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Commentaires GHI - Page 159

  • Mes voeux pour Genève en 2019

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 26.12.18

     

    Je suis né à Genève il y a six décennies, j’y ai passé (à part mes années bernoises, au Palais fédéral) l’essentiel de ma vie. C’est la seule ville au monde, avec peut-être Rome, où je me sens totalement bien. Chez moi, au milieu du monde qui défile. Depuis un quart de siècle, à la belle saison, je fais toujours exactement la même promenade, dans les lieux de mon enfance, entre le quartier de Sécheron, les parcs au bord du lac, le Jardin Botanique, le Château de Penthes, le quartier international. Environ quatre kilomètres, au milieu d’arbres sublimes, et des espèces végétales magnifiquement entretenues, à travers les âges, par nos grands botanistes. La serre tropicale, tiède et humide, riche des variétés lointaines de la planète, Cathédrale de vie et de méditation.

     

    Bref, comme beaucoup d’entre vous, j’aime Genève. D’une passion à la fois sensuelle et spirituelle. Et je souhaite son bien. Alors, pour la nouvelle Année, voici un ou deux vœux. D’abord, il importe à tout prix que ce bout de lac, où resurgit le Rhône, demeure un lieu de curiosité, de connaissance et de culture. Nous avons, dans ces domaines, à Genève, une exceptionnelle vitalité. Musique, art choral, théâtre, danse, cinéma, arts visuels, musées : il y en a pour tous les goûts. Comment gérer une telle richesse humaine ? Comment rendre accessible à tous, et non à une seule élite, les trésors de notre vie culturelle ? Au-delà, comment promouvoir, avec une passion sans cesse renouvelée, les chemins de la connaissance ? Puisse l’Ecole genevoise se souvenir que sa mission première est cognitive : transmettre, éveiller les enthousiasmes, passer les flambeaux. Quoi de plus bouleversant que ce lien entre les générations, celui dont parle si bien Péguy, dans les Cahiers de la Quinzaine ?

     

    Genève est un lieu de paradoxes. Un esprit peu attentif pourrait n’y voir qu’une ville de dimension provinciale, à l’instar de grosses bourgades françaises, aussi peuplées que Genève, sans la chance d’avoir son rayonnement. Mais dans l’échelle des valeurs, où est la capitale, où est la province ? Qui définit l’essentiel ? La taille urbaine a-t-elle, au fond, le moindre privilège, si c’est, dans l’absolu, pour aboutir à d’anonymes mégalopoles, où suinte l’ennui ? Et l’habitant d’une ville moyenne doit-il à tout prix rêver de la grande capitale lointaine, avec son métro, ses heures de déplacement, ces trajets qui éreintent, ces visages éteints, désertés par le sourire ?

     

    Au début, j’ai parlé de Rome. Je pense si souvent au grand poète Joachim Du Bellay (1522-1560), et à ce sublime sonnet, dans les Regrets, « Heureux qui comme Ulysse », où il s’ennuie, dans la Ville éternelle, de son Petit Liré, en Anjou. Face au monde, Genève sera toujours pour moi le Petit Liré. Nous devons nous battre, ce sera là mon dernier vœu, pour que la qualité de la vie y demeure précieuse, à taille humaine, dans la contemplation du lac, du Salève, du Jura, des Voirons, du Mont-Blanc et puis celle du Môle. Ce sont nos repères, nous y tenons. Ils sont le périmètre de notre bonheur.  A tous, je souhaite une excellente Année 2019 !

     

    Pascal Décaillet

     

  • Le Ying et le Yang

     

    Commentaire publié dans GHI - 19.12.18

     

    Ce vendredi 14 décembre, le Grand Conseil genevois a fait très fort. Dans son immense sagesse, il a accepté deux projets de loi, sur l’avenir de la CPEG (Caisse de pension des employés de l’Etat de Genève), parfaitement contradictoires ! Il a dit noir et il a dit blanc, il a dit une chose et son contraire, il a dit oui au Ying, a dit oui au Yang.

     

    Nos députés ont, à la fois, accepté le projet de la gauche et du MCG, qui conserve, pour les rentiers, la primauté des prestations, et celui du Conseil d’Etat qui, avec la droite, introduit la primauté des cotisations. Pour ne prendre que l’une des différences majeures qui font de ces deux projets de loi des éléments antagonistes, inconciliables.

     

    Comment les élus en sont-ils arrivés là ? Quel rôle a joué l’abstention des Verts, sur le projet du Conseil d’Etat ? Surtout, comment le Canton va-t-il trouver une issue à cet imbroglio, sans faire perdre la face à l’une des parties ?

     

    Cette gesticulation parlementaire donne, de la part de la démocratie représentative genevoise, un signal d’impuissance. Si les autorités, récemment élues pour cinq ans, ne sont pas capables de trouver une solution, en début de législature, à une question aussi majeure que celle des retraites des fonctionnaires, alors il faudra que Genève songe à étendre et approfondir ses mécanismes de démocratie directe. De façon à donner au peuple la voix prépondérante. Pas seulement pour réagir à ce qu’on lui propose (référendums). Mais pour inventer par lui-même (initiatives) la possibilité du salut.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La politique doit être claire et lisible !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 19.12.18

     

    La politique, c’est l’art de gérer la Cité. La démocratie, c’est le pouvoir au peuple. La capacité, pour ce dernier, d’actionner les leviers de décision. La démocratie représentative, c’est le peuple qui délègue sa confiance à des élus, dans des Parlements par exemple. La démocratie directe, c’est le suffrage universel qui prend directement des décisions. Soit par référendum (en opposition à une loi votée par un Parlement). Soit, beaucoup mieux, par voie d’initiative : un comité de citoyens lance une idée forte pour modifier la Constitution, il récolte des signatures, et un jour le peuple vote. En Suisse, nous avons un mélange de démocratie représentative (puisque nous élisons des gens) et de démocratie directe. La dialectique, souvent antagoniste, entre ces deux systèmes, étincelante comme le choc de deux silex, est passionnante.

     

    Dans un pays comme la Suisse, où la démocratie directe est si présente, dans les trois échelons de notre vie politique (Commune, Canton, Confédération), il absolument nécessaire que les enjeux soient clairs. La politique est certes une chose complexe. Mais cela ne doit en aucun cas nous empêcher d’en présenter les thèmes de façon claire, lisible, compréhensible par tous. Lorsqu’un sujet est proposé au suffrage universel, il doit être immédiatement perceptible par l’ensemble de la population. Les mots doivent être simples, le jargon juridique doit être impérativement expurgé : la Suisse n’est pas une immense Faculté de droit, elle est une nation citoyenne, où tout le monde doit pouvoir comprendre, d’un coup, les tenants et les aboutissants d’une votation.

     

    En termes de clarté, la démocratie directe est supérieure à la démocratie représentative. Les initiatives, voulues au départ par un petit nombre, puis proposées au suffrage universel, ont, la plupart du temps, des titres clairs et percutants. On les aime ou on les déteste, on les soutient ou on les combat, mais enfin on les comprend ! Je n’en dirai pas autant des puissants compromis parlementaires, ces fameux « paquets » où les élus législatifs, dans un pur esprit de maquignonnage où tout le monde se tient par la barbichette, nous concoctent des mélanges de sens, totalement incompréhensibles par le grand public. Exemple 1 : le paquet fédéral où on mêle le destin de l’imposition des entreprises à celui de l’AVS. Exemple 2 : le paquet du Conseil d’Etat genevois où on mêle la même imposition aux subsides versés aux gens pour payer leurs primes d’assurance maladie. Dans les deux cas, nous avons affaire à des confusions scélérates quant au fond, et illisibles quant à la forme.

     

    La politique doit être claire. Si le monde parlementaire, en Suisse, n’est plus capable d’accoucher d’autre chose que d’obscures équations, alors il devra céder la place à une extension des droits populaires. Un système lisible, audible, loyal sur les enjeux. Un système pour le peuple et par le peuple. Et non au service des corps intermédiaires.

     

    Pascal Décaillet