue de la jeunesse, le courage de dire les choses, celui d’affronter seul un enchevêtrement de caciques se tenant par la barbichette. Il nous faut, à Genève, toutes options politiques confondues, davantage de Jacques Friedli : la démocratie a parfois besoin de salutaires emmerdeurs pour survivre.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Serge et le vent

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 03.10.18

     

    Serge Dal Busco, nouveau ministre des Transports à Genève (après avoir géré les Finances, lors de son premier mandat), multiplie les gages donnés à la gauche. Il jure de plus en plus par la « mobilité douce », notamment en milieu urbain. Du côté des partisans de cette dernière, on s’en félicite. Du côté des amis du transport motorisé privé, voitures, motos et scooters, on commence à grincer des dents.

     

    Où le nouveau ministre, qui vient de la droite bien sentie, libérale d’inspiration, veut-il en venir ? A-t-il une stratégie cachée ? Une chose est sûre : la conversion de Serge Dal Busco aux thèses des Verts ou de l’ATE (Association Transports et Environnement), voire de Pro Vélo, ne faisait pas partie du scénario prévu dans la campagne électorale du printemps 2018. Et peut, légitimement, décevoir une partie non négligeable de la population, pour laquelle circuler en voiture en ville ne constitue pas encore, a priori, une atteinte à la sécurité de l’Etat.

     

    On comprend bien que le nouveau magistrat de tutelle des Transports ait voulu rompre avec la stratégie de son prédécesseur, parfois modérément lisible, faite d’effets d’annonce, voire d’actes de foi (traversée du lac). Mais de là à laisser tomber une partie de son électorat naturel, c’est un pari très risqué. Et une posture qui peut laisser poindre le sentiment qu’on s’en va quérir, sur le bout humecté du doigt, la direction du vent. En politique, rien ne se gagne, jamais, à jouer contre son camp.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Vernier : Ana Roch ou Martin Staub ?

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 03.10.18

     

    Rien de plus magique qu’une élection complémentaire, avec deux candidats. Parce que dans le duo, se cisèlent et se détourent avec précision et clarté les profils des antagonistes. Pas de salades, pas de cuisine politicarde : on vote pour l’un ou pour l’autre, il faut trancher, et puis basta ! Cette saveur de second tour d’une présidentielle française, les habitants de Vernier vont pouvoir la goûter tout à loisir, d’ici au dimanche 14 octobre, date de l’élection du successeur de Thierry Apothéloz à l’exécutif de la Ville. Avec, je l’affirme tout net, deux candidats de valeur : Ana Roch, présidente du MCG, et Martin Staub, avocat, chargé de conserver le siège socialiste du sortant. J’ai eu l’occasion, en direct dans le Grand Genève à Chaud du dimanche 30 septembre, à 19h, de les réunir pour un débat : ce fut un échange entre deux personnes de qualité.

     

    Succéder à Thierry Apothéloz, devenu conseiller d’Etat, n’est pas chose facile. En quinze ans au sein de la Mairie, l’infatigable militant socialiste a laissé dans la Commune une trace, un sillon qui feront nécessairement référence, ce qui est d’ailleurs un piège pour M. Staub : il n’est jamais très excitant d’empoigner une campagne en se disant qu’on incarne la continuité. Le discours sur la rupture, lui, est plus facile. D’autant que les deux champions du 14 octobre proviennent, justement, des deux partis qui incarnent le plus, à Vernier, la volonté de proximité sociale : avec 14 conseillers municipaux (sur 37) pour les socialistes, et 11 pour le MCG, nous avons, dans cette complémentaire, un choc frontal entre les deux formations les plus importantes, de loin, de Vernier. Avec cette priorité à l’action sociale, dans une commune qui en a sacrément besoin (le taux de chômage est le plus élevé du canton), les deux candidats chassent sur les mêmes terres, sur la même « part de marché » : la compétition n’en est que plus vive. Nul ne peut en prévoir le vainqueur.

     

    Avec ses 35'000 habitants, Vernier est la cinquième ville de Suisse romande (derrière Genève, Lausanne, La Chaux-de-Fonds et Fribourg), et bien sûr la deuxième du canton. C’est une commune passionnante, très décentralisée (Lignon, Châtelaine, Libellules, Avanchets, Vernier Village), et politiquement un véritable laboratoire pour le canton. C’est pourquoi les états-majors, le 14 octobre, auront les yeux rivés sur l’évolution des fronts à Vernier. D’autant que cette complémentaire pourrait bien être la dernière, sauf accident, dans une grande commune, avant les municipales du printemps 2020.

     

    Aux Verniolanes et Verniolans, donc, sous les yeux du reste de Genève, de faire leur choix entre deux députés, l’une cheffe d’entreprise, présidente de club de foot (FC Avanchets), très ancrée dans la vie associative, l’autre avocat, ancien président du Conseil municipal, également immergé dans la vie communale. Chez ces deux candidats, pas d’esbroufe. Des deux côtés, la compétence est au rendez-vous. Reste à entrevoir le petit rien qui fera la différence. La politique, c’est aussi cette magie de l’imprévisible, cruelle et frivole, qui fait son charme.

     

    Pascal Décaillet